Je vais vous conter un voyage merveilleux. L’inattendue, la déroutante, l’improbable épopée d’une visite au Musée de la Chasse et de la Nature. Caché au détour d’une rue pavée lutécienne, un hôtel particulier du XVIIe siècle abrite l’univers incroyable du Musée de la Chasse et de la Nature.

Si un jour, muni de votre boussole, vous parvenez à pénétrer dans le musée par sa lourde porte,laissez-moi vous prévenir… Le Musée de la Chasse et de la Nature ne ressemble pas à ce que vous imaginez. Ce que vous y trouverez ne ressemble à aucun autre lieu.

Vue d’ambiance, Musée de la Chasse et de la Nature © A.H.

 

Après avoir gravi les vastes marches de l’hôtel, c’est par la Salle du sanglier que je pénètre dans le musée. Visiblement maître des lieux, l’animal, de son air peu commode, nous reçoit. Parquet d’origine, tapisseries moyenâgeuses aux scènes de chasses, boiseries d’antan, lourds rideaux de velours et mobilier daté, je découvre une à une les mystérieuses salles du musée.

Tantôt vastes, puis sombres et étriqués, les différents espaces donnent à découvrir autant d’univers qu’il y a de pièces. Dehors, il fait nuit. Le calme environnant laisse place à des sursauts provoqués par la rencontre impromptue avec un loup qui s’était caché derrière une vitrine, ou par un tête-à-tête indésiré avec une chimère diabolique.

Fumées de licorne, 
Sophie Lecomte, 2006 
© Sophie Lecomte

 

Un léger cliquetis aquatique m’amène à me diriger vers une ouverture reculée. Après un bref instant d’hésitation – pour ne pas dire d’appréhension –, j’ose m’aventurer dans ce sombre recoin. Oh ! Me voici dans le Cabinet de la Licorne. « QUOI ?! Les licornes existent vraiment ? » Comme il est amusant de constater que le musée est parvenu à insuffler en moi ne serait-ce qu’une demi-seconde le doute quant à l’existence des licornes. Une douce lumière nimbe un corps chimérique figé en apesanteur dans une vitrine. Puis le cabinet m’amène à découvrir une multitude de reliques et d’objets associés à l’animal fantastique. Déposés dans de ravissantes vitrines, de fragiles œufs de licorne et des archives de journaux viennent attester l’existence de l’animal.

Un autre animal anime notre imaginaire collectif depuis des siècles. Le loup. Ses yeux brillent dans la pénombre de la pièce. Cet autre cabinet propose aux curieux de découvrir l’animal sous tous les angles. Un meuble à tiroirs, vitrines et panneaux amovibles regorge de curiosités qui nécessitent de tirer, ouvrir, soulever pour être découvertes. A l’intérieur des panneaux coulissants, des dessins contemporains aux représentations de loup. Derrière un battant amovible, deux petits souliers de céramique glaçurée rouge mettent au jour la férocité du prédateur du Chaperon Rouge. Dans un premier tiroir, la louve romaine : monnaie utilisée au IVe siècle. Dans le second,la fable de La Fontaine : Le loup et la cigogne. Dans le troisième, du caca de loup. Au moment d’ouvrir le plus grand tiroir, des limaces d’appréhension parcourent mon estomac. « Que vais-je découvrir dans celui-ci ? »,me dis-je. Une énorme masse sombre et informe me fait refermer le tiroir aussitôt. Sa fermeture brutale provoque le tremblement du « collier de chien pour la chasse au loup » exposé dans la vitrine juste au-dessus.  

« Qu’est-ce que c’est que ça ? »   ©A.H.

 

Dans les autres salles, disséminées ça-et-là parmi les marcassins naturalisés et les tableaux de chasse à courre, se dressent de fabuleuses créatures sans queue ni tête. Des plumes aux reflets profonds et chatoyants sont assemblées en des formes organiques. Vivantes ? Endormies ? Que cachent ces corps oniriques et ondulants ?  

« Qu’est-ce que c’est que ça ? » demande une visiteuse à l’agent de surveillance en pointant du doigt l’une d’entre-elles,disposée entre deux canards col-vert. Ça, ce sont les sculptures chimériques de Kate MccQwire. Emprisonnées dans leur écrin de verre, elles semblent endormies.Découverts à la Galerie Particulière il y a quelques années, ces êtres imaginaires me font totalement succomber. Leur exposition au sein du Musée de la Chasse et de la Nature leur confère une dimension dramatique autant que poétique dans un lieu qui ne cesse d’interroger notre rapport à l’animal, à la mort et au lien puissant qui unit l’homme à la Nature.


Kate MccGwire au Musée de la Chasse et de la Nature, © A.H.

 

Un nombre insoupçonné d’autres merveilles est dissimulé dans le Musée qui marie avec excellence diverses typologies d’objet sans ne jamais ni les classer, ni les hiérarchiser ; mais c’est à vous désormais d’aller les découvrir. Ouvrez l’œil !

Bon voyage.

Anne Hauguel

Musée de la Chasse et de la Nature

62, rue des Archives 75003 Paris

L’exposition Kate MccGwire au Musée de la Chasse et de la Nature est désormais terminée, mais le musée a l’habitude de faire intervenir des artistes contemporains pour dialoguer avec les collections. Les expositions temporaires y sont nombreuses et fréquentes. Chaque intervention artistique donne lieu à un don au musée, constituant progressivement un fonds d’arts contemporain. L’offre du Musée de la Chasse et de la Nature est variée (conférences, concerts, projections, nocturnes les mercredis jusqu’à 21h,…)

En ce moment, retrouvez y l’artiste Julien Salaud qui expose jusqu’au 15 juin au musée.

Pour ensavoir plus : http://www.chassenature.org/

-KateMccGwire

http://www.katemccgwire.com/

-Sophie LeComte

http://www.lecomtesophie.org/index.html

-Julien Salaud

http://blog.julien-salaud.info/

#Expositions#MuséedelaChasseetdelaNature#ArtContemporain