Comme l’ont sans doute déjà remarqué nos nombreux abonnés et lecteurs assidus, l’Art de Muser s’adresse en tout point à une cible en particulier : vous, muséophiles en herbe ou muséologues aguerris, amateurs d’art ou experts en histoire de l’art !

Or, à force de nous faire pâlir d’envie avec des visites de musées toujours plus attrayantes, ou des comptes-rendus d’expositions qui inciteraient presque les personnes atteintes du syndrome de Stendhal [1] à vaincre leurs angoisses, ce blog en oublie parfois que certains ne trouvent plus le temps de vaquer à d’autres occupations. Mais rester assis face son écran d’ordinateur pour lire les articles publiés sur ce blog (avouons-le, c’est difficile de s’arrêter une fois que l’on a commencé) n’est pas l’idéal pour se maintenir en forme physiquement.

Sans oublier ces professionnels du secteur, qu’ils soient muséologues ou sociologues reconnus dans le monde entier qui n’hésitent pas à se priver de nourriture, et à sauter des repas dans la journée afin de gagner du temps pour enchaîner des visites à la pelle. (Nous ne citerons pas le nom de ces personnes qui tiennent à rester anonymes). Nous évoquerons plutôt les sportifs, et on sait à quel point ils sont nombreux à nous suivre (si, si !). Peu importe que vous soyez un athlète confirmé, ou un simple sportif du dimanche, vous vous retrouverez forcément dans cet article.

Notre sujet : notre corps, sa dépense au musée !Si vous avez l’immense privilège de vivre à New-York, vous pourrez pratiquer vos séances de yoga au Brooklyn Museum avant d’accéder aux collections de l’institution [2]. Avouons que ce n’est pas donné à tout le monde, hormis si vous êtes l’heureux détenteur d’un jet privé qui vous permettrait de faire l’aller-retour. De manière plus réaliste, pour un Français, l’une des meilleures solutions demeure Paris qui regorge de musées pour tous les goûts, et plus abordables qu’un billet pour New-York. Quoique, « petits budgets », quand nous voyons le prix d’entrée de la majeure partie d’entre eux... Mais là encore, l’éternel débat sur la gratuité dans les musées n’est pas à l’ordre du jour.

Yogaau Brooklyn Museum de New-York © Musée-Oh !

Toutefois, Paris n’est pas à portée de tous, non plus. Et emprunter les transports en commun ne maintient pas la forme physique. Amoins que vous ne vous laissiez tenter par des pompes ou autres exercices d’abdominaux dans le métro, le RER, voire même les escalators à vos risques et périls. Et cela ne préservera pas forcément de faire la queue à l’extérieur des musées, où l’on ne va pas s’adonner à des pratiques sportives, mais à un lent piétinement.

Ah bien heureux les détenteurs de cartes ICOM et autres cartes de guides-conférenciers dispensés des files d’attente ! Une fois à l’intérieur, autant le dire : qui oserait pratiquer des fractionnés ou se servirait d’une corde à sauter au sein d’une salle d’exposition remplie de vitrines ? Si l’on tient compte du fait qu’il est parfois à peine permis de se déplacer librement sous peine de se faire mettre à la porte [3], ou que l’accès peut nous être refusé selon notre tenue vestimentaire [4] ; qui tenterait de faire un footing en tenue de sport dans les locaux d’un musée parisien ?

Alors, si vous ressentez toujours cette furieuse envie de vous dépenser, et que vous avez cette chance immense de vivre dans cette magnifique région que sont les Hauts-de-France (qui rappelons-le tout de même, est la deuxième plus grande région de France en matière de densité de musées par habitant, rien que ça !), nul besoin d’aller bien loin ! En effet, le Musée de Flandre à Cassel a la solution pour vous, et se fera le plaisir de vous proposer une activité mêlant balade en pleine nature, et découverte des collections de ce riche musée à travers une exposition autour de l’art contemporain. Intitulée « A poils et à plumes », cette exposition est programmée jusqu’au 9 juillet 2017 (raison supplémentaire pour vous y rendre au plus vite !)

Affiche de l’exposition "A poils et à plumes"

Musée de Flandre àCassel © Joanna Labussière

Qui l’eut-cru, et par ailleurs me direz-vous, quel est l’intérêt, un dimanche après-midi, de se rendre à une exposition – qui plus est sur l’art contemporain – à laquelle nous craignons de ne pas comprendre grand-chose ? Mais surtout, où est le sport dans tout ça ? L’avantage ici, c’est que cette visite s’adresse à un large public, dans la mesure où vous le verrez par la suite, elle peut être pratiquée autant par les enfants que par les personnes d’âge mûr. La seule condition étant de savoir se servir de ses deux jambes et d’aimer marcher (Marcher avec un grand M).

