Cet après-midi, nous nous sommes lancées à la conquête de l'espace. N'étant pas de grandes scientifiques, il nous a été conseillé de stimuler nos neurones à la Cité de l'Espace à Toulouse.

Reproduction de la fusée Ariane 5 dans le parc de la Cité de l’Espace, © N. V.

 

Autant vous dire que nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre... Allions-nous assister à un remake de "C'est pas sorcier" ? Pas vraiment ! Le site internet de la Cité de l’Espace nous promet déjà un beau voyage, chacune des informations invite le visiteur à vivre une expérience inédite. « L’espace comme si vous y étiez », « découvrir la cité », « partir à la découverte de l’espace et des merveilles de l’Univers n’a jamais été aussi faciles », « vivez l’expérience », autant de promesses qui ont éveillé une grande curiosité et l’envie de découvrir ce lieu si particulier.

Une invitation à l’émerveillement certainement, mais pas seulement. En ce lieu inattendu, le visiteur est maître de son expérience, il vit sa visite de la même façon qu’un astronaute s’investit dans une conquête spatiale. La muséographie du site y est par ailleurs propice. Le propos de la Cité de l’Espace est d’envoyer le visiteur dans cet environnement qu’il ne connaît pas, bien qu’il en ait peut-être souvent rêvé. Ainsi, le corps est mis en mouvement, le visiteur devient acteur, ses gestes engendrent une réflexion autour de divers aspects scientifiques. C’est grâce à des manips que ce lieu prend vie et qu’il immerge le visiteur dans un environnement qui lui était jusqu’alors inconnu. Nous avons rapidement compris que la place du visiteur était au cœur de la réflexion des créateurs de la Cité de l’Espace et que celui-ci se prend au jeu des manips et de la découverte dès lors qu’il veut tirer bénéfice de cette expérience.

Manip sous forme de rangements © N. V.

 

Replacer ce lieu dans son contexte semble nécessaire pour comprendre les enjeux et les motivations qui ont engendré sa création. Toulouse, berceau de l’aéronautique et de l’espace, à la pointe du secteur de la recherche, celui de l’innovation et de l’industrie aérospatiale ; quel meilleur lieu pour y implanter la Cité de l’Espace ? Le projet a donc été lancé par la ville rose en 1997, avec l’objectif de construire un parc à thème scientifique orienté vers l’espace et la conquête spatiale. Et c’est certainement cet engouement pour l’aventure, et surtout le partage de savoirs scientifiques qui a poussé l’équipe du musée à faire du lieu l’un des sites touristiques incontournables de Toulouse. Nous avons d’ailleurs constaté ce phénomène dès l’entrée du parc, avec une légère appréhension quant à la tournure que pourrait prendre notre visite.

Beaucoup d’éléments tiennent d’une inspiration venue de l’univers du parc d’attraction. A commencer par le nom, « la Cité de l’Espace » qui nous pousserait presque à nous imaginer dans le nouveau volet de la saga Star Wars. Une musique futuriste nous suit dans notre visite. Le tarif est relativement élevé,  25 euros, soit le prix d’une entrée dans certains parcs. Malgré ce tarif, le public est très familial. Il s’agit à l’évidence d’un public ciblé par les membres de la Cité de l’Espace, qui ont souhaité créer un espace enfant, ouvert en 2006. Peu nous importait, curieuses, nous avons décidé d’y aller coûte que coûte. Nous avons rapidement déchanté face à certaines activités, qui, bien qu’étant attrayantes nous auraient fait perdre un long moment dans la queue de visiteurs. Là encore, la dimension d’animation que prend la visite ferait penser à un parc d’attraction. Sans compter la boutique du site qui nous invite à acheter une infinité de gadgets et parfois même des produits régionaux !

Produits régionaux dans la boutique du musée © N. V.

 

Arrêtons de « rouméguer », comme diraient nos amis toulousains ! La Cité de l’Espace, c’est avant tout un projet qui place l’expérience de visite et la découverte du monde spatiale au cœur de la réflexion. Le jeu est bel est bien au service d’un apprentissage et d’une immersion. Là encore, il ne dépend que du visiteur d’accéder à cette dimension bien plus enrichissante.

Parlons-en d’ailleurs. Nous avons été agréablement surprises par la qualité des manips, qui ne se contentent pas de nous faire faire des acrobaties parfois déroutantes, mais dévoilent en réalité un contenu et un discours enrichissants. Nous les avons quasiment toutes faites, et nous avons retenu beaucoup d’anecdotes, des faits, et d’autres informations. De fait, le visiteur doit réellement jouer le jeu pour entrer dans l’immersion totale ; c’est une forme de pacte tacite qui semet en place dès l’entrée du site. Les manips sont instinctives et bien expliquées, utiles à condition bien sûr que le visiteur les expérimente. Nous apprenons et voyageons donc grâce à notre implication.

Maintenant que nous vous avons bien mis l'eau à la bouche, entrons plus précisément dans le vif du sujet. Comment faire du visiteur un explorateur ? Nous en avons fait l’expérience ! Rappelons tout d'abord que le musée ne dispose que de très peu d'objets de collections. Seuls quelques fragments (lunaires par exemple) sont présentés, avec les codes traditionnels de la mise en valeur des objets précieux (vitrines, loupes pour observer les détails, cartels, etc.).

