Pendant deux ans, des groupes de 3 à 5 étudiants de master, travaillent à l’élaboration d’un projet d’exposition inédite, lié ou non à une commande. Les cours de méthodologie et de muséographie trouvent ici leur application concrète. Ces projets confrontent aux enjeux essentiels d’une mise en exposition : comment construire un discours et pour quel enjeu ? Comment s’adresser à quel public ? Comment construire un parcours ? Comment préparer un cahier des charges pour un scénographe ?

Le master 1 est dédié à la conception et le master 2 à la réalisation. En fin de cursus, les commanditaires ou partenaires participent au jury de soutenance des étudiants.

 

LObjectif en coulisses : Photographies de Robert Baronet

En 2011, après avoir photographié les coulisses muséales de son pays natal, l’artiste québécois Robert Baronet est venu capturer la richesse de nos réserves dans le Nord-Pas-de-Calais. Portées par l’enthousiasme participatif des institutions de la région, nous dévoilons aujourd’hui ces trésors cachés au travers d’une exposition riche d’images et de sens.

Le travail de l’artiste repose sur la création d’histoires imaginaires inspirées par les objets rencontrés dans les réserves et les dédales administratifs. Ce voyage au sein d’un univers fascinant révèle l’œuvre sous un autre jour, dès lors qu’elle est libérée de son statut d’expôt.

Le photographe saisit des instants en suspend où les objets prennent vie. Il définit ses clichés comme des « tableaux photographiques », compositions personnelles mettant en lumière les rencontres fortuites des œuvres avec leur environnement. Les lieux fonctionnels prennent dès lors un nouveau sens, une nouvelle réalité. LObjectif en coulisses entraîne le visiteur dans la poésie des photographies.

Cette exposition s’intègre dans un échange culturel franco-québécois de longue date. Elle propose un dialogue entre le Vieux Continent et la Belle Province et s’intéresse à leur patrimoine respectif et commun. LObjectif en coulisses sera ensuite présenté au Québec à l’horizon 2013.

Crédit : Robert Baronet 

 

 

Une vie artistique insoupçonnée : les manuscrits médiévaux de l’abbaye Saint-Vaast enfin réunis à Arras.

La Bible de Saint-Vaast de la Médiathèque d'Arras est l'un des ouvrages les plus précieux qui aient subsisté des fonds de l’abbaye arrageoise. Écrite et décorée au sein du Scriptorium de Saint-Vaast, elle représente l'un des chefs-d’œuvre de l’art biblique : de l’enluminure à la calligraphie franco-saxonne du VIIIe au XIIe siècle. Dans le cadre de son millénaire, la ville d’Arras se doit de créer l’opportunité exceptionnelle de rassembler les manuscrits qui ont précédé et succédé la confection de cette Bible et dont l’influence a été déterminante à travers l’Europe.

L'exposition intitulée Le patrimoine de Saint-Vaast : d’Arras aux quatre coins du monde est l'occasion de mettre l'accent sur la pérennité de l'œuvre et la richesse du patrimoine arrageois au-delà des frontières régionales. Les Arrageois découvriront leur patrimoine au sein de l’abbaye Saint-Vaast durant trois mois au cours de l’année 2015. Notre préoccupation étant de toucher un public de tout âge, une présentation ludique et des animations permettront d’aborder l’œuvre avec clarté, notamment avec le système de notation musicale (le neume) initié par Albertus, l’un des moines de l'abbaye de Saint-Vaast qui a également porté l’art de l’enluminure arrageoise à son apogée. D’autres thèmes structureront cette réunion extraordinaire de manuscrits : la vie des moines, les influences et les innovations, la dispersion des manuscrits, l’anonymat des scribes et enlumineurs, la représentation figurative, le symbolisme, la calligraphie et la fabrication du parchemin et des couleurs. 

Les vingt-sept manuscrits de l’abbaye se trouvent aujourd’hui disséminés dans onze institutions françaises et étrangères, de New-York à Prague. Cette exposition est donc un évènement de renommée internationale.