Concernant l’exposition, inutile d’être doctorant en histoire de l’art, ou spécialiste international de la représentation animale dans l’art contemporain. Qu’on se le dise aussi, les animaux ça plaît aussi bien aux petits qu’aux grands. Enfin, avec les beaux jours qui approchent (si, si on vous assure il y’a parfois du soleil dans le Nord), vous n’aurez plus aucune excuse !

Alors, c’est parti pour cette escapade ! Les amoureux de la nature s’en trouveront d’autant plus comblés. « Du haut de ses 176 mètres, la charmante petite ville de Cassel domine merveilleusement la plaine de Flandre. C'est depuis le sommet du mont Cassel, sur lequel se dresse un joli moulin à vent en bois du XVIIIe siècle, que les promeneurs pourront bénéficier d'une belle vue sur la campagne environnante » [5].

Le Moulin de Cassel ©Samuel Dhote

Et le Musée de Flandre ? « Situé à Cassel, au sommet du mont de Flandrele plus élevé, le musée départemental de Flandre […] favorise le dialogue entre œuvres anciennes et créations contemporaines, de la culture flamande du XVème siècle jusqu’à aujourd’hui, au-delà des frontières. » [6]

Si vous souhaitez profiter pleinement de la balade bucolique, l’idéal pour vous est d’aller en train jusqu’à la gare de Cassel (la surprise sera d’autant plus grande). Jusqu’ici rien de compliqué donc. Si vous avez en plus le privilège de passer par la garede Hazebrouck, vous pourrez vous sustenter au Monop’Station où vous attendent quelques spécialités régionales.

Nous vous recommandons chaudement le beignet chocolat-noisette surgelé « pas piqué des hannetons ». Cet encas vous sera d’autant plus recommandé compte tenu de ce qui vous attend par la suite. Profitez également de votre trajet pour charger votre téléphone parmi les prises disponibles dans votre wagon (en espérant qu’il y en ait), car vous allez avoir besoin de batterie (pas de panique, on y vient).

Une fois le bitume de la gare de Cassel franchi, débute votre périple. Car si vous avez omis de vérifier les informations indiquées sur le site du musée, la gare de Cassel n’est pas située à Cassel même, mais à Bachinvore, à environ une trentaine de minutes du musée. C’est ce qu’indique entout cas l’application Plans pour iPhone, car il faut bien le dire : nul panneau n’indique la direction à prendre pour se rendre au musée depuis la gare.

Qu’à cela ne tienne, après tout, une demi-heure de marche, ce n’est pas la fin du monde ! Excepté quand le GPS ne précise pas que ce musée en question se trouve au sommet du mont de Flandres (si vous avez bien retenu), et qu’il va falloir grimper un minimum. Il ne s’agit pas non plus de l’ascension du Mont-Blanc vous allez me dire, mais c’est tout de même une sacrée surprise. Une surprise tout compte fait des plus agréables tant cette ascension vaut le détour, et vous allez rapidement vous rendre compte pourquoi !

C’est à partir d’ici que votre GPS devient véritablement votre allié le plus précieux ! Il vous suffit simplement de suivre ses indications, et d’emprunter la route goudronnée à votre gauche après avoir quitté la gare. Une fois sur cette route, rien de bien difficile : vous continuez tout droit, en longeant le parking qui se situe sur votre droite. Prenez garde aux véhicules qui circulent si véhicules il y’a, car le trottoir est tout simplement inexistant (on vous aura prévenus). Profitez-en pour admirer les quelques commerces aux alentours, car ce sont les derniers que vous serez amenés à croiser jusqu’à votre destination finale.

Continuez dans la même direction jusqu’à la prochaine intersection, puis tournez à droite. Et là : SURPRISE ! Avouez qu’on vous a bien mis l’eau à la bouche et que ça valait le coup de patienter ! On vous prévient tout de même : inutile de vous attendre à un environnement urbain, et préparez-vous plutôt à atterrir dans un cadre purement rural. Pour vous plonger dans l’ambiance : imaginez-vous en train de vous promener en pleine campagne, sur une route goudronnée séparée par une clôture où s’étend du côté inverse des champs à perte de vue.

