Cette année j’ai passé mes vacances à Budapest, pour découvrir son impressionnant parlement, la douce chaleur des bains thermaux, le quartier juif très animé, le musée de la Terreur à l’histoire douloureuse, mais surtout le Sziget Festival !

Une île sur le Danube est presque entièrement consacrée à ce festival pour accueillir un demi-million de « Szitoyens » tels qu’on les appelle ici.


À peine arrivée, la tente installée pour 3 jours, je consulte le programme et me rends très vite compte que je n’arriverai pas à profiter de toute cette mini ville reconstituée : une dizaine de scènes, un cirque, un théâtre, un cinéma, une fête foraine, un parc aventure, des terrains de sport, un quartier d’artisanat, un espace artistique, des Food trucks à n’en plus finir et surtout un quartier de musées.

 

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Programmation du quartier des musées, Sziget Festival 2017. © C.D.

 

Après une bonne nuit de concerts et quelques heures de sommeil je cours voir de quoi il s’agit. En effet, c’est bien un véritable quartier avec une rue principale et des musées éphémères à découvrir de chaque côté. Pas moins de 10 musées de Budapest (excepté un musée parisien) se partagent la vedette :

- Le musée d’Aquincum

- Le musée d’Histoire militaire

- Le musée des Arts décoratifs

- Le musée de la bande dessinée et de la caricature

- La maison hongroise de la photographie

- Le musée hongrois de science, technologie et de transport

- Le musée national de Hongrie

- Le musée d’histoire naturelle

- Le musée d’Ethnographie

- Le musée de l’Immigration de Paris

 

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Entrée du quartier des musées, Sziget Festival 2017. © C.D. 

 

Chaque institution propose une découverte de son musée à sa façon.

Le musée d’Aquincum présente une reconstitution au style « bricolé » de l’intérieur d’une villa antique hongroise. Plusieurs activités sont proposées pour les visiteurs : les ateliers de parure pour les plus manuels, les jeux antiques pour les plus stratèges, sans oublier des soldats romains qui combattent à l’épée plusieurs fois par jour. Une occasion d’impressionner le public et d’inviter à l’échange.

Pour ceux qui ont rêvé de se mettre dans la peau de « Bones », le musée d’Histoire naturelle est fait pour vous ! En touchant trois véritables crânes humains du XVIIIe siècle, vous devez deviner quel était le sexe du défunt. Pour poursuivre la découverte des collections du musée, une exposition de panneaux et de vitrines racontait le parcours de divers explorateurs hongrois.

Le musée National Hongrois proposait des tests de personnalité pour se mettre dans la peau de personnages historiques locaux, et des goodies à réaliser soi-même ; badges et éventails estampillés avec les œuvres d’art du musée.

On ne pouvait non plus rater le bus « Ikarus », au milieu de toutes ces tentes, déplacé par le musée hongrois de science, technologie et de transport. Le musée ne pouvait se passer de l’un de ces bus typiques de Budapest des années 1970. On plongait alors dans le temps pour composter son propre ticket, entrer dans le bus et en apprendre plus sur son histoire.

La maison de la photographie rencontre aussi un franc succès ! Et pour cause le musée propose aux visiteurs de se prendre en photo dans deux mini-studios avec deux fonds différents et des costumes ; l’un était un fond vert, l’autre un fond de style 19e siècle. Les festivaliers se sont prêtés au jeu avec plaisir et repartent avec une photo inédite en souvenir.  

Outre des ateliers de dessins, le musée de la bande dessinée et de la caricature, a invité les concepteurs du court métrage « Dirty Fred » à se prêter au jeu de la médiation. Le réalisateur et d’autres membres de l’équipe sont donc présents pour nous faire découvrir le projet par le biais d’un questionnaire et de nombreux goodies à la clef.

Le musée d’Histoire militaire a ravit les amateurs de batailles du 20e siècle avec une exposition sur les hussards hongrois pendant la première guerre mondiale et la présentation de costumes et d’armes d’époque.

Trônait également l’impressionnant dôme en céramique du sommet du musée des arts appliqués. Un atelier permettait de réaliser des rosaces en sable coloré afin de reproduire le motif de la verrière du musée. J’ai particulièrement apprécié jouer avec les collections du musée qu’il s’agissait de replacer selon différents critères, esthétiques ou financiers, montrant alors que l’appréciation d’une œuvre est relative.

La « tente sans frontière » accueillait le musée d’Ethnographie de Budapest et le musée de l’Immigration de Paris. Un partenariat a été mis en place entre les deux musées il y a 2 ans et c’est que qui a permis de les réunir cette année sous la même tente autour des thématiques de l’immigration et de l’intégration. Des expositions panneaux étaient à découvrir sur les côtés de la tente et au centre un grand écran avec un espace de dialogue et de documentation. Cet espace de 100m2 a accueilli de nombreuses animations tout au long de la semaine de festival : conférences, débats, présentations d’artistes, projections de films, etcetera.

 

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Pendant ce voyage à travers les musées de Budapest, les différentes propositions de médiation se mélangeaient afin de recevoir au mieux ces publics si variés. On retrouvait des présentations plutôt classiques d’expositions panneaux et d’objets (en vitrines ou non), mais aussi des ateliers plus décontractés toujours en lien avec le musée et ses collections, des moments d’échanges et de co-création, et surtout des rencontres avec le personnel du musée dans un contexte totalement inédit. De nombreux médiateurs étaient là pour nous accueillir que ce soit pour un moment de détente ou quelques minutes d’apprentissage.

Le Sziget Festival fête cette année son 25ème anniversaire, et cela fait plus de 10 ans que le quartier du musée a vu le jour. Il faut dire que le festival ne ménage pas ses efforts pour booster le tourisme de la ville. Le pass du festival permettait d’avoir une réduction de 50% sur plusieurs musées dans Budapest et d’autres villes jusqu’à fin août 2017. Il existait aussi des « city pass » permettant de prendre les transports gratuitement et d’obtenir des réductions pour les thermes et diverses boutiques en ville. Un vrai plus pour rendre plus confortable le voyage de tous les festivaliers de passage dans la capitale.

Une belle découverte donc que ce surprenant quartier de musées, où se mêlent les institutions culturelles, le public et les artéfacts et où l’on rebondit de découvertes en découvertes suivant ses envies. L’idée de prime abord étonnante, que des musées soient représentés dans un festival, prend finalement tout son sens. Toutes ces personnes sont venues pour partager une passion commune : la musique. N’est-elle pas le médium par excellence qui à la fois transcende et différencie chaque population ? Tout comme les musées qui rassemblent les créations de l’Homme et de la nature, elle permet) à la fois de s’identifier et de découvrir l’autre. Les festivals, comme les musées, sont des lieux d’ouverture vers le monde qu’il ne faut pas hésiter à expérimenter.  

 

Charlotte Daban

 

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