Depuis un an et demi, le site de l’association des conservateurs des musées du Nord-Pas de Calais, Musenor, propose à ses internautes une exposition virtuelle intitulée « La Renaissance italienne dans les musées du Nord-Pas de Calais ».
© Musenor
Ce dispositif numérique et interactif n’est pas une première pour cette association, un même projet avait déjà été mis en œuvre dans le cadre de l’exposition « La peinture nordique de 1400 à 1550 dans les musées du Nord-Pas de Calais ». Le site Internet de Musenor étant, à l’origine, une base de données, ces expositions virtuelles lui donnent un caractère plus vivant et plus accessible.
Une énième exposition sur l’art de la Renaissance italienne vous direz-vous ? N’a-t-on pas déjà tout vu ? Tout compris ? Exposé toutes les œuvres remarquables ? Est-ce seulement une autre manière de présenter ces peintures au public ? Pourtant, il est indéniable que cette exposition apporte de nouvelles choses tant au niveau de la médiation des œuvres montrées que du contenu même de cette présentation.
Créer une exposition uniquement pour des internautes est un concept encore assez récent, il est donc intéressant d’en soulever les avantages. Bien sûr, il y a d’abord les bénéfices d’internet : la très grande accessibilité permet à n’importe qui dans le monde de parcourir cette présentation, l’exposition peut alors jouir d’une diffusion internationale. Ce procédé peut également toucher un public qui ne va pas habituellement au musée, appelé le public empêché, que ce soit pour des causes physiques ou morales (éducation…).
Par le biais du site web, les « internautes visiteurs » entrent dans l’exposition de chez eux, via leur ordinateur. Les adolescents ou jeunes adultes sont ainsi possiblement plus touchés. Ajoutons que ce dispositif est gratuit. Enfin, et surtout, il permet de présenter une exposition regroupant soixante-quatorze œuvres de neufs musées différents : cette réunion de peintures n’aurait pu avoir lieu physiquement. En effet, les tableaux présentés sont extrêmement sensibles aux variations d’hygrométrie et de température et ne peuvent être déplacés et réunis pour une exposition. Pour autant, l’enthousiasme d’une si grande accessibilité facilitée pour tous ne doit pas faire oublier qu’il faut, avant toute chose, que le public vienne sur le site de Musenor pour arriver à cette page spécifique.
L’exposition en elle-même est lisible et agréable. L’ « internaute visiteur » retrouve les repères spatiaux d’un musée classique, il se balade ainsi dans un couloir ou dans une rotonde (suivant l’un ou l’autre des deux parcours proposés : chronologique ou thématique). De même, le regroupement de tableaux en séquence, autour d’une période ou d’un thème est clair dès le premier coup d’œil. Toutes les œuvres sont de dimensions proportionnelles, ainsi une fois encore, le visiteur repère en un clin d’œil les différences d’échelle : chose notable car cela fait souvent défaut dans les présentations photographiques d’œuvres.
Le contenu scientifique se décompose en quatre niveaux de lecture : de l’information générale à la précision scientifique. A première vue, l’internaute découvre une galerie d’images proposant des repères très généraux (ni cartel, ni localisation). Ensuite, il clique sur les titres des parties pour faire apparaître des textes introductifs. On regrette d’ailleurs que ces encadrés cachent les tableaux qui constituent leur sujet et peut-être l’absence de texte de conclusion. Si le visiteur souhaite en apprendre davantage sur une œuvre, un clic sur la miniature le conduira à une page dédiée à la peinture (une fiche, une œuvre). L’image y est plus grande (et un outil loupe pourra encore la grossir), il y trouve enfin le cartel de l’œuvre et une notice simple. Pour finir, d’ici l’internaute a accès à une analyse détaillée qui décompose la peinture, mais également à son historique et à sa mise en relation avec d’autres œuvres.
Cette exposition virtuelle est donc tout à fait appréciable sur différents plans, la création d’une exposition irréalisable, une accessibilité et une diffusion décuplées ou encore une adaptabilité à différents publics suivant leurs attentes d’éducation ou de connaissance. Néanmoins, on regrette que plusieurs manipulations nous paraissent peu intuitives : la loupe est cachée en bas à droite de la « page œuvre » et le retour à la galerie générale est également peu visible. Enfin, il aurait été souhaitable que les concepteurs aillent encore plus loin dans le multimédia, pourquoi pas un possible dispositif audio, un parcours enfant ou des animations…
Cécile MASSOT
« LaRenaissance italienne dans les musées du Nord-Pas de Calais »
Partenariat entre l’Association des Conservateurs des musées du Nord-Pas de Calais et l’Institut National d'Histoire de l'Art