Parmi le riche patrimoine vendéen, on compte de nombreuses abbayes dont celle de Nieul-sur-l'Autise qui se distingue par un personnage important : Aliénor d'Aquitaine. Cette dernière a offert sa protection aux moines en faisant transformer l'abbaye Saint-Vincent en abbaye royale en 1141.

La mise en valeur de ce patrimoine joue moins sur la conservation du bâtiment que sur le fait de faire vivre le patrimoine médiéval par de nombreuses activités de médiation. Après une présentation générale et une visite des bâtiments conventuels, le visiteur change de bâtiment par le jardin et arrive à la maison Aliénor, demeure du XIXème siècle transformée en espace muséographique où règne la nouvelle technologie. 


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Si le son et les écrans sont présents dans tous les espaces du site, c'est à la maison Aliénor que la médiation est la plus efficace. Le visiteur déjà présent sur le site depuis près d’une heure, peut ainsi prolonger sa visite en continuant à apprendre grâce aux supports ludiques. Après une animation de figurines en 3D projetées sur une bibliothèque, le visiteur arrive dans un espace où de grandes chaires rouges équipées d'écran permettent d'explorer les espaces de l'abbaye, reconstituée virtuellement telle qu'elle était au XIIème siècle. 

On pourra d'abord regretter le nombre restreint de place par rapport à l'espace précédent où une dizaine de personnes pouvait sans problème assister à l'animation. Ainsi, à la fin de la projection sur la bibliothèque, il n'y a pas de place pour que chacun puisse participer à cette immersion virtuelle, surtout à la pleine saison. Certains attendent leur tour, d'autres s'installent pour suivre à plusieurs, certains passent leur chemin.

Pourtant cette animation, qui tient autant du jeu vidéo que de la reconstitution permet une immersion dans la vie conventuelle du XIIème siècle. Le scénario est assez simple et efficace. Le visiteur se glisse dans la peau d'un chanoine surpris par un orage et qui se réfugie dans l'abbaye Saint-Vincent le temps d'une nuit. Ce visiteur va pouvoir parler à chaque moine pour découvrir son rôle mais également explorer la réplique d’un monastère du XIIème, tant par ces espaces que par son mobilier. Une carte permet d'identifier les pièces qu'il reste à explorer avant de pouvoir partir.

A l'occasion, les moines répètent des éléments de l'histoire de l'abbaye tout en faisant le point sur leurs fonctions au sein du monastère. Au delà de cet apprentissage de la vie conventuelle, de la gestion du temps et des rôles de chacun, le visiteur est replongé dans l'espace qu'il a quitté un peu plus tôt. Ces espaces ne sont plus des lieux d'exposition dédiés à la sculpture romane ou à la musique mais des lieux de vie monastique : les sculptures du cloître sont complètes, le dortoir a des lits et le réfectoire est ressorti de terre.

L'animation se présente comme un jeu mais ne propose pas d'énigme à résoudre, c'est une simple ballade, un moyen de passer du temps sans trop le perdre mais qui ne propose pas de véritable challenge à l'usager autre que de passer par toutes les pièces. La prise en main du jeu est simple : un joystick à droite, un bouton d'action à gauche. La durée est en moyenne de 15-20mn.

L'expérience montre toutefois que certaines personnes ne finissent pas le jeu. La carte n'est peut-être pas suffisamment mise en avant et l'espace oublié peut-être trop reculé pour avoir envie de retraverser toutes les pièces, même rapidement, pour voir l'animation de fin. On peut aussi évoquer un manque de temps, l'abbaye dispose en effet de nombreux éléments de médiation sur divers thèmes qui constituent un programme trop dense pour une seule visite. Enfin la présentation manque peut-être un peu de fond pour quelqu'un qui aurait déjà bien compris le système de fonctionnement du couvent.

Cette phase immersive par le biais de la visite virtuelle est donc une bonne tentative de médiation sans pour autant être une réussite totale. Pour un néophyte en matière d'abbaye cela sera très intéressant et notamment pour les enfants que la visite virtuelle et la manipulation de l'outil informatique attire.

On peut regretter l'absence de remise à zéro du jeu ainsi que le manque de challenge pour le visiteur. Cela pourrait être comblé par l'extension du jeu, avec un niveau supérieur par exemple, dont le but serait d'aller chercher les espaces précisément avec des check points dévoilant des bonus stimulants. Cela permettrait à un public plus averti, qui ne rechigne pas à jouer, de bénéficier lui aussi d'une médiation ludique. 

 

Coralie Galmiche

Abbaye de Nieul-sur-l’Autise

L'Abbaye Saint Vincent