Face à l’église Saint-Martin de Wormhout, une ruelle mène au Musée Communal Jeanne Devos. Un musée ? Une maison en réalité. C’est à peine si l’on ose passer le pas de la porte de son propre chef, craignant de s’introduire avec désinvolture


© Katia Fournier

Face à l’église Saint-Martin de Wormhout, une ruelle mène au Musée Communal Jeanne Devos. Un musée ? Une maison en réalité. C’est à peine si l’on ose passer le pas de la porte de son propre chef, craignant de s’introduire avec désinvolture dans une propriété privée. Une fois qu’on vous a invité à entrer, ne cherchez pas de signalétique, vous venez de pénétrer dans la maison de Mademoiselle Devos.

La guide et gardienne de ce lieu sanctifié est la dernière personne ayant vécu auprès de « Mademoiselle » comme elle le raconte. Yvonne, de son prénom, fera la médiation mieux qu’aucun dispositif ne pourrait le faire. Elle vous invite à vous asseoir dans une petite salle, autour d’une table recouverte de prospectus et de flyers comme en sont remplis les présentoirs à l’accueil des musées. C’est là que débute l’histoire. Comment Jeanne Devos est-elle devenue propriétaire de cet ancien presbytère ?  Pourquoi est-elle devenue photographe ? Comment s’est déroulée sa vie ? Après cette introduction biographique, nous sommes invités à visiter la maison. Au fil des salles, la guide détaille le mobilier, précise sa provenance et leurs créateurs qui sont de nombreux admirateurs et amis de Melle Devos. Chaque pièce semble avoir été laissée telle quelle après la mort de Mademoiselle Devos, et c’est bien le cas.  

Le plus frappant lors de la visite de ce musée, est le comportement que l’on y adopte. Loin des conventions imposées dans certains musées contrariés par la trop grande proximité entre le visiteur et l’œuvre, au Musée Communal Jeanne Devos, la guide invite à manipuler les stéréoscopes, ou à feuilleter les albums durant des heures si le cœur nous en dit. Mais le plus incroyable, est la simplicité avec laquelle nous sommes reçus. S’asseoir à table, dans la cuisine de Jeanne Devos, autour d’une cannette de jus de fruit, tout en discutant des mœurs d’antan, cela frôle le surnaturel. En apparence, la maison s’est figée. Du rez-de-chaussée au grenier, ustensiles de cuisines, mobilier, jouets d’antan, photographies et bien d’autres objets de l’époque permettent cet arrêt sur image. Cependant, le musée vit. Comme propulsé vers le passé, le visiteur qui fera la connaissance d’Yvonne, vivra avec elle au temps où Mademoiselle parcourrait encore les différents étages de la maison. 

 Le temps nous échappe lorsque l’on « fouine » dans cette maison comme on le ferait dans le grenier de l’un de nos aïeuls. Pour s’arracher à cette curiosité qui nous pousse à parcourir tous ces albums qui se sont accumulés sur les tables, il suffit d’apercevoir le magnifique jardin qui s’étend derrière la maison. La guide vous y attendra par beau temps, assise au soleil, sur l’une des jolies chaises du salon de jardin. Dans le fond, nous sommes peut-être chez Jeanne Devos, mais aussi chez Yvonne.

Ce jardin a une particularité très surprenante. Au bout du sentier s’élève une stèle où reposent Jeanne Devos et l’abbé Lamps, qui a permis à Mademoiselle Devos de découvrir ce talent de photographe qui sommeillait en elle. 

Le Musée Communal Jeanne Devos est une curiosité à ne pas manquer. Les amateurs de la photographie y découvriront ou y redécouvriront les clichés de Mademoiselle Devos. Les amoureux du Nord-Pas-de-Calais se délecteront des souvenirs figés en noir et blanc mais aussi en couleur de la région. Les amateurs de musées y trouveront un concept de « musée-témoin-vivant » qui incite à la réflexion quant à l’importance et à la portée des témoins réels. Yvonne vous accueille du 1er avril au 31octobre contre 2 euros, les lundis, mardis, jeudis, vendredis et samedis de 14h00 à 17h00. Et le 1er dimanche du mois de 15h00 à 18h00. Et du 1er novembre au 31 mars, les lundis, jeudis et samedis de 14h à 17h. 

Katia Fournier