Avez-vous déjà entendu parler des fablabs ? Si ce n’est pas le cas, il est temps d’y remédier ! Votre cerveau grouille d’idées mais il vous manque le matériel et les compétences pour les prototyper ? Découvrons ensemble un aperçu des multiples possibilités qu’offrent ces ateliers créatifs, autant pour les bidouilleurs curieux que pour les entrepreneurs et les institutions culturelles.

 

Un fablab, qu’est-ce que c’est ?

Peut-être l’aurez-vous deviné, le terme fablab est la contraction du mot anglais fabrication laboratory. L’histoire commence en 2001 aux Etats-Unis sur l’initiative d’un professeur du Massachussetts Institute of Technology avant de se développer partout dans le monde quelques années plus tard. En France, c’est en 2009 à Toulouse que s’implante l’un des premiers fablab, appelé Artilect. 

La volonté est de permettre à chacun de tester rapidement des idées, d’expérimenter et de fabriquer soi-même des objets à partir de machines que l’on ne pourrait pas se payer individuellement. Pour ce faire, ces laboratoires disposent tous d’un matériel de base : une imprimante 3D, une découpeuse vinyle, une découpeuse laser et une fraiseuse numérique CNC. Certains développent des spécialités comme l’artisanat textile, la biologie, l’aéronautique, les drones, etc.

 

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Imprimantes 3D au fablab de Pérouse, image téléchargée sur https://www.tommasobori.it le 15/11/2019

 

On y prône également l’entraide et le partage des compétences. Travailler dans un espace collectif, c’est aussi rencontrer des personnes d’horizons différents, stimuler sa créativité et faire évoluer son savoir et savoir-faire. Un accompagnement personnalisé est aussi tout à fait possible pour développer un projet.

 

Que peut-on y fabriquer ? 

Autant d’objets que votre imagination et le matériel le permet ! À partir d’un fichier informatique, créez un meuble, une pièce de remplacement pour votre machine à laver, une maquette d’architecture, un moule, un circuit imprimé, un jeu de société, un robot ou encore une prothèse articulée. Sont aussi à votre disposition des open sources, c’est-à-dire des plans d’objets réalisés par d’autres utilisateurs partout dans le monde pour les reproduire soi-même dans n’importe quel fablab. Une fois l’idée testée, la production en série se fera cependant en dehors du fablab.

 

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Un Piano Graphique MakeyMakey créé à La Fabulerie, un des fablabs de Marseille, image téléchargée sur https://lafabulerie.com/ le 15/11/2019

 

Que peut-on y faire ?

Outre tester le matériel et fabriquer des objets, les fablabs proposent généralement d’autres activités. On peut notamment participer à diverses formations, wokshops, afterworks… Ils peuvent également se rendre mobiles et être impliqués dans des événements ponctuels : fête de la science, salons de robotique et de jeux vidéo, Muséomix, etc. 

 

À qui s’adressent-ils ? 

Du grand-père bricoleur en passant par un étudiant, un artiste, un designer, un informaticien, ou un bidouilleur du dimanche, tous les âges et métiers y sont représentés ! Les start-up et jeunes entrepreneurs fréquentent particulièrement ces lieux pour passer plus rapidement du concept au prototypage d’une idée. 

 

À quel prix ?

Vous vous en doutez, profiter d’une idée aussi géniale peut difficilement être gratuite. La plupart des fablabs ont un statut associatif et se débrouillent pour trouver des fonds pour fonctionner. Leur objectif éducatif et social leur permet de décrocher des financements auprès de fonds publics (la Région, la Ville…), d’institutions comme les universités mais aussi de mécènes et sponsorts. Certains sont entièrement liés à une institution ou une entreprise et ne sont alors pas toujours ouverts aux personnes externes. Si l’accès à ces espaces est gratuit, une contribution est souvent demandée aux utilisateurs pour l’emploi de certaines machines et la participation à certaines activités, généralement sous forme d’un abonnement à l’année ou au mois à des tarifs très variés mais au maximum démocratiques. Les prix tournent autour de 80 euros par an ou maximum 20 euros par mois. Souvent il faut aussi prendre en compte le prix des matériaux (planches de bois à découper) à ses frais personnels, bien que la récup est encouragée. 

 

Quel intérêt pour les musées et le secteur culturel ? 

Trop souvent en manque de moyens, les musées et autres structures culturelles peuvent trouver dans les fablabs l’opportunité de faire parler leur créativité ! Pourquoi ne pas y tester le prototypage de manips, de dispositifs de médiation, de mobilier d’exposition, de techniques de conditionnement ou d’applications numériques ? 

Certains musées possèdent d’ailleurs leur propre fablab, on parle alors de muséolabs. 

Peut-être avez-vous entendu parler de la Louvre Lens Valley ? Cet espace situé à deux pas du Louvre Lens fut inauguré en août dernier. Il accompagne principalement les jeunes entrepreneurs au développement de projets concrets par le biais de la culture avec le musée du Louvre Lens comme terrain d’inspiration et d’expérimentation. Elle accueille aussi d’autres publics, comme des élèves de l’École de la 2e chance d’Artois qui ont participé au projet « Makers de l’Art ». Au sein du fablab, ils ont conçu et fabriqué un kit d’aide à la visite pour les visiteurs du Louvre Lens (voir article détaillé sur le sujet ici).

 

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Exemple d’un prototype fabriqué par les élèves de l’école de la seconde chance pour le projet « Makers de l’art » © Laurence Louis

 

Citons également le Carrefour Numérique ², le fablab de la Cité des sciences et de l’industrie à Paris où il est possible de participer à des ateliers pour apprendre à se servir d’outils de fabrication numérique en compagnie de médiateurs, de répondre à des appels à projets, de découvrir de nombreuses ressources partagées, d’assister à des conférences ou tout simplement de franchir les portes gratuitement pour voir ce qu’il s’y passe et échanger avec les « makers ». 

Au tiers lieu Le Multiple à Toulouse, le décor de l’exposition photographique LIFE ON MARS – DAVID BOWIE a entièrement été réalisée dans un fablab, ce qui aura permis de la mettre sur pied en moins de trois mois grâce aux multiples compétences, partenaires et ressources matérielles mises en communs. 

Au muséolab du centre Erasme près de Lyon, on collabore avec les musées pour imaginer les expositions de demain. Pour le musée Barthélémy-Thimonnier d'Amplepuis, ils ont imaginé une mappemonde immersive et interactive reliée à l’application Google Earth où le public peut se promener dans divers endroits du monde, notamment dans un igloo lors d’une exposition sur les inuits.

 

Et ce ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres ! Vous aussi cela vous donne des idées ? Alors n’hésitez pas à découvrir le fablab le plus proche en parcourant une carte interactive du monde entier sur https://www.makery.info/labs-map/, vous serez surpris de l’ampleur du phénomène !



Laurence Louis

 

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