Samedi 4 Mars. Jour de pluie. Nous avons choisi de visiter le Musée d’Histoire Naturelle de Lille. Lieu étrange baigné dans une atmosphère emprunte de nostalgie, sa visite fait naître chez nous bien des discussions.

© A. Erard et O. Caby

Océane [replie son parapluie et s’exclame] : Quel endroit sombre !

Anna [cherchant l’accueil du regard] : Alors, où se trouve l’accueil ?

Océane : Viens voir ! Cette vitrine est utilisée comme boutique ! Il y a deux livres et quelques cartes postales.

Anna : Ah oui … il n’y a pas grand-chose ! Bon, quel est le sens de visite ?

Océane : Il n’y a pas vraiment de sens de visite, on peut suivre l’ordre chronologique ? Je veux commencer par voir les dinosaures.

Anna : Ils sont imposants, tu crois qu’ils sont à l’échelle des dinosaures de l’époque ? C’est assez bien fait…

Océane : C’est dommage qu’ils soient mal éclairés.

Anna : Oui, mais ils sont représentés dans leur environnement, à l’époque carbonifère, ils ne se sont pas contentés de les poser juste là.

Océane : C’est vrai, il y a même une maquette montrant l’état des sols de cette période mais elle n’est pas très claire.

Anna [se dirigeant vers l’escalier] : Regarde ! Des fossiles, ils sont bien cachés, et ce n’est pas très lumineux. Cet espace n’est pas attrayant, nous sommes les seuls visiteurs à cet endroit-là.

Océane : Il y a quand même un jeu à côté des arbres carbonifères, il permet aux enfants de reconnaître des empreintes d’animaux et des fossiles de plantes. Tu vois le principe du jeu : Les faisceaux lumineux éclairent les animaux du décor, et l’enfant doit les associer avec les fossiles. C’est une sorte de QCM en trois dimensions.

Anna [montant les escaliers] : C’est incroyable, j’ai l’impression d’avoir fait un saut dans le temps, on se croirait dans un cabinet de curiosité du 18ème siècle !

Océane : Oui, avec cette accumulation d’objets on croirait vraiment avoir changé d’époque ! 

 

Anna : Encore des fossiles ! Les équipes du musée ont choisi de nous donner les explications de deux façons :  des cartels ou bien des panneaux au mur. 

© A. Erard et O. Caby

 

Océane : Oui, il y a des cartels qui sont récents et d’autres, ces petits-là [montrant des écriteaux jaunis autour d’une vitrine] sont clairement d’un autre âge.

Anna : Comme les fossiles !!

Océane : Le langage utilisé est complexe et je ne suis pas certaine que ces cartels apportent réellement des éléments de compréhension au visiteur.

Anna : D’autant plus que certains cartels sont déchirés, décollés, et d’autres ne sont associés à aucun contenu. Regarde ce cartel par exemple, il indique un jeu qui consiste à ouvrir des tiroirs pour découvrir des informations mais il n’est même pas possible de les ouvrir.  Ce jeu nécessite vraiment une mise à jour… comme beaucoup d’autres éléments. Autrement, les informations sont intéressantes pour tous ceux qui veulent acquérir plus de connaissances scientifiques.

Océane : Le regard est attiré au premier abord vers le contenu des vitrines plus que vers les cartels explicatifs. Souvent, le visiteur ne les lit que lorsqu’il veut véritablement en apprendre plus sur les éléments exposés parce qu’ils l’intriguent.

Anna [continuant la visite] : Des aquariums ! Étonnant de tomber sur des poissons vivants juste après être passés devant des fossiles.

Océane : Ils illustrent le passage de la vie dans la mer à la vie sur terre. Les poissons sont les premières espèces à avoir évolué mais il existe encore des poissons préhistoriques dans les océans. 

Anna : Je suppose que nous ne devrions pas être surprises de voir ces crânes conservés en vitrines, puisque nous nous trouvons à un mètre d’un squelette de baleine suspendu au-dessus de nos têtes …

Océane : Regarde : une des vitrines présente des crânes humains, c’est une reproduction de ce qui se faisait au XIXe siècle, à l’époque des théories raciales. Sur le cartel il est écrit : “Cette vitrine, ancienne (XIXème s), est conservée au titre de témoignage de théories idiotes, racistes et dangereuses qui ont pu avoir cours par le passé.” C’est très intéressant de montrer ça au visiteur !

© A. Erard et O. Caby

 

Anna : J’ai l’impression d’être dans le cabinet du professeur Rogue dans Harry Potter !

Océane : Justement, regarde ces bocaux là-bas !

Anna : Tiens-toi prête, j’espère que tu ne crains pas les bestioles conservées dans des bocaux !

Océane : Tout dépend du type d’animaux conservés dans le formol !

