Rêver c'est se permettre toute sorte de transgression, c'est l'imaginaire en liberté. Le rêve est créatif et les artistes aiment rêver.« Marcher dans le rêve d'un autre », voilà le titre de la Biennale d'Architecture d'Orléans organisée par le FRAC Centre-Val de Loire.
© Patrick Bouchain
Pour« Marcher dans le rêve d'un autre », il faut parcourir l'imaginaire. Il n'y a pas qu'au FRAC que la Biennale prend lieu, il faut marcher dans la ville, dans la région. Il faut véritablement se mettre en mouvement physiquement et intellectuellement pour rêver. Les rêves s'inspirent de nos habitudes, mais les rêves sont absurdes. La Biennale bouleverse alors le FRAC, la ville d'Orléans,et la région Centre-Val de Loire en créant de l'imaginaire, en nous faisant vivre autrement les espaces.
Tout commence avec le FRAC. Patrick Bouchain, l'architecte invité d'honneur de la Biennale, a décidé de retourner le bâtiment. Je suis orléanaise et j'ai l'habitude d'aller au FRAC mais cette fois-ci tout est inversé. L'entrée est à gauche et non plus sur la droite, le parcours commence par ce qui auparavant le terminait et le visiteur a accès à de nouveaux espaces. Ce geste permet de découvrir l'espace autrement, d'avoir un regard nouveau. Ce qui était avant le hall avec l'espace d'atelier est maintenant devenu le« Haut lieu de l'Hospitalité » pensé par Patrick Bouchain.
Comme dans beaucoup de ses projets, c'est la vie qui est au centre. Le nouvel espace est donc plus accueillant, il invite à s'asseoir, s'installer, lire, discuter, échanger. L'ambiance est intimiste, beaucoup de voiles sont déployés sur la structure intérieure du bâtiment et les lumières sont douces. Même si peu de visiteurs s'installent vraiment dans ce « Haut lieu de l'hospitalité » comme le définit Patrick Bouchain, cela permet de voir le musée autrement. C'est un espace qui accueille la vie et non des œuvres mortes. Ce lieu de partage coloré et reposant crée surtout un vrai temps de pause dans la visite de l'exposition. Pour continuer à rêver et « Marcher dans le rêve d'un autre », des installations d'artistes invités pour la Biennale prennent place dans ce lieu de convivialité (puits de lumière de Lucia Koch, livres de Lukas Feireiss, sculptures de Pierre Bernard).
Haut lieu de l'Hospitalité » © C.D.
Puits de lumière, Lucia Koch © FRAC Centre. Sculptures Pierre Bernard ©C.D.
Dans l'exposition, des éléments appellent au rêve et à l'imaginaire.Beaucoup de couleurs, des lumières intimistes, des passages par des rideaux à ouvrir qui suscitent la découverte, des maquettes disposées de façon anecdotique. Les titres des séquences déterminent les liens entre le fond du FRAC sur l'architecture et cette biennale sur le rêve : « Utopies »,« Paysages », « Architectures », « Haut lieu de l'Hospitalité », « Patrick Bouchain :tracer, transmettre », « Emotions ». Il s'agit d'une biennale de collection et donc certains projets et certaines œuvres ont déjà été présentés lors d'expositions antérieures.Même s'ils sont montrés selon une thématique nouvelle et en regard avec d'autres œuvres, le FRAC a demandé aux artistes invités de créer des œuvres originales spécialement pour cette biennale, ce qui évite l'impression de visiter toujours la même exposition.
Portes rideaux, « Emotive City » Minimaforms, « How to Build Without a Land Blueprint » Saba Innab, ©C.D.
La séquence de cette exposition la plus inédite reste celle dédiée à Patrick Bouchain qui a fait don de ses archives au FRAC en 2016. Il s'agit d'une monographie de l'architecte, en lien avec la thématique de la biennale. La diversité des archives rend la monographie dynamique : maquettes, carnets de recherche, documents d'archives, photographies,etc. Cette séquence est pensée comme l'entrée dans le cabinet de curiosité de l'architecte, dans son atelier mental où le visiteur peut avoir accès à son imaginaire et donc est lui-même invité à rêver. Beaucoup de ses carnets sont exposés et des reproductions sont mises à disposition du public pour pouvoir les manipuler et être au plus près du processus de réflexion et de création.
Séquence« Patrick Bouchain : tracer, transmettre », © C.D.
La visite au FRAC une fois achevée, le rêve n'est pas terminé. C'est finalement en sortant qu'on se rend compte que tout fait écho et que le rêve continue. Impression de déjà vu face à ce drapeau et à cette installation à l'entrée du FRAC. Dans la ville, je peux encore imaginer. Rue de Jeanne-d'Arc, les drapeaux traditionnels ont été remplacés par des drapeaux d'architecture expérimentale conçus pour l'occasion par la scène espagnole, les motifs me sont familiers car vus au FRAC. Le rêve peut même se poursuivre dans d'autre villes, dans toute la région. Si je vais à Fleury-les-Aubrais je peux découvrir les œuvres de Mengzhi-Zeng en résidence au Centre Hospitalier Daumezon et dont des maquettes sont présentées au FRAC. Et à Amilly je peux découvrir les projets rêvés par Guy Rottier.
Nidhal Chamekh ©C.D., Anonyme © C.D., José Maria Yturralde © C.D., Rue Jeanne-d'Arc © FRAC Centre
Pour« Marcher dans le rêve d'un autre » il faut franchir les espaces s'autoriser la divagation, l'absurde, la transgression, comme ont pu le faire les architectes et artistes présentés à la Biennale.
C.D.
#architecture#rêve#imaginaire
Pour en savoir plus :
Biennale d'architecture d'Orléans du 13/10/2017 au 01/04/2018
Lieux de la Biennale :
Dans la ville :
Dans la région :