Lorsque des visiteurs viennent au musée l’un des premiers espaces qu’ils côtoient est l’accueil. Lieux essentiels dans une institution culturelle, ils sont relégués au second plan sans grands aménagements particuliers. L’accueil se limite à une billetterie, une boutique qui sert à la fois de boutique-souvenir et de librairie pour mettre en valeur les dernières expositions ou une sélection d’ouvrages. Et parfois s’y trouve un café/salon de thé. Mais ces lieux restent de fait peu exploités au niveau muséographique par les institutions culturelles. 

Pourtant, lors de mes dernières visites tant personnelles que lors de nos déplacements avec le master j’ai découvert des lieux qui ont donné une nouvelle dynamique à ces espaces quelques fois délaissés.

L’accueil : lieu d’ouverture sur l’extérieur

Si le musée est considéré comme une « zone de contact » – idée notamment développée par James Clifford – alors l’espace d’accueil devient l’intermédiaire entre l’extérieur et les espaces du musée. L’accueil est donc déterminant pour que les visiteurs s’immergent dès leur entrée dans la thématique ou les collections du musée. 

 

VERDOUX ANAIS HALLDACCUEILDUCENTREPOMPIDOU IMGINTRO

Hall d’accueil du Centre Pompidou ©Keewego Paris

 

Outre le Centre Pompidou qui dans les années 70 offre une première proposition d’espace d’accueil par le biais de ce plateau forum. Une nouvelle aire d’accueil est pensée et plusieurs options sont présentées aux visiteurs dont de nombreux lieux de repos qui avaient été mis en place. Les visiteurs peuvent appréhender l’architecture moderne de Renzo Piano, Richard Rogers et Gianfranco Franchini avant de continuer leurs libres circulations. Peu de musées ou institutions culturelles changent les codes architecturaux pour que l’expérience de visite commence réellement dès son entrée. 

Et si un accueil vous faisiez venir au musée ? 

C’est à travers la visite de quatre musées d’arts – le Palais des Beaux-Arts de Lille, le BAM de Mons, le FRAC de Dunkerque, et le CAPC de Bordeaux – que je m’intéresse à cette notion d’accueil du public en tant que structure et intégration dans le musée. Non exhaustive, mon approche n’évoque pas l’accueil comme centre de ressources, caractéristique qui se retrouve au Louvre-Lens par exemple.

 

VERDOUX ANAIS BAM IMG2

Espaces d’accueil, Besoin d’air de Mathias Kiss, Palais des Beaux-Arts de Lille, Novembre 2019 ©AV et Espaces d’accueils, PBA, ©Sinapsesconseils

 

Direction le Palais des Beaux-Arts de Lille. De véritables espaces ont été pensés afin que le visiteur se sente plus à même de préparer sa visite. Au-delà de l’espace boutique et café, le musée a mis en place des « espaces relax » avec le wifi gratuit, une zone de travail, et différents canapés. Une zone numérique est également dédiée à la découverte des collections et des dispositifs de médiations où les visiteurs peuvent organiser leurs visites en fonction du parcours qu’ils choisissent ou les œuvres qu’ils préfèrent. Ces lieux deviennent de véritables espaces de vies.

Le PBA montre sa volonté d’intégrer les espaces d’accueils au sein du parcours muséographique, l’accueil s’inscrit comme la première étape de la visite où découvrir le musée devient une expérience ludique et agréable.

 

VERDOUX ANAIS BAM IMG2

Espace d’accueil BAM, Mons, Décembre 2019, ©AV

 

Seconde visite : le BAM – Musée des Beaux-Arts de Mons. Si cette fois nous entrons sur un grand accueil-boutique aux lignes architecturales modernes et épurées, un espace se démarque dès l’extérieur du musée. « La bulle du BAM, meet, share, relax » accueille les publics. Cet espace à la fois recherché pour que les visiteurs s’y détendent est également un lieu où certaines personnes peuvent travailler sur le modèle d’un mini open space. Lors de notre visite plusieurs étudiants y préparaient des projets artistiques. Cet espace peut inviter de nouveaux publics à franchir les portes du musée. 

 

 IMG4 FRAC

Accueil du FRAC de Dunkerque, ©jepi-dunkerque

 

Ainsi découvrir ces espaces d’accueil devient une véritable expérience muséale dans laquelle les visiteurs peuvent se détendre et deviner les différentes collections du musée. De ce fait, mettre en valeur ces zones permet à la fois de donner des informations concernant les activités de l’institution ou encore de présenter une œuvre participative pour introduire la visite. Le FRAC de Dunkerque a également mis en valeur l’espace d’accueil par un seul et même bloc qui relie l’accueil du public en lui-même, la boutique et un espace dédié à l’échange autour d’un café. Cette nef centrale introduit et donne sur les espaces d’expositions.

 

VERDOUX ANAIS CAPC IMG4

Espaces d’accueils du CAPC, Bordeaux, Janvier 2020, © AV

 

Quant au CAPC de Bordeaux, son entrée se divise en trois espaces distincts. Le premier au centre, reste un espace libre de déambulation où un espace vidéo est consacré à l’histoire du lieu et de l’association Arc-en-Rêve (centre qui met en valeur l’architecture contemporaine). Le deuxième expose une œuvre participative dans laquelle le visiteur peut laisser s’il le souhaite des avis sur une thématique ou sur le CAPC. Et enfin l’espace de billetterie/librairie fait la liaison entre l’entrée et les espaces d’expositions. 

La mise en valeur d’une réflexion et d’une organisation de ces espaces d’accueils offre un véritable intérêt muséographique pour les institutions culturelles. Leur aménagement témoigne de l’attention que donne le musée en question à l’accueil des publics. De plus, proposer des espaces tels que des salons de réflexions, lieux d’échanges ou d’appréhension des collections dès l’entrée introduit de manière significative l’expérience de visite. 

 

Anaïs

 

#accueils

#musées

#publics