Après le monde du hip-hop et les friches industrielles, la Maison Folie de Wazemmes profitait d'un « Fantastic » élan pour nous faire découvrir l'univers de la science-fiction. Sobrement intitulée Science et Fiction, cette exposition, réalisée par la Cité des Sciences et de l'Industrie, en partenariat avec Ankama et Science Fiction Archives, nous proposait jusque mi-janvier un voyage initiatique aux portes de l'irréel.
Retour vers le futur !
© Imaginelf
L'exposition abordait le genre de manière très large, dans le but de faire dialoguer sciences et fiction. Pour les non-initiés à ces mondes remplis de robots, vaisseaux spatiaux et monstres en tous genres, pas de panique ! Si les fans y trouvaient leur compte, les novices n'étaient pas oubliés. Ainsi, en abordant des thèmes précis, le propos général n'était jamais noyé sous un trop-plein d'informations. Du rêve d'alunissage aux sociétés robotisées, le tout illustré par les incontournables du genre que sont les films Stargate, Star Wars ou encore Dune. L'exposition ne surprenait pas dans son discours et même si la partie sur la robotisation de nos sociétés et la multiplication des puces RFID (Radio Frequency Identification) se permettait d'être critique, ce n'est pas là qu'il fallait chercher la force de cette exposition. Mais alors où ?
C'est dans la scénographie que résidait le potentiel de Science et Fiction. Cela paraît évident pour un genre qui a toujours été soigneux de son esthétique (les costumes exposés en témoignent). La scénographie donc, était très travaillée et les jeux de lumière participaient astucieusement à l'immersion du visiteur. Obscurité des lieux, jeux d'ombres, éclairage particulier pour les cartels ; la lumière était un point fort de l'exposition. S'il fallait associer un sens à cette exposition c'est bien la vue qui était mise à l'honneur. Qu'en est-il alors des publics mal ou non-voyants ? C'est à cette question que répondait tout un ensemble d'outils de médiation adaptés à ce public.
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En effet, l'éventail des outils utilisés était large. Chose la plus commune peut être, la transcription des cartels en braille. Une grande partie des panneaux introductifs étaient traduits. Dispositif plus rare, le braille était toujours accompagné de motifs en relief qui figuraient les thèmes abordés : combinaison spatiale, fusée, planète, robot, etc. En plus de permettre une meilleure compréhension de l'exposition et d'appuyer les écrits en braille, ce dispositif rendait le lieu accessible à des personnes non voyantes qui ne liraient pas le braille. Ces motifs jouaient, bien sûr, sur les formes des objets et en particulier leurs contours mais aussi sur leur texture. En proposant différents « grains » en relief la représentation spatiale de l'objet était plus aisée. Cela permettait d'appréhender plus facilement les objets mais aussi leur échelle. Dès lors, ce dispositif d'écriture en trois dimensions, couplé aux ambiances sonores du lieu nous plongeait tout entier dans un univers futuriste. Notons que de nombreux visiteurs, qu'ils soient malvoyants ou non, se laissaient aller à cette expérience tactile.
Autre outil de cet ensemble : l'audio-description. L'exposition comportait de nombreuses vidéos. Et même si elle étaient toutes accompagnées d'une voix off, le côté technique de certaines pouvait être incompréhensible sans l'image. L'audiodescription jouait donc un rôle important dans le décryptage de ces vidéos. Elle permettait, par exemple, de mieux apprécier le contexte de chaque vidéo et son environnement. Plus que cela, ce dispositif faisait appel à des images, des représentations qui permettaient à l'individu de ne pas se limiter à une visite sonore des lieux.
Thibault Leonardis