La plupart du temps lorsqu’on mange au musée c’est à l’extérieur des expositions, dans des espaces spécifiques. De très nombreux musées disposent d’un restaurant ou d’une cafétéria dont les produits sont la plupart du temps sans rapport avec les expositions. En revanche certains musées essayent de lier les deux, le repas devenant une prolongation de la visite. C’est le cas du musée de la Piscine à Roubaix ou du LAM à Villeneuve d’Ascq: le musée et l’exploitant du restaurant se sont mis d’accord pour accorder la carte aux expositions temporaires, ou du moins à baptiser les plats en accord avec le propos. Le menu proposé à l’occasion de l’exposition sur Chagall en 2015-2016 à La Piscine est un bon exemple : plusieurs plats d’origine russes étaient proposés et d’autres nommés d’après des œuvres de l’artiste, telle que la salade caesar rebaptisée La fiancée au visage bleu.
Le Préhistomuseum près de Liège (Belgique) va encore plus loin, puisqu’il applique le principe de ses expositions à son restaurant. Tout comme dans les expositions où le visiteur est amené à comprendre la préhistoire et l’archéologie par les expérimentations, à “l’archéorestaurant” le visiteur est invité à remonter le temps en goûtant des plats de différentes époques (de l’antiquité à l’époque moderne). Les recettes ont fait l’objet d’une recherche scientifique de la part d’un spécialiste, l’historien cuisinier Pierre Leclercq.
Photographie issue de l’affiche de l’archéorestaurant © Préhistomuséum
L’Alimentarium de Vevey (Suisse) est confronté à une problématique encore différente, puisqu’il a pour thème l’alimentation. Le restaurant du musée a donc une place particulièrement importante puisqu’il permet d’associer expérience muséale et pratique culinaire. Avant la rénovation de 2016, un lien fort existait entre les deux puisque les visiteurs devaient aller chercher leur repas à la cuisine qui se situait dans l’exposition. Cette cuisine était une sorte de grande vitrine vivante, où les visiteurs pouvaient observer la préparation de repas qu’ils pouvaient ensuite manger s’ils le souhaitaient. Muséographie de l’alimentation et repas forment ainsi un tout et les messages sont transmis sur différents modes. Le musée a été totalement réorganisé depuis, mais les visiteurs peuvent toujours voir la préparation de leurs repas, au moment de choisir leurs plats.
Cuisiner, une action culturelle
L’Alimentarium souhaite que les expositions, démonstrations, repas et activités participent d’une même expérience globale. En effet des activités sont également proposées, principalement des ateliers culinaires et des visites guidées du musée et du jardin. La majorité de ses offres s’adressent aux enfants, le public de l’Alimentarium étant très familial. Au-delà de simple cours de cuisine, il s’agit aussi d’explorer l’alimentation par les cinq sens et de développer leurs capacités gustatives.
C’est aussi ce que souhaite développer Cap Science à Bordeaux avec son “Labo Miam”, un atelier où les enfants sont amenés à découvrir les principes scientifiques qui sous-tendent la cuisine. La préparation des aliments devient une véritable expérience scientifique. En avril et mai 2018 le thème est celui du changement de couleur à la cuisson : des cookies bicolores et du caramel sont réalisés.
Une des expériences proposées par le “Labo Miam” de Cap Sciences © Cap Sciences/ANAKA
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Une autre forme de mise en pratique, plus classique est la dégustation en fin d’exposition, pour des raisons pratiques. Dans les établissements accueillant du public les réglementations sont très strictes en ce qui concerne l’alimentation ce qui peut freiner la proposition d’une consommation sur place.
C’est d’autant plus complexe pour certains types d’aliments porteurs de problématiques spécifiques tel que l’alcool, or il existe de très nombreux musées dédiés aux boissons en France. Pour les musées de France particulièrement mettre en place une dégustation d’alcool est compliqué, une des solutions peut être la délégation à un service privé mais cela ne règle pas les questions d’ordre social et éthique. Le Musée du vin de Beaune a donc fait le choix de ne pas en proposer sauf occasions exceptionnelles (Journées du Patrimoine, Nuit des Musées…) conscient que si les visiteurs souhaitent goûter les vins, ils trouveront sans problème d’autres occasions en ville.
A contrario la Cité du Vin de Bordeaux même si elle sépare clairement les espaces d’expositions et de dégustations mise beaucoup sur ces dernières. N’étant pas un musée de France et dépendant d’une fondation, elle est de fait libérée de nombreuses contraintes.
Bethsabée Goudal
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