C’est grâce au plongeur Henri Cosquer que l’entrée d’une des plus mystérieuses grottes sous-marines au monde fut découverte au cœur du parc national des calanques.

C’est en septembre 1985 qu’il franchit un étroit passage de 116m. Mais c’est qu’à partir de 1991 qu’il s’aperçut, muni d’une lampe de plongée, de la présence des animaux préhistoriques dessinés dans cette grotte plongée dans le noir !

Plonger au sein de la Villa Cosquer Méditerranée

C’est en tant que visiteuse de la Villa Cosquer Méditerranée que j’ai découvert son exploit. À l’intérieur se trouve un club de plongée restitué : masque, sac de plongée, lampe, photographies, boussole, carte, montre, bouteilles d’oxygène, tenues de plongée, masques, tubas, gilets de sauvetage…

 

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Restitution d’un club de plongée, © Héloïse Putaud

Audioguide en main, tels des explorateurs nous sommes alors dans un ascenseur, simulant un caisson de plongée pour rejoindre la base sous-marine, qui descend à 37 mètres sous l’eau. La descente dure à peine deux minutes… Cependant, on est passé dans un monde à part ! On a vu à travers les hublots la mer nous envahir. Ecrans et ambiance sonore nous indique que nous avons atteint une station sous-marine.

Nous arrivons alors au quai d’embarquement au sein des modules d’exploration qui s’apparentent à des sièges de manèges dans des châteaux hantés. C’est parti pour 35 minutes d’exploration. Nous sommes alors sous le charme d’une magnifique restitution entièrement modélisée à partir de plans en 3D et ornée par des artistes experts. Des jeux de lumières nous indiquent les endroits où regarder. Ne rêvons pas, aucun ascenseur ne sera creusé pour atteindre la vraie grotte, notre présence humaine participerait à sa destruction. L’expérience immersive n’en vaut pas moins le détour. Plongées dans le noir, nous découvrions le bestiaire représenté sur les parois qui fait de Cosquer une grotte ornée unique : bisons, chevaux, bouquetins, bovidés, cerfs, bisons, antilopes, pingouins, poissons, phoques, félins, ours témoignent d’un épisode glaciaire en Provence il y a 30 000 ans et de la faune de la Provence. Empreintes de mains, gravures, silex sont autant de preuves que des groupes d’Homo sapiens ont fréquenté cette cavité. Dans la reconstitution, seules 11 espèces ont été dessinées et gravées.

A la fin de notre visite, nous pouvons assister grâce à des écrans aux travaux des artistes copistes, mais aussi à un petit film de 10 minutes de la découverte d’Henri Cosquer au sein d’un amphithéâtre. Puis un immense rétro planning avec des cartographies, des schémas géologiques, des plans, la pigmentation de la grotte, etc. Enfin, nous avons la possibilité de voir la Galerie de la Méditerranée.

 

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Présentation du travail des copistes, © Héloïse Putaud

Mais avant de l’atteindre, nous devons traverser une petite reconstitution de la Grotte de l’os. La galerie montre des animaux de l’époque. Certains ont disparu, tandis que d’autres ont migré plus au nord de l’Europe. Nous avons donc croisé sur notre chemin des reproductions grandeur nature d’espèces animales composant la faune sauvage des calanques à l’ère glaciaire ainsi que des projections numériques et audiovisuelles sur l’histoire, la montée des eaux et le climat.

 

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La grotte de l’os, © Héloïse Putaud

Nous découvrons mégacéros, espèce disparue. Il est génétiquement proche du daim et du cerf. La bosse sur son dos permet de le reconnaitre sur les représentations. Sur les cartels sont dessinés les éléments présents dans la grotte. Ainsi le lien est fait entre le dessin et la représentation grandeur nature.

 

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Le mégacéros et non le mégaféroce, © Héloïse Putaud

Plus étonnants encore, des instruments de musique étaient disposés ici. La conque marine Charonia lampas est un instrument à vent. Celui présenté date d’il y a 18 000 ans et a été découvert en Haute Garonne.

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Instrument à vent, © Héloïse Putaud

L’humain, responsable du réchauffement climatique

Des explications sur les conséquences et les causes de la montée des eaux dans la grotte sont données. Dans les cent prochaines années, le niveau moyen de la mer sera de près de 80 cm (hypothèse), les œuvres seront noyées et dégradées. A qui la faute ? Aux activités humaines. L’air se réchauffe et la fonte des glaciers continue. Que faire ? L’exposition explique comment empêcher cette montée des eaux, grâce à des digues en surélevant les habitations ou en les déplaçant. Il faudrait lutter contre le réchauffement climatique mais surtout changer sa façon d’agir, réduire son impact environnemental et respecter les équilibres naturels. Même si ces propos sont justes, les visiteurs sont beaucoup plus attirés par le spectacle que donnent les représentations des animaux. De plus, ces propos sont si peu culpabilisants, que peu de visiteurs se sentent réellement concernés. Même si le propos de l’exposition est de nous faire découvrir un trésor de l’humanité, il faudrait donner des clés aux visiteurs qui voudraient agir et devenir acteurs du changement.

Une condamnation imminente, un sauvetage virtuel

C’est en 2016 que Christian Estrosi et Renaud Muselier décident de faire de la Villa Méditerranée l’écrin de la réplique et de la conservation de la Grotte Cosquer.

Comme, la grotte Cosquer est condamnée puisque l’eau monte d’environ 3 mm par an, la seule manière de la sauver, c’est un sauvetage virtuel. Plusieurs étapes ont permis de représenter fidèlement la grotte : d’abord, numérisation de la cavité, modélisation, impression 3D, projection des images. Ces phases de travail ont permis d’aider les artistes (géologues, ingénieux, techniciens) pour la reproduction. Les matériaux comme les ocres ou le charbon ainsi que les techniques de l’époque – dessin, gravure, estompe – ont été repris avec rigueur. Une difficulté réside dans le fait que les artisans ne pouvaient pas voir de leurs propres yeux la grotte. Ils ont dû collaborer étroitement avec les experts chargés de scanner l’ensemble des parties immergées de la grotte.

Gageons que le numérique garde trace de ces patrimoines vouées à être engloutis.

 

Héloïse Putaud

 

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