© Annaëlle Lecry

Aucun bâtiment à l’horizon, si ce n’est une ou deux bâtisses. Pas à un bruit, à part le bruissement des feuilles caressées délicatement par le doux vent du Nord, et le sifflement mélodieux des oiseaux. Sans parler de cette sublime odeur quasi impossible à décrire telle quelle, mais que vous reconnaîtrez forcément dès lors qu’on évoque la campagne, LA VRAIE Bouffée d’air frais garantie, de quoi réoxygéner vos poumons de citadins contaminés par la pollution. Et si avec un peu de chance, il fait grand beau comme on dit dans le coin, le soleil achèvera de réchauffer votre petit cœur débordant d’euphorie face à tant de magnificence. Avouez que ça fait rêver, et que notre surprise est de taille !

© Annaëlle Lecry

Pour en revenir à l’itinéraire, rien de bien compliqué puisqu’il vous suffira de continuer tout droit. De ce fait, vous n’aurez plus les yeux rivés sur votre smartphone, mais levés au ciel de sorte à pouvoir observer ce paysage unique qui s’offre à vous. Petit plus : le chemin goudronné qui laisse place à un sentier forestier. Une balade en pleine nature qui permet de se déconnecter de la réalité, et en même temps de se reconnecter à soi-même, loin des tumultes de la ville. Léger inconvénient : la montée qui vous attend vous laissera sans doute quelques courbatures le lendemain. Mais cette promenade vous transportera dans un tel état d’euphorie, ajouté à ça les endorphines libérées par votre cerveau.

Fermez les yeux et projetez-vous dans cette atmosphère bucolique emprunte de sérénité. Tentez de mettre vos sens en éveil et laissez venir les émotions qui s’offrent à vous. Non, vous n’êtes pas au cœur d’une séance de médiation, mais la promesse de ces sensations doit bien vous donner une raison supplémentaire de partir à la découverte de la faune et la flore casseloises. Clou du spectacle : l’arrivée à Cassel, avec son architecture flamande pleine de charme, et son panorama. Petit bijou architectural, le Musée de Flandres sera le bouquet final avec sa remarquable collection flamande.

© Annaëlle Lecry

© Joanna Labussière

Si après ces arguments, nous n’arrivons pas à vous convaincre, au moins nous aurons eu le mérite d’avoir essayé. Toujours est-il que vous avez la preuve qu’il est désormais possible de concilier activitéphysique et flânerie muséale. Ne dit-on pas d'ailleurs : pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière et visitez cinq musées par semaine ? Surtout, ne perdez pas de temps car l’exposition « A poils et à plumes » est visible jusqu’au 9 juillet au Musée de Flandre. Exposition présentée dans un autre article que nous vous invitons vivement à lire : http://lartdemuser.blogspot.fr/2017/06/a-cassel-le-cri-sourd-des-animaux.html .

                                                                                                                                 

Joanna Labussière

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Pouren savoir plus sur le Musée de Flandre de Cassel : http://museedeflandre.lenord.fr/fr/Accueil.aspx

Plusd’informations sur le patrimoine culturel et naturel flamand : http://www.tourisme-nordpasdecalais.fr/Arts-Culture/Patrimoine/Les-paysages-flamands-des-panoramas-a-couper-le-souffle


[1] Syndromede Stendhal – Vulgaris Médical, définition : trouble psychosomatique qui se caractérise par une surcharge d'émotions chez les voyageurs en admiration devant une œuvre d'art (http://www.vulgaris-medical.com/encyclopedie-medicale/syndrome-de-stendhal).

[2] CASEDAS Claire, [Génial ou Grotesque ?] Suez au musée !, dans Musée-Oh !, publié le 10 mars 2017, [en ligne] : http://musee-oh.museologie.over-blog.com/2017/03/genial-ou-grotesque-suez-au-musee.html

[3] RANC Agathe, Le musée d’Orsay (de nouveau)accusé de discriminer des élèves, dans L’Obs,publié le 8 avril 2017, [en ligne] : http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20170408.OBS7755/le-musee-d-orsay-de-nouveau-accuse-de-discriminer-des-eleves.html

[4] ADAOUST Camille, On me traite comme une criminelle, sur FranceInfo, publié le 24 janvier 2017, [en ligne] : http://www.francetvinfo.fr/culture/quand-s-arretera-la-discrimination-une-jeune-femme-gothique-raconte-comment-le-louvre-lui-a-refuse-l-entree-a-cause-de-son-apparence_2033649.html

[5] Cassel – Guide Tourisme & Vacances : http://www.france-voyage.com/tourisme/cassel-1151.htm

[6] Musenor– Cassel, Musée départemental de Flandre : http://www.musenor.com/Les-Musees/Cassel-Musee-Departemental-de-Flandre