La collaboration avec Denis Escudier, chartiste et chercheur au CNRS en musicologie ou encore avec Diane Reilly, auteure canadienne d’une thèse sur le Scriptorium de Saint-Vaast, garantit la qualité scientifique. À cet égard, la médiathèque, en partenariat avec la Bibliothèque Nationale de France et la DRAC Nord-Pas-de-Calais, réalise un catalogue franco-anglais de l’exposition afin d’aborder ce sujet de façon complète, d’en assurer la pérennité au-delà des frontières et d’assouvir la soif de connaissances des plus passionnés.

Evangéliaire de l'abbaye de Saint-Vaast, fin IXe s. (BM ms 1045)

 

 

Appel daiR°, exposition dart contemporain in situ

Dans le cadre du renouvellement du cœur de la ville d’Arras, le projet appel d'aiR ° propose un parcours artistique articulant parking extérieur et souterrain de la Grand' Place.

De septembre 2012 à septembre 2013, la municipalité a prévu des travaux de réhabilitation du parking souterrain de la Grand' Place. À l'occasion de sa réouverture et de son inauguration, le projet appel d'aiR° investira les lieux lors du premier week-end d’octobre 2013. Le temps d’une journée, il convie les publics arrageois, passionnés d’art contemporain, enfants comme simples curieux à porter un nouveau regard sur ces espaces fréquentés au quotidien. Événement de démocratisation culturelle, la manifestation sera ouverte à tous et libre d'entrée. Proposé comme outil de dynamisme territorial, le projet a pour volonté d'augmenter la visibilité culturelle d'Arras, au sein d'une programmation d'art contemporain atypique. En lien avec la politique artistique de l'Université d'Artois, appel d'aiR ° est porté par les étudiants du master professionnel expo-muséographie de l’Université d'Artois et leur association L’art de muser.

Ces dernières années, les événements artistiques internationaux Park(ing)Day et I Park Art ont investi des parkings publics devenus, pour une journée, lieux de manifestations artistiques afin de sensibiliser un large public à la place de la nature et de l’art dans les espaces urbains. C’est dans une logique commune à ces deux concepts revendicateurs que le projet appel daiR ° vient s’inscrire. Cette réappropriation de l’espace public par la réalisation de créations in situ se concentrera sur une thématique choisie, celle de la respiration. Première et indispensable interaction entre le vivant et son milieu, la respiration correspond littéralement à l’ensemble des fonctions qui permettent l’absorption de l’oxygène et le rejet du gaz carbonique chez l’homme, l’animal et les espèces végétales. L'espace urbain semble «dévoyer» aujourd’hui cette fonction primordiale : la ville est emprise de toutes sortes de pollutions sensitives, qu'elles soient visuelles, sonores, auditives ou olfactives. Symbole de ce confinement de l'air et de la concentration des surfaces, le parking souterrain peut être synonyme d’asphyxie. Appel d'aiR ° entend apporter un nouveau souffle à Arras et sensibiliser les visiteurs à d'autres formes de respiration dans la ville, les inviter à prendre une bouffée d'air frais et artistique. L'art contemporain amène dans la zone urbaine du parking, rarement considérée comme lieu de vie, une dimension joyeuse et esthétique.

Une zone délimitée du parking présentera les œuvres d’une vingtaine d’artistes émergents et étudiants en écoles d’art de la région Nord-Pas-de-Calais. Détournée de sa principale fonction, elle devient un espace d’expérimentations, de cohésion sociale, un lieu de rencontres et de découvertes artistiques. Enrichie d'une vaste programmation, cette journée mettra en lumière les arts plastiques, performatifs et technologiques. Grâce à des représentations continues, des performeurs feront le lien entre les parkings extérieur et intérieur. C'est dans cette dynamique que les visiteurs seront appelés à suivre cet « appel d'air » accompagnés par des médiateurs. Les deux niveaux offriront la possibilité de découvrir une exposition entre peintures, sculptures, installations, vidéos, compositions sonores… Par ailleurs, cet évènement souhaite interroger la place de l'humain dans son environnement urbain. A cet effet, un laboratoire de bio-art sera présent pour apporter une dimension expérimentale. Le bio-art, tendance avant-gardiste de l'art contemporain, manipule les processus de vie et s'approprie des techniques et des thèmes de réflexion scientifique. Mise en scène créative du vivant, il propose notamment des mutations génétiques qui appellent à la réflexion tout en conservant une dimension fondamentalement esthétique. Les ateliers mis en place renforceront l'approche interactive et éducative de l'événement appel d'aiR °.

