Sortez donc du U-Bahn Potsdamer Platz – ce cher métro berlinois - et passez devant l'édifice qui abrite la Berliner Philarmoniker (l'orchestre philharmonique de Berlin), en suivant la Potsdamerstraße, vous voilà face à un bâtiment à l'architecture étonnante mais quasi-vide.

Vue extérieure de la Neue Nationalgalerie © Camille Françoise

 

Le bâtiment a été conçu par l'architecte américain d'origine allemande Ludwig Mies Van der Rohe pour abriter les collections d'art du 20ème siècle. Métal et verre, sont les principaux matériaux de ce qu'on nomme « le Temple de la lumière et du verre », le tout soutenu par des piliers d'acier donne à cette construction une allure lumineuse et épurée ; la dernière œuvre, réalisée du vivant, de MvDR est devenue un symbole de l'architecture moderne. 

Mais cette architecture intrigante pour un musée laisse place à de nombreuses questions relatives à la conservation des œuvres. Comment est-il  possible de concilier conservation des œuvres et expositions aux publics avec un édifice laissant une place aussi déterminante à la lumière ?  

Vue intérieure de la Neue Nationalgalerie  Crédits : Camille Françoise

 

L'entrée et la salle supérieure (espaces très lumineux) ne peuvent pas se permettre d'abriter tous les types d’œuvres. Le placement des œuvres se fait, donc, en fonction de la conception du bâtiment qui n'est pas adapté aux contraintes de conservation. La Neue Nationalgalerie fait donc le choix de mettre en place des expositions temporaires avec une scénographie adaptée à cet espace. Il s'agit ainsi de réaliser des cimaises protégeant l'intérieur de l'exposition et ses œuvres de l'extérieur très lumineux mais également des installations qui ne nécessitent pas une prévention aussi soignée.

Il est vrai que le bâtiment est un délice pour les yeux, mais c'est au dépend de la mise en valeur d'une partie des collections. Il est donc obligatoire de créer une scénographie en cimaises englobantes pour protéger les œuvres ou de mettre des œuvres inaltérables, et cette obligation à un prix. Cependant, le reste du musée est pensé en opposition à la lumière puisqu'il faut descendre dans le ventre du musée pour découvrir le reste des collections. C'est l'étage inférieur qui abrite les principales collections du 20ème siècle.  

 Lux et Oriente 1959© Adolph Gottlieb

Les salles sont présentées par thématique. La première nous ouvre les portes de la collection par une vision d'après-guerre avec le nom « les arlequins fous devant les ruines de la guerre » donnant à voir des œuvres de Wols, Hans Grundig ou encore Heinrich Ehmsen. Cette première salle est la seule qui propose une scénographie des œuvres, différente. En effet, le visiteur peut tourner autour des œuvres puisqu'elles sont encadrées par deux longues barres en métal verticales et disposées de manière faussement aléatoire. Les thèmes ne répondent pas à un standard mais plutôt à un sujet particulier ou sur un mouvement comme on peut le voir avec la salle « peinture informelle » avec des œuvres de Soulages, Tapies, Gottlieb, Yves Klein. On peut également y voir des œuvres des Nouveaux Réalistes, de Warhols, Bacon, et autres artistes de référence.

Cet édifice qui interroge sur les enjeux de l'architecture muséale, est un endroit complexe, jouant sur l'horizon vide jeté aux yeux du visiteur au premier abord, contrastant avec l'image du Musée « collectionneur de la profusion » et questionnant toujours sur la prise en compte des contraintes de conservation et des véritables volontés de l'architecte.

Camille Françoise

 Neue Nationalgalerie

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