Anna [imitant un guide de visite] : Après les poissons en aquarium, vous trouverez sur votre droite de jolis exemplaires de poissons morts conservés dans du formol pour le bien des études scientifiques ! Mais ce n’est pas tout, étendez votre regard, et voyez donc ces spécimens de reptiles allant du lézard au serpent, de quoi faire de merveilleuses potions magiques !

Océane : Quelle plongée dans l’ambiance d’un cabinet d’étude ! Toutes les prochaines vitrines exposent des animaux empaillés en surnombre ! Redescendons voir ce qui reste à visiter au rez-de-chaussée. 

Anna : Je perçois vaguement des insectariums, va voir, je crois qu’il y a des mygales ! Regarde celui-ci ! A ton avis, combien y-a-t-il de blattes ? Elles sont toutes les unes sur les autres.

Océane : Au moins ça fait le bonheur des enfants ! Regarde, ils sont tous fascinés par ces insectes !

Anna : Ce qui est sûr c’est que de voir des serpents ça ne fait pas mon bonheur…

Océane: Pourquoi le musée a-t-il fait le choix de montrer des animaux vivants à côté de leurs collections d’animaux empaillés ?

Anna : Pour montrer l’évolution de certains animaux ? Rendre le musée attractif ? S’adresser à un public large ?

Océane : Ce qui est intéressant c’est la vitrine dans laquelle la taxidermie est expliquée. Elle permet au visiteur de comprendre en quoi cela consistait et pourquoi était-elle si couramment utilisée au cours des siècles derniers.

Anna : Les reconstitutions d’habitats sont assez étonnantes. Voir ces animaux empaillés sous vitrine et surtout dans des positions improbables, ne rend pas vraiment compte de la réalité. Regarde ce lièvre, ils l’ont mis dans une posture qui laisse penser qu’à cette allure il risque de se cogner violemment contre la vitre.

© A. Erard et O. Caby

 

Océane : Au contraire, ces illustrations sont assez réalistes, mais ces scènes en arrêt sur image ont beau être probables elles paraissent étranges ainsi suspendues. Je pense que ces reconstitutions sont surtout adressées à un public plus jeune afin de montrer différents espaces naturels et les animaux qui les habitent.

Anna : Passons à la salle suivante !

Océane : … étrange, cette salle ne comprend que des vitrines remplies d’oiseaux empaillés !

Anna : Quel est l’intérêt de montrer autant d’espèces et où sont les cartels ? Il y a tellement d’oiseaux et d’informations visuelles que l’on passe très vite devant ces vitrines. Cela serait plus intéressant si certaines espèces avaient été mises en avant. Particulièrement des spécimens rares. Cela attirerait davantage notre regard et changerait le rythme de la visite.

Océane [passant à la dernière salle] : Cette dernière salle est vraiment plus épurée que les précédentes. Les animauxne sont plus sous vitrines ce qui crée une réelle proximité avec le visiteur. Les explications des cartels sont d’ailleurs plus claires.

Anna : Je ne comprends pas pourquoi ils ont mis un dauphin à côté de toutes ces espèces, c’est le seul animal aquatique de cette pièce et il est placé sur un socle au même titre que les autres.

Océane : C’est peut-être parce que tout le monde aime les dauphins ! Mais il n’y a pas véritablement de lien avec le reste des animaux représentés, bien qu’il soit positionné à côté d’une otarie.

Anna : La dernière vitrine crée un bel effet. Bien que les animaux ne fassent pas tous partie du même environnement, l’agencement et le décor rendent la reconstitution intéressante. L’espace est en hauteur, tous les animaux ne sont pas placés sur un même niveau. Nous sommes loin de l’impression d’empilement de la pièce ornithologique malgré le grand nombre d’espèces représentées.

Océane [se dirigeant vers la sortie] : En reprenant les codes d’exposition des siècles passés, le musée peut parfois être oppressant. Cela dit il nous permet de nous rendre compte de ce qu’était les premiers musées d’histoires naturelles ou cabinets de curiosité. Après ce type de visite il est facile de voir l’évolution muséale qui s’est appliquée dans ces structures mais sans doute ce musée va-t-il être modernisé ?

Anna : Effectivement il doit l’être, quitte à restreindre le nombre d’objets ou d’espèces présentées … Actualiser les cartels et les informations écrites permettrait de proposer une expérience de visite plus attractive. Les vitrines renfermant les animaux empaillés sont elles aussi à reconsidérer.

Océane : Cette visite étant réellement intéressante, j’ai l’impression d’avoir fait un voyage dans le temps !

Anna : Et puis c’est sympa de visiter un musée dont la boutique ne propose pas de peluches banales. Il est assez représentatif des anciens musées d’histoire naturelle avec ses vitrines d’époque.

 

Océane Caby & Anna Erard

 

#mhnlille#histoirenaturelle


Pour en savoir plus :

Le site du Musée d’histoire naturelle de Lille