Le musée Gadagne nous invite à découvrir l’histoire de Lyon hors de ses murs avec des balades urbaines autour de différents quartiers. Nous vous proposons un retour d’expérience sur une visite consacrée aux innovations dans l’histoire de la soie.

Métier à tisser au sein de la Maison des Canuts. Photographie : M.L.

 

Le musée Gadagne

Le musée Gadagne est situé dans le Vieux Lyon, quartier historique et touristique de la ville. Pour être plus précis, il faudrait plutôt parler de l’Hôtel Gadagne, un bâtiment dont l’histoire débute au XIVe siècle et qui est loué par le banquier Thomas II de Gadagne à partir de 1538, ce qui donne son nom à cet espace. Le bâtiment est progressivement acheté par la ville de Lyon à partir du début du XXème siècle. Il abrite aujourd’hui deux musées : le musée d’Histoire de Lyon (MHL) et le musée des Arts de la Marionnette (MAM). Toutefois, ce qui nous intéresse aujourd’hui n’est pas ce qui est proposé dans ces lieux mais au contraire, ce que le musée propose en dehors de ses murs.

En effet, le musée Gadagne a mis en place un programme de balades urbaines pour découvrir l’histoire du territoire lyonnais à travers plusieurs thématiques en lien avec des quartiers en particulier : « Derrière les voûtes : redécouvrez les traces de l’histoire industrielle du quartier Confluence », « Gerland – Terreau fertile de la santé : découverte d’un territoire devenu pôle d’excellence initié par la dynastie Mérieux » ou encore « Biodiversité de la voie verte ». 

 

« Partez sur les traces de l’industrie de la soie à Croix-Rousse »

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Pentes de la Croix-Rousse. Photographie : M.L.

 

Profitant de l’effervescence muséal de la Nuit des Musées, j’ai assisté à une balade urbaine consacrée à la fabrication de la soie, son commerce et à son influence sur le territoire lyonnais. Cette balade prenait son départ directement dans le quartier Croix-Rousse sous la statue de Joseph Marie Jacquard, personnalité majeure pour la soie lyonnaise. La médiatrice, chercheuse en histoire, introduit l’histoire du lieu et son développement : l’arrivée des soyeux, propriétaires de maison de commerce de soie et des canuts, qui vendaient leur soie à ces soyeux, qui a développé l’urbanisation du quartier Croix-Rousse. Les quartiers liés à la production de soie ont une hauteur particulière : pour pouvoir installer les métiers à tisser, chaque étage a environ quatre mètres de hauteur sous plafond. De plus, ces immeubles ont de très hautes fenêtres, assez nombreuses pour avoir suffisamment de lumière pour tisser. Si elle était intéressante, l’introduction, de trois quarts d’heure pendant lesquels nous sommes restées statiques et debout, pourrait peut-être plus dynamique dans ce contexte de « balade ». La médiatrice nous a ensuite invitées à nous déplacer dans plusieurs endroits importants du quartier, comme l’ancienne entrée du funiculaire à « un sous » aujourd’hui transformée en métro ou devant les pentes de la Croix-Rousse où ont défilé à plusieurs reprises les canuts pour réclamer plus de droits sociaux. Les commentaires de la visite sont riches : mêlant architecture, urbanisme, histoire sociale et technique, racontant une histoire transversale et illustrée sous nos yeux par le territoire que nous parcourons. 

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Démonstration d’un métier à tisser à bras monté avec une mécanique Jacquard. Photographie : M.L.

 

La visite se conclut par un court moment au sein de la Maison des Canuts. Cet ancien siège du Syndicat des Tisseurs et Similaires a été réinvesti à partir des années soixante-dix par la COOPTISS, coopérative de tissage. Nous découvrons enfin un métier à tisser à bras, annoncé pendant la balade ; il est monté avec une mécanique Jacquard (un système de carte perforée qui permet de sélectionner les fils lors du tissage afin de faciliter la réalisation des motifs, cette sélection des fils étant auparavant réalisée à la main). L’intérêt de la Maison des Canuts est d’exposer des métiers en état de fonctionnement ; une médiatrice formée nous fait une démonstration afin de nous expliquer le fonctionnement et d’observer la minutie nécessaire des gestes, de voir danser les fils avec la navette et entendre le fameux « bistanclaque », bruits successifs du métier manipulé pour le tissage. Les tissus réalisés lors des démonstrations entrent ensuite dans les collections de la Maison. 

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Carte perforée indispensable pour le fonctionnement de la mécanique Jacquard. Photographie : M.L.

 

L’histoire en balade, une bonne idée ?

Sortir de l’espace du musée peut avoir ses inconvénients : la météo n’était pas avec nous le jour de la balade et il a fallu improviser un abri. C’est aussi un type de médiation qu’il est compliqué de rendre accessible pour toutes et tous puisqu’elle implique d’être debout pendant deux heures. Et, faute de jauge réduite, nous étions une vingtaine : il était parfois compliqué d’entendre tous les commentaires de la médiatrice.

Toutefois, ce type de proposition a de nombreux avantages. Sortir des murs, c’est peut-être l’occasion de toucher un public qui n’est pas forcément à l’aise entre les vitrines et les cartels. C’est aussi nous inviter à être dynamique, ce qui met en place d’autres types d’apprentissages, sollicitant l’ouïe et la compréhension par le corps de manière générale. C’est l’occasion de faire découvrir des savoirs en s’inscrivant directement dans le territoire, d’illustrer une histoire qui devient concrète puisque nous pouvons en observer les traces. C’est aussi permettre de découvrir un espace avec un angle spécifique ou de redécouvrir les espaces fréquentés au quotidien. 

En espérant que les beaux jours vous donnent aussi envie de découvrir les musées en dehors de leurs murs, vous trouverez ci-après d’autres idées de balades urbaines muséales ! 

 

Marine Laboureau

 

Pour aller plus loin :

 

#balade urbaine #histoire de la soie #hors les murs