"Nous voici à l’intérieur du majestueux amphithéâtre de Rome. Qu’est-ce-qui nous attend dans ce nouveau monument que Titus va inaugurer ? Des espèces animales inconnues venues de tout l’Empire ? Un spectacle de gladiateurs ? La tribune impériale est vide, l’arrivée de l’Empereur doit être imminente. L’ambiance est survoltée et plus une seule place n’est libre dans les gradins. Des rumeurs disent qu’ils peuvent contenir jusqu’à 75 milles personnes. La chaleur n’arrange rien à la foule, il est midi et pas une seule ombre pour nous protéger du soleil. D’un coup, un bruit continu et sourd se fait entendre, comme un roulement venant du ciel. Des cordes se tendent au-dessus des gradins, à plus de 48 mètres de hauteur, et petit à petit des bandes de velum se déroulent et ne laissent qu’un ovale ouvert sur l’arène centrale. Enfin de l’ombre ! Des bruits de cornes retentissent, l’Empereur Titus s’installe et annonce l’inauguration de l’amphithéâtre. Le spectacle peut commencer. " 

Figure 1. Modélisation du Colisée© Université de Caen

 

Malheureusement … ce récit n’est pas réel. Je n’ai jamais eu l’occasion de vivre un spectacle de gladiateurs à l’intérieur du grand Colisée de Rome. C’est mon imagination, aidée par une reconstitution virtuelle de la Cité antique de Rome, qui vient de vous transporter au 1er siècle de notre ère. Vous pouvez vous aussi la découvrir sur votre ordinateur grâce au site internet à l’initiative de l’Université de Caen. 

Une équipe composée de chercheurs en histoire et histoire de l’art, ERASM, ont pour mission la modélisation et la mise en ligne d’une visite virtuelle de la cité antique de Rome depuis 1994, à partir du plan-relief de l’architecte Paul Bigot. Ce dernier, grand prix de Rome en 1900, l’a conçu entre 1930 et 1940. Une des deux reconstitutions1, faite par l’architecte, de 70m² a été léguée à l’Université de Caen à sa mort. Cette maquette en plâtre², à l’échelle 1/400°, a été réalisée à partir des recherches recensant l’état de la cité impériale à l’époque de Constantin au IVème siècle. Un partenariat a été mis en place depuis le 10 mars 2010 avec le Projet « Rome Reborn », de l’Institut pour les avancées technologiques dans les sciences humaines de l’Université de Virginie aux Etats-Unis, afin de mutualiser leurs recherches.En plus de la plateforme de visite virtuelle, le site web dédié à cet outil recèle de nombreuses explications. La globalité du projet est abordée, de la naissance de l’idée de la modélisation de la cité antique de Rome aux différentes phases permettant la modélisation d’un lieu. 


Figure 2. Le personnage dans la visite virtuelle© Université de Caen

 

A l’aide d’un petit personnage et de sa souris, la découverte interactive des monuments antiques se fait en toute facilité. L’immersion est totale et on se prend à imaginer les rues bondées d’habitants, tout comme les bruits et les senteurs. Cette impression est corroborée par une modélisation de qualité qui, sans avoir un écran des plus sophistiqués, permet de visualiser de manière précise et claire des détails architecturaux. De plus, on retrouve sur le site une liste des monuments majeurs de la cité qui permet un accès direct à des informations, des images, voir des vidéos, concernant chacun d’entre eux. 

Un des aspects qui a fait la renommée de la plateforme de visite virtuelle est l’importance donnée au contenu scientifique. Tous les textes prennent pour sources les recherches des plus grands spécialistes de l’antiquité romaine, des rapports de fouilles archéologiques, ainsi que des traductions de textes anciens du latin et du grec. Cette accumulation de savoirs depuis des années sur Rome a permis d’inscrire dans la visite virtuelle de nombreuses explications sur les techniques de constructions, les matériaux utilisés mais aussi sur les activités qui avaient lieu dans ces monuments.

La visite virtuelle de la cité antique est un outil qui peut être utilisé à des fins pédagogiques notamment dans des cours de niveau collège, ou Rome et son Empire font partie du programme d’histoire. L’atout de cette utilisation est de pouvoir illustrer des cours de manière ludique, en apprenant des bases d’architecture et d’histoire. Elle permet aussi de faire découvrir la modélisation aux élèves, ainsi que l’apprentissage du matériel informatique.

Aujourd’hui, les innovations technologiques font des merveilles… et en faisant cette visite virtuelle de Rome, je me prends à rêver d’une reconstitution virtuelle complète de l’Empire Romain.

 

Laura CLERC

1 La deuxième est exposée au Musée du Cinquantenaire à Bruxelles² Elle a été classée monument historique en 1978

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