C’est en déambulant au milieu d’un superbe parc de mille hectares que l’on peut découvrir les ruines d’une église abbatiale cistercienne, une chapelle dans laquelle se dévoile des fresques du Primatice ou encore un musée, ancienne abbaye aménagée en château au XIXème siècle.
C’est la faute à Rousseau
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Le nouveau parcours est fluide et très agréable à éprouver car les types d’accrochage alternent entre des vitrines (des tables ou murales) et un accrochage plus classique. Par ailleurs, la diversité des supports présentés attise la curiosité du spectateur qui peut admirer des partitions ou manuscrits originaux, des sculptures, des dessins, des gravures, de l’audiovisuel, etc.
Le risque, avec les collections monographiques, est de basculer dans un parcours purement chronologique et donc beaucoup plus fastidieux. Cependant, cette difficulté a été contournée avec brio car la partie Jean-Jacques Rousseaua été structuré selon des thèmes facilement identifiables. En effet, chaque salle comporte deux ou trois panneaux explicatifs qui n’ont pas pour ambition d’être encyclopédiques sur la question abordée mais ils permettent, dans un langage clair et ordonné, d’obtenir quelques clés de compréhension et, surtout, autorise la curiosité du spectateur qui peut être amené à approfondir un aspect du philosophe. Ces grands cartels codifiés par couleur selon l’ambiance de la salle, apportent une visibilité dans la logique d’exposition et permet de ne pas perdre le spectateur.
Les choix muséographiques sont pertinents car outre la biographie de Rousseau et son rapport entre les femmes, l’éducation et les plantes, il est mis en évidence d’autres aspects moins connus. Ainsi, on découvre un Rousseau habité par la musique et surtout sa méthode d’écriture chiffrée qui est explicitée ainsi que la réception de cette dernière. C’est d’ailleurs au sein de cet espace qu’un extrait de la musique de Rousseau est diffusé. Deplus, la dernière pièce met en avant la postérité de ce grand personnage non pas en abordant le sujet de manière trop intellectuel mais en mettant en évidence le culte voué à Rousseau, la « Rousseau mania », grâce à des statuettes, des cartes à jouer ou encore des tasses à son effigie, tel une marque dérivée. Cette présentation apporte une dose d’humour qui se poursuivit par le thème « Rire avec Rousseau », confrontant le spectateur à des visions négatives du personnage par le biais de caricatures parues dans des journaux de l’époque.
Cette nouvelle scénographie, outre le fait de ne pas être mise à la portée des enfants, comme par exemple la hauteur des tables vitrines, présente Rousseau tel qu’on le connait tout en révélant certaines parties de sa personnalité souvent occultées. Mais surtout, l’intelligence de cet espace dédié à Rousseau se mesure par le parti pris qui n’a pas été de peindre le portrait de ce personnage tel que l’on pourrait se l’imaginer mais tel qu’il était : un homme aux multiples facettes.
« Ce que je sais bien, c’est que l’Identité du moi ne se prolonge que par la mémoire, et que, pour être le même en effet, il faut que je me souvienne d’avoir été. » Rousseau, « Profession de foi du Vicaire Savoyard », Emile, livre IV.
Un musée : une quête d’identité ?
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Dans ce musée, Rousseau est, certes, mis à l’honneur mais il ne représente qu’une infime partie de l’établissement. Ainsi, le reste du musée présente une collection hétéroclite d’objets (mobilier, peinture, vaisselle, etc.) qui paraissent plutôt entreposés qu’exposés. En effet, la présentation de la collection rappelle les marchés aux puces, parfois les cabinets de curiosité, invoquant le désordre et la confusion. De plus, la logique de présentation tente difficilement de suivre un ordre chronologique.
Par ailleurs, aucun véritable sujet ne semble réunir toutes les pièces présentées. On remarque en effet, que la « partie Rousseau » est clairement définie car lorsque l’on commence celle-ci un petit cartel informe le visiteur qu’il entre dans un espace où les collections gravitent autour d’un unique thème. Cependant, le spectateur ne peut déterminer la partie qu’il a, en principe, découvert avant puisqu’il n’a pas bénéficié d’un cartel définissant un quelconque sujet, ce qui est bel est bien symptomatique du problème d’identité.
Ainsi, bien qu’aucun scénographe ne soit intervenu dans l’espace des collections, cette manière de présenter les objets ainsi que l’absence de sujet clairement défini apparaissent un peu plus compréhensibles lorsque l’on connait l’histoire du lieu. En effet, Madame Jacquemart-André avait acheté l’ancienne abbaye afin d’entreposer sa collection d’objet d’art et, il était spécifier dans le lègue de la collection, la volonté de conserver l’esprit du collectionneur, d’où cette idée d’accumulation.
C’est donc au cœur d’un magnifique écrin que le musée de l’abbaye de Chaalis vous accueille chaque année lors des célèbres « Journées de la rose », uniquement le dimanche (10h30-12h30 et13h30-17h30) lors de la saison hivernale, puis tous les jours lors de la saison estivale (11h00-18h00).
Il est a noté que le parc, la roseraie, la chapelle et l’église abbatiale sont ouverts toute l’année de 10h00 à 18h00.
En ce qui concerne le tarif comprenant l’accès au parc, à la roseraie, à l’église et la chapelle abbatiale ainsi qu’au musée, il est de 7 euros (tarif plein), de 5 euros (étudiants ou groupes adultes) ou de 3.50 euros (groupes scolaires de l’école primaire au lycée).
Alizée Buisson