Londres, le 11 novembre 2014

Chère Victoria and Albert Museum, Merci beaucoup pour votre accueil quand je suis venue visiter votre musée cette semaine.  Vos instructions sur votre site web étaient très claires et précises : j'ai facilement trouvé le musée.  Les prix des expositions temporaires sont abordables, surtout en sachant que les expositions permanentes sont gratuites.

Affiche de l'exposition Crédits photo : JC

En tant que visiteur, j'ai pu découvrir votre exposition, Wedding Dresses 1775-2014, sur les robes de mariage.  En tant que femme qui approche de la trentaine, avec toutes ses copines qui se marient en ce moment, j'ai trouvé l'exposition particulièrement pertinente sans trop nous asticoter (pour dire que les membres féminins de la famille qui demandent aux jeunes femmes de nos jours "quand est-ce que tu vas te marier ?" reproduisent une pression collective et un modèle. Certes, l'exposition ne choisit pas la glorification de la construction de la famille comme thème central, mais on vit une exposition au prisme de son expérience aussi.).  Je trouve que la façon chronologique de raconter l'évolution des robes de mariage était un bon fil à suivre pour le parcours muséographique, et de restituer le mariage de la Reine Victoria d'Angleterre avec le Prince Albert où la robe de mariage blanche est devenue à la mode.

J'aurais vivement recommandé votre exposition pour ceux -- ou plutôt celles -- dans ma tranche d'âge (c'est-à-dire, les femmes entre 20-35 ans nées dans un pays occidental et qui ont grandi sans handicap sans aucune autre envie que de vivre une histoire féerique en recherchant le Prince Charmant) ; mais heureusement, ou malheureusement selon votre regard, nous ne sommes pas tous et toutes les mêmes sortes de visiteur.  J'ai trouvé particulièrement absente l'interaction entre le musée et le visiteur : pour un sujet si individuel comme le mariage, il n'yavait aucune personnalisation dans le discours. Pour cela, j'ai préparé une liste des petites améliorations pour un plus grand public, sans dépenser trop d'argent (même avec votre mécène Waterford, la marque de la cristallerie mondialement célèbre, c'est la crise).  Sans délai :1.  L'accessibilité des publics.  Les mariées et les mariés ont  toutes les tailles et formes, mais l’exposition ne montre que très peu d'effort pour atteindre ces publics.  J'ai vu à l'entrée un livre avec tous les textes des cartels en grande police pour les malvoyants.  Bravo !  Mais sans contexte, comment pourrais-je savoir quelle robe va avec quel texte ?  Les ascenseurs se trouvent en dehors de l'exposition, ce qui veut dire que je dois sortir de l'exposition si je suis en fauteuil roulant ou si je ne peux pas monter desmarches pour l'étage.  Et alors, le discours est totalement interrompu.

Crédits : JC

2.  La diversification du discours.  Le mariage existe bien sûr dans différentes cultures.  Malgré la diversité ethnique du Royaume Uni, les robes exposées reflètent presque uniquement l'idée de la robe blanche occidentale.  Il est vrai que vous avez présenté des robes des femmes non-anglaises (notamment une mariée chinoise et une mariée nigérienne qui sesont mariées avec des Anglais avec les robes avec quelques influences de ses pays d'origine; également une femme qui voulait un style indien pour sa robe), mais aucune de ces robes ne parlait de l'histoire du mariage dans ces autres cultures, et donc l'influence sur le marché de nos jours. Je vous félicite pour l'inclusion des costumes pour les hommes dans le contexte du mariage pour tous.

Crédits : JC

3.  Je veux toucher les robes !  Je connais les problèmes soulevés par la conservation des textiles, et les robes de mariées ne font pas exception.  Mais vous parlez sans cesse de l'importance de la qualité du tissu, en otage en pleine vue derrière les vitres.  Qu'est ce qui se passe quand un enfant, qui n'est jamais allé dans un magasin de tissu ou qui n’a jamais touché les tissus riches, comprend si on dit que cette robe-ci est faite de soie, tandis que celle-là est faite de mousseline ?  A quoi servent les cerceaux trouvés sous les jupons ou les corsets ?  Un public savant saura que ces éléments étaient à la mode de l'époque, mais peut-être il n’en saura pas les raisons.  Peut-être  faut-il ajouter un petit atelier sur la fabrication de la dentelle, ou l'application des billes en verre pour montrer la main d'œuvre nécessaire pour réaliser chaque robe.  Comme votre collection est visible sur Pinterest, quel est l'intérêt à venir au musée si lavisite n'ajoute pas une autre dimension ?

4.  Laissez jouer l'imagination !  Je sais à quel point c’est nunuche, mais j'ai rêvé de ma robe de mariée depuis que je suis toute petite.  Après avoir vu toutes ces robes bien travaillées, j'avais tellement envie de partager mon avis sur les robes et faire "retravailler" la mienne dans l'imaginaire.  Ceserait "la cerise sur la pièce montée" de trouver un moyen de partager mes idées en s'inspirant de toutes ces robes présentées.  Imaginez si vos visiteurs pouvaient trouver à la fin de l'exposition un logiciel interactif pour créer sa propre robe de mariage, et de l'envoyer à sa boîte mail ? Encore plus loin, sur votre site web peut-être vous pouvez proposer de "pinner" les créations du public sur Pinterest ?

5.  Laissez-moi témoigner!  Une grande lacune est le manque de conversation entre le musée et le visiteur.  Plus concrètement, le musée alimente le visiteur, mais le visiteur ne peut pas alimenter le musée.  En 2011 pour le mariage du Prince William et Kate Middleton, le monde a été témoin de la cérémonie la plus diffusée dans le monde.  Ceci est particulièrement touchant pour la population régulière du musée car le lieu royal du mariage, Westminster Abbey, se situe seulement à quatre arrêts de métro du musée, on y est en quinze minutes. Les vidéos des mariages royaux britanniques depuis le 20ème siècle sont diffusées dans la salle, mais il n'est pas possible d'ajouter ses sentiments--et vu les chiffres des spectateurs pour le mariage de Will et Kate ,la population anglaise, et le monde entier d'ailleurs, ont quelque chose à partager.  Je propose de créer un tableau interactif pour ajouter les souvenirs du public de ces jours.  Selon les âges des visiteurs, le musée peut cueillir des souvenirs de la cérémonie de la Reine Elizabeth et le Prince Philip en 1947, le mariage du Prince Charles et Lady Diana en 1981, et bien sûr le mariage de Will et Kate.  Laissez-nous la parole, et vous augmentere zénormément notre expérience en tant que visiteur.

Crédits : JC

 

J'espère que vous ne prenez pas mal ces recommandations, j'avoue que celles-ci visent à vous aider pour ne pas capter uniquement les 40 autres femmes (moi y compris) qui visitaient alors l'exposition. Comme j'ai beaucoup entendu parler de vos efforts d'accessibilité et d'interactivité dans les expositions du passé, honnêtement je m'attendais à plus d'interactions. Merci pour votre attention.  Je vous invite à me contacter pour toutes questions (ou offres d'emploi auprès de votre service des publics). Veuillez agréer l’expression de ma considération distinguée,

Mademoiselle CARLSON

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