A l’occasion des 800 ans de la cathédrale Notre Dame d’Amiens, la métropole a invité l’artiste Olivier Grossetête à construire une architecture insolite dont il a le secret de fabrication. L’évènement nommé « Les bâtisseurs cartonnent » propose aux habitant.es de participer à la construction d’une cathédrale géante le tout en carton. C’est l’occasion de revenir sur le projet artistique et humain que propose l’artiste au cours de ses interventions à travers le monde.
Affiche de l’évènement « Les bâtisseurs cartonnent » dans la ville d’Amiens.
©AGR
Le concept de l'artiste
L’artiste et plasticien Olivier Grossetête habitué à créer des constructions monumentales se charge de tout. Il choisit un monument emblématique de la ville qui le reçoit et le réinterprète avec poésie. Parfois ce choix se fait directement en concertation avec les habitant.es de la ville en question. Il revendique l’idée que ses édifices appartiennent au monde de l’enfance et de l’utopique. Dès lors, il crée les plans, dessine les modules en carton pour l’assemblage, fournit le matériel (des kilomètres de scotch et des mètres cube de carton)
pour fabriquer la bâtisse. Le monument est simplifié et devient réalisable en carton mais n’en reste pas moins ambitieux dans ses dimensions.
Le facteur humain est au cœur du projet, car sans une dynamique participative la construction est impossible. La fabrication a lieu pendant plusieurs jours, les participant.es étant guidé.es par l’équipe d’Olivier Grossetête dans la fabrication et l’assemblage des volumes en carton. Chacun.e peut réaliser son rêve d’enfant de devenir bâtisseur ou bâtisseuse d’un jour tout en se réappropriant un monument signifiant de sa ville.
A la fin du processus il s’agit pour tous.tes les participant.es d’édifier ce monument poétique et éphémère à la seule force des bras et de l’énergie collective. Ensuite chacun.e peut profiter de contempler et de visiter l’édifice pendant tout le temps de l’évènement. La déconstruction a lieu dans un moment de liesse où les passant.es se défoulent en se jetant et en sautant sur les modules de carton. Pour l’artiste, il s’agit de mettre fin à l’expérience dans une ambiance joviale. Dans un souci de sensibilisation à l’écologie, es restes de la bâtisse sont déposés dans des bennes afin que les cartons soient recyclés.
Atelier de fabrication et modules d’assemblage.
©AGR
Entre production artistique et médiation collective
Ce projet est à la fois un projet artistique et une médiation à grande échelle. Les habitant.es se retrouvent directement impliqués dans le projet. A Amiens, chaque participant.e avait la possibilité de construire un pan de la cathédrale. C’est un moyen détourné de s’emparer de ce patrimoine amiénois inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO
depuis 1981. Pour dix minutes ou pour deux heures chacun.e à son échelle participe au façonnage d’un des modules qui permettra l’assemblage de la construction. L’artiste et son équipe transmettent des techniques de constructions sans en avoir l’air. Ces derniers ont repris pour leur cathédrale poétique des éléments phares de l’architecture gothique : la flèche, la rosace, les arcs-boutants, etc. De façon ludique des notions sur l’architecture médiévale sont distillées tout au long de la participation des bâtisseurs et bâtisseuses en herbe.
Phase de construction sur le parvis de la cathédrale Notre Dame d’Amiens.
©Amiens Métropole
Une fois que les modules nécessaires sont construits, les Amiénois et Amiénoises ont été conviés à venir sur le parvis de la cathédrale Notre Dame pour assembler le fruit de leur travail coopératif. Les habitant.es expérimentent le pouvoir du collectif et du vivre ensemble en mettant sur pied leur monument sans grue ni machine. Tout au long de l’évènement les participant.es sont devenu.e.sles acteur.rices du processus de création. L’artiste prouve grâce à cette médiation artistique qu’un projet démesuré peut être mené à bien grâce à la seule force de la collaboration. A cause des intempéries, la bâtisse n’a pu être édifiée, toutefois les contributeurs.trices garderont un souvenir fort d’un projet humaniste qui les a réunis autour du monument star de leur ville.
Axelle Gallego-Ryckaert