Il est 15h au Musée des Avelines. Des visiteurs attendent patiemment le début de la visite guidée gratuite sur l’exposition Lino Ventura, une gueule de cinéma. Pourquoi cette exposition ici ? Pourquoi maintenant ? Le musée des Avelines, situé à Saint Cloud, se concentre sur l’histoire locale, et expose autour des personnalités qui ont marqué la ville. Voulant protéger sa famille du « star system », le célèbre acteur a habité Saint Cloud pendant 30 ans. Et 30 ans après son décès en 1987, il était temps que le musée lui rende hommage.

© Ville de Saint Cloud, Gilles Plagnol 

Cette première exposition sur Lino Ventura fait découvrir en même temps un établissement particulier qui était autrefois la villa d’un riche pharmacien. La collection permanente est constituée de peintures, de sculptures, de porcelaines, de dessins, d’objets d'art et de gravures portant sur l'histoire de la ville et du parc de Saint-Cloud.« Nous sommes plutôt habitués à présenter des peintures. Cette exposition cinématographique est difficile en termes de médiation, surtout pour les enfants.

On arrive à retenir leur attention en évoquant les coulisses du film et les trucages qu’ils adorent. » me dit Joséphine Bathellier, médiatrice au musée. La visite guidée débute dans le couloir menant à la rotonde du musée, reconvertie en café gourmand. On commence avec un lavabo en marbre ayant appartenu à Lino Ventura. Laurine Antoine, chargée des publics, nous présente cet objet comme témoin de la vie quotidienne de l’acteur à Saint Cloud.Né à Parme en 1919, Lino Ventura quitte l’Italie à l’âge de huit ans avec sa mère pour rejoindre son père à Paris. Ce dernier ayant disparu, Lino fait son éducation dans les rues et enchaîne les petits boulots. Appelé à se battre pour l’Italie lors de la Second Guerre mondiale, Lino Ventura déserte et se cache à Paris, où il épousera sa femme Odette.

Au dessus de l’imposant lavabo se trouvent des photos encadrées du couple, de leur chien Muck, et de l’acteur à son bureau où il recevait les réalisateurs et lisait attentivement les scénarios qu’on lui proposait.La visite se poursuit dans une salle à l’étage intitulée « Des rings aux projecteurs » qui rappelle que Lino Ventura ne se destinait pas au cinéma : il fit d’abord carrière en tant que lutteur, puis catcheur, remportant le titre de champion d'Europe des poids moyens en 1950. Après une double fracture de la jambe la même année, il devient entraîneur.

Sa carrière d’acteur débute lorsqu’il est contacté par le réalisateur Jacques Becker, qui cherche quelqu’un pour jouer un costaud typé italien dans Touchez pas au grisbi. L’entraîneur présente ses poulains, mais c’est lui-même qui retient l’attention de Becker. Réticent à l’idée de faire un « métier de gonzesse », Lino Ventura cherche à se débarrasser du réalisateur en demandant « une brique » soit un million de francs. Un cachet quasiment égal à celui de l’acteur vedette du film, Jean Gabin... qui lui est accordé !Cette histoire racontée par Laurine Antoine est illustrée par un devis, exposé sous verre juste en dessous de l’affiche du film.

Lino endosse dans un premier temps des rôles de gangsters, dans des films de série noire. Soucieux de son image, il refuse de tourner des scènes intimes, se déguise rarement, et souhaite rester fidèle à son caractère. Il cherchera toutefois à se défaire progressivement de cette image de « brute italienne »; Riche en affiches aux couleurs criardes contrastant avec des photographies de plateau en noir et blanc, la salle suivante est consacrée à l’amitié entre Lino Ventura et Jean Gabin. Lino Ventura travaille selon ses affinités, c’est pour cela que ce sont toujours les mêmes noms qui reviennent sur les affiches. C’est lui qui prendra Jean-Paul Belmondo sous son aile. Des extraits vidéo sont diffusés tout au long du parcours, avec non seulement des scènes de films cultes, mais aussi des témoignages des proches de l’acteur. Une interview de Claude Lelouch retrace avec humour le film « L’Aventure c’est l’aventure » où Lino Ventura partage l’affiche avec Jacques Brel. 


© Ville de Saint Cloud, Gilles Plagnol

 

Cette exposition touchante, surtout à l’écoute des anecdotes relatées par la médiatrice, rassemble des prêts du musée Gaumont, de la Cinémathèque française, de l’INA, et du musée Jean Gabin. La visite se termine sur une photo de Lino Ventura prise la veille de son décès, alors qu’il profitait d’un restaurant entre amis. Que l’on soit cinéphile ou non, la carrière atypique de Lino Ventura constitue une narration très intéressante que l’on suit jusqu’au bout. La visite guidée est à privilégier si l’on souhaite connaitre « la petite histoire » derrière chaque film. A la sortie de l’exposition, nombreux visiteurs sont à féliciter la petite équipe du musée qui a réalisé un travail remarquable dans la conception et le montage de l’exposition. Des événements et même des ateliers pour enfants l’animeront jusqu’au 21 janvier 2018.

 

BO

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Pour en savoir plus : http://www.musee-saintcloud.fr/les-expositions