Sas. Noir. Etoile. Prépare toi.
Ferme les yeux, que vois-tu ? Qu'entends-tu ?
Prends ton pinceau et peins.
C'est le noir. Puis c'est le crépuscule. Puis c'est la peine ombre. Puis c'est la nuit. Puis tu fais la fête. Tu fais la fête à Paris. Tu fais la fête ailleurs. Tu reconnais les réverbères. Et puis tu ne les reconnais plus. Tu penses reconnaître ces formes. Et tu t'envoles. Le cosmos ?
Admire ces étoiles qui pétillent, le calme autour de toi. Abstraction. Immersion ?
Tu es déboussolé ? Juste un instant, habitue-toi.
Cette citation, dans la pénombre, ravit
ton imaginaire.
«Au clair de la lune, près de la mer, dans les endroits isolés des campagnes, l’on
voit, plongé dans d’amères réflexions, toutes les choses revêtir des formes jaunes,
indécises, fantastiques. L’ombre des arbres, tantôt vite, tantôt lentement, court,
vient, revient, par diverses formes, en s’aplatissant, en se collant contre la terre.»
Comte de Lautréamont,
Les chants de Maldoror, 1890
Comme les ombres que tu supposes dans la nuit,
l'encre de chine et l'aquarelle semblent précieuses dans ces faisceaux blancs.
Tu t'approches, tu plisses les yeux
Tu reconnais ces paysages, ce sont ceux qui t'entourent, des halos
Ils te rappellent le cinéma, des couleurs, des néons, un univers rétro à la Lalaland.
Le réverbère ? La couleur dans la nuit ? C'est l'éclat.
Tes yeux doivent s'habituer à cette œuvre de Philippe Parreno,
qui réveille tes sens engourdis,
C'est l'entrée de la nuit ?
L'entrée dans le côté festif de la Nuit.
Paris. Tu fais la fête avec Auguste Chabaud.
Libre, sans jugement.
Les formes prennent des couleurs,
mais du gris, du noir, du sombre, des ombres, le soir, la nuit.
Tout d'un coup. Un rythme ? Qu'entends-tu ?
La fête vient te chercher, elle t'appelle.
Tu rentres de soirée ? La vie nocturne. Toi, tu ne dors pas.
Les fenêtres sont éteintes
tu passes de l'interieur à l'exterieur ce n'est plus seulement
la lumière artificielle qui vient sur toi c'est toi
qui est éclairé
tu es dehors tu es dedans tu vois les phares quelqu'un vient te chercher
t'es peinard chez toi mais tu sens des irruptions c'est hors de ta portée
Avec qui es-tu ?
Es-tu seul.e ?
La nuit te confronte à toi même
et à tes peurs
à une certaine oppression ?
L'inspiration, le malaise, c'est troublant, la nuit t'inspire
Ces formes, ces halos, tu les perçois ?
Ca vient d'ici ou de là bas
Ca te donne envie de peindre, de dessiner, de créer
Ils l'ont fait eux, les surréalistes.
Mais ça t'échappe.
A quel moment tu rêves ?
Ferme et ouvre un œil, ils faisaient comme cela
Un peu de blingbling
(Jean-Luc Verna et Bruno Pelassy)
C'est éphémère,
et pourtant si présent et poignant
We are with you in the night
« Dans le jour, nos yeux sont arrêtés par un inscrutable (le
soleil, que l’on ne peut regarder en face), dans une nuit, ils
sont entraînés plus loin par le fait qu’il y a toujours davantage
à contempler que ce que l’on a déjà vu. (...) L’infini du ciel étoilé
ne se laisse pas totaliser dans une image. (...) Les deux
facultés qui rendent la connaissance possible sont tenues
en échec : l’entendement est incapable de dénombrer les
étoiles, l’imagination ne parvient pas à les disposer dans une figure.
C’est donc « le ciel étoilé » tel qu’on le voit, sans souci de le connaître, qui éveille
un sentiment de sublime. Le sublime de la nuit enseigne à l’Homme qu’il possède
une autre destination que le savoir. »
Michael Foessel, La Nuit, 2017
D'un coup tu t'envoles, tu quittes la surface
l'abstraction et la représentation
La nuit est présente dans les objets mais aussi sur les tableaux
ton regard va du bas vers le haut.
Stop. Tu te balades dans les visions de quelque chose,
un coup dans un sens un coup dans l'autre, un coup à l'endroit un coup à l'envers ?
c'est solide, minéral, tu découvres un nouveau territoire
il semble inhabité,
toute la fascination de la découverte en une série de photo
La conquête spatiale à la conquête de ce sol rocailleux ?
La lune, les constellations, les étoiles, les planètes, toi aussi tu es là haut
Après avoir vu les formes, la nature, les corps se transformer tu assistes à la découverte du cosmos
les différents horizons se perdent
Et si tu ne voyais plus ?
La transition entre les couleurs et formes qui se créent la nuit
Stop.
Ferme les yeux et peints. Que ressens-tu ?
Les fluides sont en mouvement, des paillettes sous tes paupières
Et puis tu sors de toi, et tu rentres dans la nuit
Tu perds tes repères,
à nouveau, et tu t'envoles et là c'est parti
Dans l'espace, la voie lactée, cette traînée violette, qui t'entraine ça ressemble à des UV tu rêves et tes rêves t'emportent, et ton équilibre avec, tu peux même entendre le son de l'espace. Ferme les yeux et laisse toi guider par les lucioles.
Le bien-être de l'espace, du vide, du noir.
Et puis,
Tu t'émerveilles une dernière fois devant la verdure, le bleu de la nuit, le blanc de la voie lactée,
ce nouveau monde découvert, et ta perception remise en cause
Ils me rappellent le cinéma, des couleurs, des néons, un univers rétro
Œuvres et projection dans la partie Se perdre dans la nuit © C.Camarella
tu es dehors tu es dedans tu vois les phares quelqu'un vient te chercher
Œuvre de Spencer Finch, Study for light in an emply room (studio at night) © C.Camarella
Ferme et ouvre un œil, ils faisaient comme cela, les surréalistes.
Œuvres surréalistes © Capture de la vidéo La nuit tous les châssis sont gris
Et si tu ne voyais plus ?
Mortuary de Daisuke Yokota © C. Camarella
Dans l'espace, la voie lactée, cette traînée violette, qui t'entraine ça ressemble à des UV tu rêves.
Œuvre de Helen Frankenthaler, Stargazing © C.Camarella
Vous l’avez compris, j’ai vécu l’exposition de façon très immersive, sans doute à l’image de ce qu’indique le Centre Pompidou :
« À travers une approche liée à la perception de la nuit plutôt qu’à son iconographie, l’exposition se présente elle-même comme une expérience nocturne, une déambulation qui transforme le visiteur en noctambule, et qui transmet ce vertige que procure la nuit : vertige des sens, vertige intérieur, vertige cosmique. On avance dans l’exposition comme on avance dans la nuit. »
C. Camarella
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