La position centrale et historique de la Grand’Place d’Arras offre une avantageuse lisibilité au projet. La sélection de deux espaces, l’un aérien et l’autre souterrain, permet au spectateur une libre déambulation au sein d’une diversité d’ambiances artistiques et d’appropriations des lieux. Appel d'aiR ° se veut au service des citoyens, offrant une promenade artistique, source d'une nouvelle effervescence dans la ville. 

le projet a son blog

Crédit appel d'aiR° - Lionel Pepin

 

 

Vivre en Camus

Depuis leur construction en 1956 dans la cité Maréchal Leclerc, les habitats Camus font partie des paysages d'Annay-sous-Lens. Aujourd'hui, ces logements prolongeant la route départementale n°17 vont disparaître. Pourtant, ils ont longtemps été à la pointe de l'industrie d'Après-Guerre. Leur procédé de fabrication moderne « en kit », élaboré par Raymond Camus répondait aux besoins de reconstruction rapide et économique après la Seconde Guerre mondiale dans une période où la région avait besoin de loger la main d'œuvre des industries minières. Après la Seconde Guerre mondiale, la région avait à l’image du reste de la France, d’importants besoins de logements, y compris pour la main d'œuvre des industries minières. Dans ce contexte, le procédé de fabrication moderne « en kit », élaboré par Raymond Camus constituait une solution innovante répondant aux exigences de rapidité et d’économie de l’époque. 

Cette « cité Camus » est devenue un symbole de la vie en communauté. Afin de rendre hommage aux Camus, habitats porteurs d'un riche patrimoine matériel et immatériel, Le Pays d'art et d'histoire de Lens-Liévin, en partenariat avec la mairie d'Annay-sous-Lens et avec la Mission Bassin Minier, organise une exposition que les étudiantes ont nommée « Vivre en Camus ». Cette dernière conjugue des éclairages historiques sur les techniques de construction élaborées par l’architecte Raymond Camus avec des témoignages d’habitants.

L'objectif de l'exposition est de renouer des liens avec cet héritage architectural aujourd'hui méconnu, en développant chez les citoyens locaux une conscience patrimoniale. Cette exposition accompagne un projet de réhabilitation d'un logement Camus témoin en gîte touristique qui profitera de l'impact touristique insufflé par l'arrivée du Louvre à Lens et de la perspective de l’inscription du Bassin minier (Nord-Pas de Calais) au Patrimoine mondial de l'UNESCO à partir de 2012. 

Sources : les étudiantes contribuant à ce projet

 

 

L’École d’Étaples : la touche étrangère

Ce projet permettra de pallier un problème majeur touchant les collections liées à l’Ecole d’Etaples (1880-1914) qui résulte de l’inaccessibilité de nombreuses œuvres appartenant à des musées étrangers (Australie, Etats-Unis, Angleterre, Pays Scandinaves). En effet, la plupart des protagonistes de cette colonie artistique étant de diverses nationalités, leurs œuvres se trouvent généralement dans les musées de leurs pays respectifs.  À cette fin, la tablette tactile « exposera » de manière interactive des visuels de tableaux. Elle sera un outil multimédia complémentaire à la visite de la collection permanente du futur musée  en favorisant le croisement des regards entre celle-ci et la « collection interactive ». Il s'agit de plus d'une solution économiquement plus avantageuse que les coûts inférés par des demandes de prêts aux institutions étrangères qui sont de plus en plus susceptibles de faire payer ce service.