Toutefois, comme pour tous les musées scientifiques, la plupart des expositions sont constituées de contenus audiovisuels et de manips. Bon nombre d'entre elles appellent le visiteur à changer sa posture, à se mouvoir. En nous allongeant dans une pièce qui a perturbé nos sens, ou en regardant la télévision à l'envers, nous n'avons pas eu simplement l'impression de nous comporter comme de grands enfants : nous avons expérimenté la désorientation que l'on peut ressentir dans l'espace, en apesanteur. Nos sens sont en émois, la tête tourne légèrement... L'immersion sensorielle est véritablement au service d'un contenu scientifique.

Salle avec perspective renversée et télévision à regarder la tête en bas, © N. V.

 

Et il en va de même pour les différents jeux proposés. Seul ou en équipe (par deux essentiellement), des dispositifs ludiques proposent des défis à relever. Certains restent de l'ordre de l'amusement : dans la salle consacrée à la lune par exemple, nous devons piloter une jeep sur la lune à l'aide d'un joystick afin de rejoindre notre base. Il s’agit d’un dispositif très intuitif. Mise à part la possibilité d'explorer la topographie de la lune, aucun véritable contenu scientifique ne nous est donné. Ce type d'installations permet toutefois d'apporter une respiration entre plusieurs jeux ou manips qui demandent toute l'attention et la réflexion des visiteurs.

Dans les différentes missions sont proposées - retrouver le signal d’un satellite par exemple - les dimensions tant interactives que ludiques, collaboratives et réflexives sont grandement appréciables. Au fur et à mesure de la visite, nous nous sommes rendues compte que nous devenions exigeantes vis-à-vis de la qualité des manips : celles qui sont un peu moins originales finissent par ne plus attirer notre attention. On ne se “contente” plus de regarder une vidéo passivement. La Cité de l'Espace a donc placé la barre très haut !

Quoi de plus efficace pour rendre le visiteur acteur que de l'amener à se mettre en scène ? Nous avons pu sauter sur la Lune ! En nous allongeant sur un dispositif sur roulettes et en poussant sur nos jambes, la projection de notre image sur un décor lunaire donnait l'impression que nous faisions des bonds dans l'espace ! Nous nous sommes glissées dans la peau d'une présentatrice météo ! L'une de nous a lu un prompteur en montrant la carte de France, pendant que l'autre a tenu le rôle du caméraman. A notre grande surprise, notre « performance » a ensuite été projetée sur un écran à l'extérieur de la cabine de tournage. Le temps d'un instant, nous sommes devenues astronaute, présentatrice ou caméraman, et nous avons beaucoup apprécié nous laisser prendre à ce jeu de rôle.

Saut sur la Lune et Diffusion de l’enregistrement d’une présentation de la météo réalisé dans un studio mis à disposition des visiteurs, © N. V.

 

En règle générale, la scénographie et le graphisme participent à l'immersion en faisant oublier au visiteur le monde réel pour entrer dans un univers nouveau créé de toutes pièces. Ici, la scénographie est assez neutre : le gris métallique, certaines portes rappelant l'univers de Star Wars, etc. Quelques éléments plus “créatifs” rythment toutefois l’espace : c’est le cas par exemple des nuages en tissu sur lesquels étaient projetés des lumières de couleurs différentes, au sein de l’espace “météo”. La charte graphique est très cohérente, et, étant donné la multiplicité des éléments qui attirent l’œil du visiteur (vidéos, manips,etc.), le choix de cette scénographie est simple et efficace.

Nuages colorés dans la salle de la météo, © A. E.

 

Comme le sous-entend le nom de « parc à thème scientifique », toute une partie de la visite se poursuit dans un parc. Nous étions ravies de pouvoir ainsi profiter du soleil du Sud-Ouest. Le cadre agréable du parc et le format de la promenade n'empêchent en rien le sérieux de la démarche. Du contenu scientifique est à notre disposition dans toute la partie extérieure. Par exemple, le « parcours des planètes » nous apporte, par l'intermédiaire de bornes, des informations sur les différentes planètes de notre système solaire. Mieux encore, l'espacement entre ces bornes correspond – à échelle humaine – à celui qu'il y a entre les différentes planètes ! Nous avons également pu découvrir la station MIR. Des mannequins astronautes sens dessus-dessous nous ont accompagnées au cours de cette visite ! Immersion donc cette fois au sein d'un modèle d'essai de la célèbre station spatiale russe.

Début du “Parcours des planètes” dans le parc de la Cité de l’espace, © N.V.

 

La volonté de la Cité de l'Espace est donc bien de faire passer un bon moment aux familles, en mettant le jeu et l’animation au service de la pédagogie. Nous avons même pu devenir l'aiguille d'un cadran solaire, et connaître l'heure sans même avoir à sortir notre téléphone portable ! Ce qui est bien utile, car nous avons eu l'impression que le temps s'arrêtait : la visite est vraiment passée vite… Un voyage donc qui a joué avec le temps… et surtout avec l’espace !

 

Anna E. et Noémie V.

 

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