Étudiantes en première année du Master Expo-Muséographie, nous avons eul'opportunité de mener des « audits de montée en qualité » pour 5 structures du réseau Proscitec.

Le réseau Proscitec réunit, accompagne et assure la promotion d'une cinquantaine d'acteurs régionaux en patrimoine industriel et mémoire des métiers sur le territoire Nord-Pas de Calais. Parmi eux, on compte par exemple le Musée de Plein Air de Villeneuve d'Ascq, le Centre Historique Minier de Lewarde, ou encore la Cité Internationale de la Dentelle et de la Mode à Calais.

Dans un soucis d'accueillir au mieux les visiteurs des sites adhérents au réseau, l'association Proscitec a fait appel au master Expo-Muséographie de l'Université d'Artois pour se prêter au jeu de l'audit dans 5 structures volontaires : Le Musée portuaire de la ville de Dunkerque, l'Ecomusée de l'Avesnois, le Musée de la radio de Boeschepe, le Centre de mémoire de la verrerie d'en haut à Aniche et le Musée de la faïence et de la poterie à Ferrière-la-Petite.

 

Qu'est-ce qu'un « audit de montée en qualité » ?

Précisons d'abord que nous écartons l'acception négative du terme «audit» parfois associée à une restructuration ou au licenciement; nous privilégions le sens d'un accompagnement des structures. La démarche de l'audit consiste à apporter un regard extérieur sur chacune des structures afin de conforter des pistes déjà abordées ou de relever des points à améliorer.

Ce regard extérieur permet de pointer des éléments, voire des détails que les membres des structures ne voient plus au quotidien. L'enjeu de l'audit de montée en qualité est de proposer des pistes d'amélioration qui puissent correspondre au maximum aux envies et aux possibilités de chacune de ces structures. Il existe mille façons de raconter une histoire à partir d'une même collection ; ainsi, chaque musée se verra proposer des pistes de réflexions et des propositions qu'il sera libre de suivre ou non.

 

Comment réaliser un audit de montée en qualité ?


Une signalétique parfois bancale Crédits : P.W.

 

D'un point de vue purement méthodologique, voici la manière dont nous avons procédé : tout d'abord, chaque musée audité a été diagnostiqué avec attention. Il est important de connaître le contexte (territorial, historique) et le contenu d'une structure avant de pouvoir mener une analyse. Pour cela, nous avons visité une première fois la structure auditée, nous avons suivi une visite – guidée dans la mesure du possible –, nous avons visité les environs et nous sommes parties à la recherche d'informations pratiques (site internet, panneaux dans l'agglomération, offices de tourisme,...). Après avoir pris connaissance de l'objet de notre étude, nous nous sommes lancées dans la phase de l'auditqui consiste à répondre à une grille de 335 questions.

Une seconde visite a alors été programmée et nous sommes parties à la rencontre des acteurs de ces musées (responsables des structures, bénévoles, agents d'accueil, médiateurs,...). Les questions de cette grille sont regroupées en 11 parties : « avant la visite » ,« outils de communication », « extérieur » ,« entrée dans le musée », « le personnel »,« les collections et leur valorisation », « les visiteurs », « l'offre », « les services », « la sortie », et enfin « le réseau PROSCITEC ». La précision de certaines questions peut aller jusqu'à nécessiter la prise de mesures d'une porte afin de vérifier l'accessibilité des espaces par exemple. La prise de photographies sur place est très importante car souvent, une photographie vaut mieux qu'un long discours pour évoquer des aspects relatifs à la muséographie ou à la signalétique. 

 

A quoi cela peut-il servir ?

A partir des réponses fournies par la grille, nous établissons des constats qui nous permettent ensuite de proposer des « préconisations ». L'audit permet de mettre en avant certains détails qui, mis bout à bout, constituent un ensemble ayant beaucoup d'influence sur le confort de visite. Comme un cartel mal placé, peu lisible, des collections peu valorisées lorsque certains objets sont cachés par d'autres, une signalétique incohérente, ... Tant d'éléments qui nécessitent parfois un regard extérieur pour en prendre conscience. 


Des expôts en cachent d'autres Crédits : A.H.

 

Ces constats donnent lieu à des préconisations proposant par exemple de réaliser un guide de visite, de revoir la muséographie d'une pièce, de reformuler des informations sur des outils de communication, de traduire la signalétique en langue étrangère ou de développer une médiation existante.

A partir de certaines préconisations comme « déplacer un cartel », les structures peuvent agir rapidement tandis que d'autres nécessitent plus de temps pour pouvoir être mises en œuvre. A ce sujet, certaines des structures auditées sont actuellement en pleine refonte de leur muséographie : une bonne occasion de mettre en application les recommandations soulevées par l'audit qui est un moyen efficace d'apporter un regard neuf ou de conforter des intuitions.

 

L'intérêt du réseau ?


Intervention des MEM au colloque
Crédits : B. P.

 

L'utilisation de ce même outil qu'est l'audit dans 5 structures différentes a été possible grâce à la mise en réseau. Un des nombreux avantages qu'ont ces structures à s'inscrire dans un réseau est l'utilisation d'outils communs tels que l'audit et l'apport de savoir-faire des différents membres qui sont accompagnés par Proscitec. Cet intérêt, nous avons eu la chance de pouvoir en témoigner lors du colloque organisé par le MEM  « Une muséologie alternative? Nouveaux réseaux pour un développement durable des musées de territoire » tenu au HopMuseum de Poperinge les 21 et 22 mars dernier.

A cette occasion, nous tenons à remercier chaleureusement Monsieur Michel Taeckens du réseau Proscitec pour nous avoir fait confiance et nous avoir permis de réaliser cette expérience professionnalisante, le personnel composant les cinq structures auditées, le Musée du Houblon-HopMuseum pour la qualité de son accueil durant cette rencontre, Célia Fleury qui a contribué à mettre en place cette journée et nous a accompagnées dans la phase de diagnostic, et Serge Chaumier, notre responsable de formation grâce à qui nous avons pu saisir cette opportunité.

 

Anne Hauguel

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