La mise à disposition de plusieurs parcours thématiques permettra aux visiteurs de personnaliser leur visite ce qui conduira à une meilleure appropriation du contenu. L’interactivité sera d’autant plus grande que sera également proposée une immersion dans l’esprit de l’époque grâce à la reconstitution fictive d’une des expositions mises en place par la communauté artistique entre 1892 et 1914.

Ce support numérique sera élaboré de manière à proposer une navigation libre et donc à satisfaire un large éventail de publics ce qui est une des préoccupations principales dans le souci de démocratisation culturelle : l’aspect interactif et ludique séduira les jeunes publics, le bilinguisme favorisera l’accès aux amateurs anglo-saxons de cette manière, le rayonnement international de cette école sera mieux appréhendé par l’ensemble des visiteurs et notamment par le public de proximité.

En attendant l’ouverture du musée, cette première tablette tactile à l’initiative du département du Pas-de-Calais pourra être placée dans les « expositions de préfiguration ». Son contenu pourra aussi être mis en ligne afin de sensibiliser un cercle plus large de visiteurs potentiels.

Ainsi, cet outil technologique non seulement complétera la visite de la collection permanente mais aura aussi pour but de proposer une expérience inédite dans les musées du Pas-de-Calais.

Sources : les étudiantes contribuant à ce projet

 

 

Épilepsie, mythes et préjugés

Une exposition sur nos propres représentations de lépilepsie, entre confrontations et interrogations

L’Épilepsie… Si vous prononcez ce mot au cours d'une conversation, tout le monde semble comprendre. Mais si vous allez un peu plus loin en demandant des précisions, on vous répondra bien souvent : « C’est une maladie… où les gens tombent et tremblent ». Tout le monde croit connaître cette maladie et les formes qu’elle peut prendre et pourtant… Malgré les avancées de la recherche et malgré la généralisation de ce terme à notre époque, comment se fait-il que cette maladie reste si méconnue? Pire même, elle continue de faire peur. Depuis l’antiquité, l'épilepsie n’a cessé d’effrayer les hommes, ils y voyaient des formes de possession diabolique, de folie, d’abandon de l’âme, de « mal » étrange... Ce qu’on ne comprend pas fait peur. On pourrait donc s’attendre à ce que, naturellement, avec les connaissances actuelles de la médecine, cette peur disparaisse, et pourtant…

L’épilepsie est l’une des rares maladies où les préjugés sont plus graves que les symptômes, disait l’épileptologue William Lennox. L'exposition "Epilepsies, mythes et préjugés", amène le visiteur à prendre conscience de ses propres représentations de la maladie à travers sa confrontation avec différents témoignages de l’Histoire et des Arts, de l’Antiquité à nos jours. Elle aborde un thème scientifique sous un regard culturel, sociologique et pluriel afin d'engendrer une réflexion sur nos préjugés.

L’exposition pluridisciplinaire « Épilepsies, mythes et préjugés » ouvrira ses portes en 2013 dans la région Nord-Pas-de-Calais, à la chapelle Saint Pry de la ville de Béthune. En effet, plus de 500 000 personnes sont diagnostiquées épileptiques en France, soit une personne sur 100, et la région, de par sa démographie, est l’une des plus concernées. Ce projet mené dans un cadre universitaire est réalisé en collaboration avec des patients, des professionnels du secteur médical et des associations, afin de sensibiliser le public et de participer à la progression de la compréhension générale et de l’acceptation de cette maladie. L'héritage des témoignages historiques et artistiques prend place aux côtés des questionnements scientifiques, artistiques et tout simplement humains qui ancrent l'épilepsie dans l'actualité. Cette exposition, destinée à un public non initié, cherche à contribuer à la démystification de l'épilepsie. À partir des représentations historiques, d’œuvres représentatives, de productions artistiques, et questionnement scientifiques, ainsi que des œuvres d’artistes contemporains et des témoignages de personnes épileptiques, l'exposition se construira comme un espace dynamique d'expression et de réflexion.

Gageons que cette exposition, destinée à tout public, contribue à la déconstruction de certaines représentations de l'épilepsie.

Sources : les étudiantes contribuant à ce projet