Le feu Mémorial du Maréchal Leclerc de Hautecloque et de la Libération de Paris – Musée Jean Moulin, puis Musée du général Leclerc et de la Libération de Paris – Musée Jean Moulin, a fermé ses portes au public le 1e juillet 2018. Mais ce n’était que pour mieux rouvrir le 25 août 2019, à l’occasion du 75e anniversaire de la Libération de Paris ! Plus qu’une réouverture, il s’agit véritablement d’un déménagement du musée qui en profite par la même occasion pour changer de nom en se muant en Musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin. Une dénomination qui rend hommage aux deux hommes de manière égalitaire, leur donnant le même statut. Il quitte alors sa dalle au-dessus de la gare Montparnasse pour se rapprocher de ses compères du réseau Paris Musées, les Catacombes de Paris, place Denfert-Rochereau.
Vue du square Nicolas Ledoux sur le musée de la Libération de Paris - musée du général Leclerc - musée Jean Moulin © Ch. Batard, Agence Artene
Un nouveau lieu
Le poste de commandement du Colonel Rol © Pierre Antoine
Une histoire
Un lieu qui fait d’autant plus sens qu’il permet de proposer la visite de l’abri de défense passive du colonel Henri Rol-Tanguy, membre dirigeant de la Résistance durant la Seconde Guerre Mondiale. Ce niveau -2, accessible par un long escalier de plus de 100 marches, permet d’en percevoir le poste de commandement, avec son bureau, son secrétariat, son central téléphonique, son système de ventilation … Et d’appréhender l’organisation de la défense et les bombardements qu’a connu Paris. Il devient emblématique puisque tout le propos du musée est de questionner « l’engagement au cœur d’un monde en guerre », et de proposer « un regard renouvelé sur l’histoire de Paris et des Parisiens pendant la Seconde Guerre Mondiale ». Il s’agit là d’une histoire incarnée, humanisée, qui s’écrit à travers des portraits, des récits, des objets. C’est un véritable hommage aux résistants de tout ordre. Pour ce faire, quoi de plus évident que de s’intéresser particulièrement aux deux figures mises à l’honneur de par les dons et legs dont le musée a pu faire l’objet : Philippe Leclerc de Hautecloque et Jean Moulin.
Canne du général Leclerc de Hauteclocque. Entre 1931 – 1945 © Stéphane Piera / musée de la Libération de Paris - musée du général Leclerc - musée Jean Moulin (Paris Musées) / Roger Viollet
Deux hommes
Ils semblent ne jamais s’être rencontrés, et pourtant, leur combat était le même. Nés tous deux avant la Première Guerre Mondiale, ils refusent de se résoudre à l’occupation une fois la Seconde Guerre Mondiale venue. Chacun, sans jamais croiser le chemin de l’autre, se bat pour que la France et les Français puissent retrouver un jour leur Liberté.
Philippe de Hautecloque, futur général Leclerc, s’engage dans l’armée tôt, où il excelle de sorte à finir major à l’école de cavalerie de Saumur, puis premier à l’Ecole de Guerre après une mission au Maroc. Il termine seulement sa première année lorsque la guerre est déclarée. Jeune capitaine, il n’accepte pas le repli de ses trouves de la 4e division d’infanterie, il refuse deux fois la captivité et la défaite même blessé. Happé par les appels du général de Gaulle, il le rejoint et tente pour lui de rallier les pays d’Afrique équatoriale à leur cause. Avec un parcours remarquable, il participe à la Libération du pays en commandant la 2e Division Blindée.
Boîte de pastels de Jean Moulin, don Escoffier-Dubois © Lyliane Degrâces-Khoshpanjeh / musée de la Libération de Paris - musée du général Leclerc - musée Jean Moulin (Paris Musées)
De son côté, Jean Moulin est un habitué des cabinets ministériels, menant une carrière dans l’administration préfectorale avant la guerre. Alors que les Allemands tentent d’avoir sa signature en le torturant, il privilégie le suicide au déshonneur mais est finalement soigné à temps. Il noue alors des contacts avec les « rebelles » jusqu’à, lui aussi, se présenter au général de Gaulle en tant qu’émissaire de la Résistance intérieure. Véritable coordinateur, il essaye malgré les difficultés de structurer les liens avec Londres. C’est aussi un amateur de dessin, ce qui explique ses liens avec Antoinette Sasse, artiste peintre et résistante française dont le legs est à l’origine du musée Jean Moulin inauguré en 1994. Ce goût lui permet d’avoir une couverture officielle : galeriste d’art à Nice où il ouvre un local en 1943. Tout comme Leclerc, il est fait compagnon de la Libération par le chef de la France Libre, Charles de Gaulle, et réussit à réunir le premier Conseil de la Résistance en plein Paris occupé. Ses entreprises sont pour le moins périlleuses et il finit par être arrêté, torturé par différentes Gestapo avant de mourir dans un train l’emmenant en Allemagne.
La 2e Division Blindée place Denfert Rochereau, le 25 août 1944 © Don Franco-Rogelio / musée de la Libération de Paris - musée du général Leclerc - musée Jean Moulin (Paris Musées)
À travers ces différents parcours de vie, le nouveau musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin invite le visiteur à se plonger au cœur de la guerre, où il s’agissait de faire face à des situations exceptionnelles. Loin d’appréhender des faits historiques déconnectés, c’est par le biais de l’individu que l’Histoire est explorée, afin que chacun puisse se projeter dans des tranches de vie tant riches que difficiles. C’est une Histoire humaine, qui permet de prendre une autre mesure de l’écart qui nous en sépare et des liens qui nous y lient. Il ne nous reste donc plus qu’à rendre hommage à ces résistants en se rendant place Denfert-Rochereau pour fêter le 75e anniversaire de la Libération le 25 août prochain ! Une réouverture qui ne pourrait pas faire davantage sens.
Emeline Larroudé
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