Une de mes passions dans la vie, c’est la cuisine. De mon année Italienne j’ai retenu le plaisir gustatif entre autres, et une très belle exposition sur l’évolution de l’alimentation des Italiens au Museo della Scienza Leonardo da Vinci à Milan. Alors quand j’ai eu connaissance de la nouvelle exposition du Musée de l’Homme “Je mange donc je suis”,  j’ai pensé qu’elle tombait à point ! J’y ai vu une occasion de, un : tuer le temps entre mes deux trains; et deux : déguster une exposition à la sauce française.
 
Cela, c’est que je vous aurais dit si mon programme avait marché comme sur des roulettes. Sauf que. Moi et ma naïveté n’avions pas prévu qu’en temps de grève, je n’allais pas pouvoir atteindre mon but.
Après une heure de retard du train au départ d’Arras, un Paris vidé de sa population et de moyens de transport, le tout accompagné d’une valise de 15kg pour mon poids plume, c’était un peu le parcours du combattant. 
Au terme de mes péripéties, me voilà en gare d'Austerlitz. Mon but, aller jusqu’au Musée de l’Homme, autant dire, à l’autre bout du monde. Ce fut un échec.  
Du coup, pendant que je me frigorifiais sur mon siège en attendant mon deuxième train, j’ai pu m’accorder un moment de réflexion : Quel est l’impact de la grève sur les musées d’une capitale désertée en ce premier week-end de vacances scolaires ?

 

Quelles conséquences pour les musées ?

 

Pour rappel la grève a débuté le 5 décembre 2019, au moment où j’écris nous sommes à 4 semaines de grèves de la RATP consécutives. 
Pour cette raison, certains musées parisiens ont fermé leurs portes plus tôt que prévu, généralement à 17H. La gestion des ouvertures au public est difficile du fait du manque de personnel, agents de caisse et de surveillance. Le Palais de Tokyo a lui décidé de n’ouvrir qu’entre 12h et 19h jusqu’au 5 janvier 2020.
Si on prend l’exemple du Louvre, les visiteurs ne se pressaient pas au portillon, et il n’a jamais été aussi facile de rentrer dans les espaces permanents. Quoique, cela a tout de même entraîné quelques difficultés comme l’a indiqué le musée sur son compte Twitter le 8 décembre, en annonçant un retard lors de l’ouverture des portes sans donner d’horaire précis, ainsi que des salles fermées au public.

 

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Tweet du musée du Louvre

 

Plusieurs monuments emblématiques de la ville de Paris ont dû fermer leur porte les premiers jours de la grève. En cause l’absence de personnels qui, habitant loin, ne pouvaient se rendre à leur travail, et une participation de certains employés à la grève contre la réforme des retraites. La Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, la Sainte Chapelle, le Musée d’Orsay... Les touristes et visiteurs ont trouvé porte close le 5 décembre. Ils n’ont été fermés qu’une seule fois depuis le début de la grève. Certains musées ont proposé un demi-tarif aux visiteurs pour s’excuser de la gêne occasionnée. 
Les musées qui ont la chance d’avoir une ligne de métro automatique comme la ligne 1 sont moins touchés par la baisse de fréquentation, à l’image du Grand Palais. Pour ceux qui ne sont pas sur une ligne de métro ouverte, comme le Musée du Luxembourg, les pertes sont importantes : la fréquentation quotidienne a diminué de moitié sur cette période (environ 60 000 visiteurs en moins en 2 semaines de grève) et le manque à gagner estimé par RMN-Grand Palais (qui gère le musée) sur les boutiques de ses musées s'élèverait à plusieurs centaines de milliers d’euros.

Le total de cette grève pour le moment a entraîné une baisse de fréquentation entre 40 et 50% en moyenne, la plus haute baisse estimée serait de 70%.  Les causes principales sont donc le manque de transport, qui rend l’accessibilité aux musées digne d’un parcours du combattant, principalement pour le personnel, ce qui entraîne une baisse des effectifs et donc une réduction des heures d’ouvertures. Et bien sûr une difficulté pour les visiteurs de se rendre sur place. 

En tout cas pour tous ceux qui ont réussi à prendre le métro, la ligne 14 roulait parfaitement, pour aller voir le Musée des Arts Forains, ouvert exceptionnellement sans réservation entre le 26 décembre et le 5 Janvier 2020, et qui fêtait la 10ème édition du Festival du Merveilleux sur le thème Folies Carnavalesques.  

 

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© Pavillon de Bercy - Musée des Arts Forains

 

Musées et grève en 2009 

 

Mais on est encore loin d’une grève aussi importante que celle de 2009, qui avait touché les Musées et Monuments Nationaux. Le Louvre, le Château de Versailles, l’Arc de Triomphe et tous les musées du Centre des Monuments Nationaux avaient ainsi fait grève et fermé leur porte au public pendant 3 jours consécutifs

Le Centre Pompidou avait été le plus impacté en fermant ses portes pendant 17 jours. Le mouvement avait débuté le 23 novembre 2009, depuis le Centre Pompidou. Sa revendication était liée au non remplacement d’un départ à la retraite sur deux. En 17 jours de conflit, le musée avait perdu plus de 660 000 € de recettes, sur les billets d’entrée et au moins 100 000 € de recettes sur la boutique, en comparaison avec notre grève de 2019 où les pertes sont estimées à 400 000 €, alors que le musée n’a fermé ses portes une seule fois : on peut en déduire que le public a été refroidi par la grève des transports en commun et a préféré ne pas se déplacer. Peut être a-t-il été aussi moins séduit par la programmation et l’exposition Bacon qui n’a pas sû trouver son public.

 

Une exposition en gare 

 

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Exposition Beb Deum, Gare d'Austerlitz  © Les Impressions Nouvelles

 

Toujours bloquée en gare d'Austerlitz , je me suis consolée avec l’exposition Beb Deum, composée de panneaux de textes et de photos un peu étranges. Je me suis toujours dit que ces expositions étaient un moyen de cacher les travaux de cette gare, interminables… 
Sur le moment, j’ai pensé sournoisement que cette exposition permettait d’occuper et de détourner l’esprit du voyageur impatient et colérique en cas de retard ou de grève. Tentative infructueuse il faut se le dire. Vu la foule qui se presse devant les panneaux d’affichage, impossible de voir ou de lire l’exposition, qui est de plus, indigeste dans sa lecture. 
De ce que j’ai pu arriver à en déchiffrer, l’exposition présente l’œuvre de l'illustrateur Beb Deum, qui dessine une humanité métamorphosée et futuriste, sous les traits de l’hybride et du mutant, pour nous faire questionner sur la limite de l’inhumanité.  
Mais tout cela mériterait un article complet sur les expositions en gare. 

 

Juliette Dorn

 

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Pour aller plus loin : https://www.lequotidiendelart.com/articles/16783-quel-impact-sur-les-musées-parisiens.html

Festival du Merveilleux au musée des Arts Forains : http://arts-forains.com/actualites/festival-merveilleux-fete-10-ans

Article grève de 2009 : https://www.lefigaro.fr/culture/2009/12/06/03004-20091206ARTFIG00051-apres-la-greve-les-musees-rouvrent-leurs-portes-.php