Retour sur la 27ème édition du Festival International des Jardins où la pensée est mis à l'honneur au coeur du domaine de Chaumont-sur-Loire. Laissez-vous embarquer dans cette déambulation bucolique avec des installations éphémères qui n'ont pas fini de vous inspirer !
Le château de Chaumont-sur-Loire © Eric Sander
Surplombant la Loire à 40 mètres de hauteur, le château de Chaumont-sur-Loire allie architecture défensive de la période gothique et architecture d’agrément de la Renaissance. Bâti au XVème siècle, le château vit au cours du XVIIIème et XIXème siècles une forte période d’effervescence intellectuelle. Devenu la propriété de Jacques-Donatien Le Ray, le monument accueille des artistes renommés tels l’écrivaine Germaine de Staël et le sculpteur Nini. Seront également reçues des personnalités internationales, parmi lesquelles Benjamin Franklin. Cette période fructueuse se poursuit jusqu’en 1938, date à laquelle l’édifice est transmis à l’Etat par la Princesse de Broglie, dernière propriétaire privée du château suite à son acquisition en 1875.
Le parc historique © Joanna Labussière
D’ancienne forteresse à demeure d’agrément, le domaine ne possédait pas de jardin du XVIème siècle. C’est au XIXème siècle que le comte d’Aramon y fait planter de nombreux espèces d’arbres, dont des cèdres. Le parc tel qu’on le connaît à l’heure actuelle est conçu par le Prince de Broglie et le paysagiste Henri Duchêne. Crée dans un style paysager à l’anglaise, le parc se distingue par un relief légèrement vallonné, constitué de pelouses délimitées par des allées curvilignes. Isolés ou groupés en bosquets, les arbres orientent le regard vers les éléments phares du domaine : le château, le fleuve et la forêt. En parallèle, un second parc a été conçu en 2012. Réparti sur 10 hectares, le Pré du Goualoup regroupe des jardins représentatifs des grandes civilisations.
Le Pré du Goualoup © Joanna Labussière
Le Domaine de Chaumont-sur-Loire est réputé pour être le premier Centre d’Arts et de Nature exclusivement dédié à la liaison entre la création contemporaine et le patrimoine paysager. Y sont organisés chaque année une saison d’art contemporain ainsi que le Festival International des Jardins, rendez-vous incontournable de l’innovation jardinistique consacré à la relation entre la culture et le paysage. Ce dynamisme culturel se reflète dans la programmation mise en œuvre au cœur de ce domaine, ancienne propriété de Catherine de Médicis et de Diane de Poitiers : expositions photographiques, installations contemporaines et jardins de création rythment le site au fil des saisons.
La 27ème édition du Festival International des Jardins
Lancée le 24 avril 2018, la 27ème édition du Festival International des Jardins convie les visiteurs à explorer les jardins du château parsemés d’espaces éphémères. Architectes, jardiniers et paysagistes ont façonné leurs créations autour du thème « Jardins de la pensée » et déclinés à leur manière. Des productions fructueuses qui donnent lieu à une balade agréable et saisissante au cœur de ce domaine verdoyant planté au-dessus de la Loire. Cette année, le jury présidé par l’écrivain Jean Echenoz, a examiné près de 300 candidatures provenant du monde entier (Canada, Chine, Etats-Unis, France et Russie, etc.) avant de sélectionner les lauréats invités à investir le parc jusqu’en novembre.
Affiche du festival © Domaine de Chaumont-sur-Loire
Ainsi, c’est la pensée sous toutes ses formes qui est mise à l’honneur, comme le souligne Chantal Colleu-Dumont, directrice du domaine de Chaumont-sur-Loire et du festival : « Quand on regarde la littérature, la philosophie, la pensée a une relation privilégiée avec le jardin. C’est l’endroit où elle se libère, où elle prospère. C’est aussi l’endroit où il est le plus facile et le plus agréable de réfléchir. On y va pour oublier ses soucis et on finit par se retrouver soi-même. » Ancienne professeure de latin grec, Chantal Colleu-Dumont confesse que le thème de cette nouvelle édition lui tient d’autant plus à cœur : « Nous avons deux références à Jose Luis Borges, une à Montaigne, une autre à Shakespeare et même à Michel Houellebecq. C’est effectivement un thème qui m’est cher. Pour moi la pensée est forcément connectée avec la littérature. Pour bien réfléchir, il faut lire en permanence. Je sais, cela peut faire un peu intello comme ça. Mais dans les jardins, c’est plus ludique et léger. »
La possibilité d’une île (Ulli Heckmann) © Joanna Labussière
C’est là toute la magie de l’événement. Nul besoin d’être un connaisseur avisé pour profiter de ce spectacle luxuriant aux installations toutes plus inspirantes les unes que les autres. Si l’on regrette parfois le manque d’informations relatives aux œuvres, on se laisse très facilement porter par cette déambulation bucolique qui n’en finit pas de nous émerveiller ; y compris par la beauté du domaine en lui-même. Coup de cœur en particulier pour « La possibilité d’une île », jardin minimaliste avec une étendue d’eau plantée d’un érable. De même pour « Sculpture de verre », composé de volutes en dégradés de bleu faisant office de support à des plantes grimpantes dans des tonalités similaires.
Sculpture de verre (Dale Chihuly) © Joanna Labussière
Expositions :
- Les 10 ans d’art (château, parc historique, écuries et cour de la ferme) : du 31 mars au 4 novembre 2018
- Les 10 ans d’art (Pré du Goualoup) : du 24 avril au 4 novembre 2018
Festival International des Jardins :
- Jardins du Festival et Pré du Goualoup : du 24 avril au 4 novembre 2018
Pour en savoir plus :
- Sur le Domaine de Chaumont-sur-Loire et le Festival International des Jardins : http://www.domaine-chaumont.fr/