Entre le 19 mai et le 14 août 2021, une exposition présentait le travail du street-artist Sunset au Pavillon Vendôme, centre d’art et office du tourisme de la ville de Clichy. Le week-end du 3 et 4 juillet, l’association Co42 s’installait sur un terrain de sport municipal pour la première édition du C.A.P.S Festival, le Clichy Arty Playground Street Festival.
Regardons de plus près ces deux manifestations culturelles.
Image d'en-tête : Terrain de sport municipal, rue du 19 mars 1962 © rentingART
Post-graffiti, de la rue au musée
L’exposition Post-graffiti, de la rue au musée, s'est installée dans les salles du Pavillon Vendôme avec les toiles de l’artiste Sunset (sun7). Organisée par RentingART (société proposant la location d’expositions clé en main et l’organisation d'événements d’art contemporain) l'exposition se présente comme une rétrospective du travail de l’artiste.
Mais commençons par situer ce qu’est le post-graffiti.
Si le graffiti, c’est l’art de graffer dans la rue, le post-graffiti serait plutôt l’art de graffer pour exposer dans une institution (galerie ou musée). Une exposition de street art dans un centre d’art c’est donc exactement du post-graffiti, même si l’artiste vient d’abord du graffiti. Pour en savoir plus sur l’histoire du graffiti et son arrivée en institution .
Jonas Bournat, ou Sunset, graffe depuis les années 2000, en utilisant toujours les mots comme base de son travail. Le Pavillon Vendôme présente les trois périodes de l’artiste, à rebours. Le rez-de-chaussée expose les toiles de sa dernière série, Planosfear : des sphères formées de mots calligraphiés, la plupart dans différents tons de rouge.
A l’étage sont accrochées les portraits de personnages célèbres réalisés par Sunset depuis 2009 sous la forme de calligrammes graffés (Obama, Lady Di, Pierre Soulages...).
Ces portraits ne présentent aucun contour ou dessin, ils sont entièrement constitués de mots calligraphiés. La série est d’ailleurs appelée Calligrammes urbains, et elle est suivie des premiers travaux de l’artiste, les Abstractions urbaines. Cette dernière (ou première) série est notamment présentée à travers deux installations vidéos, dans les deux dernières salles. Une vitrine présente le matériel utilisé par Sunset, pour rappeler que s’il expose aujourd’hui dans un centre d’art, l’artiste vient avant tout du street art.
Steve, Sunset, 2015. © Maud Person
Malgré le parcours street-art de l’artiste, l’exposition est épurée, toute de blanc vêtue, ce qui rappelle les origines de RentingART, issu de l’art contemporain et des whites cubes. L’exposition est accompagnée de visites guidées et d’initiations au street art (quatre dates proposées sur la durée de l’exposition) et de rencontres avec l’artiste (deux dates proposées).
Cette ouverture vers le public est dans le même esprit que le C.A.P.S Festival, dont rentingART est partenaire.
C.A.P.S Festival, terrain de sport et hommage à l’art procédural
Si l’acronyme C.A.P.S a bien sûr un sens (Clichy Arty Playground Street Festival), c’est surtout une référence aux “caps”, le nom donné aux bouchons des bombes de peinture, auxquels on peut trouver mille usages ! La diversité des tailles de capuchons permet de varier la taille du trait, et un vieux bouchon peut par exemple servir de pochoir inversé pour créer de petits ronds.
Alors au C.A.P.S, que s’est-il passé ce week-end de juillet ?
Six artistes ont investi ce terrain de sport municipal durant la semaine précédant le festival : CharlElie Couture, Jo Di Bona, Poter, Tim Zdey et Sunset. CharlElie Couture a réalisé un long poème sur les murs et le sol du stade, alors que Jo Di Bona installait sa fresque colorée, agrémentée d’affiches à motifs noirs et blancs, sur le mur au fond du terrain. Poter et Tim Zdey décoraient le hangar accolé au terrain d’immenses motifs géométriques (colorés pour Poter, en hommage à l’artiste Sol LeWitt, et noirs et blancs pour Tim Zdey). Enfin, Sunset s’emparait du dernier mur, tout en longueur, pour réaliser sa propre fresque, mêlant les couleurs de Sol LeWitt et ses propres motifs en cercle, les Planosfear.
Si on parle autant de Sol LeWitt ici, c’est parce que le C.A.P.S Festival souhaitait lui rendre hommage par cet événement. Et si vous souhaitez en savoir plus sur cette figure de l’art procédural des années 70, c’est par ici !
L’idée du C.A.P.S était de rapprocher le street-art des habitants, et on peut dire que cela a plutôt bien marché. Près de 1000 visiteurs sur le week-end, et la participation active des enfants et des jeunes lors de l’installation en semaine, et pendant les animations du week-end. En semaine, les enfants, curieux, venaient donner un coup de main aux artistes pour repeindre le terrain, et ils étaient présents tout le week-end pour s'entraîner au street-art sur des “murs” faits de film plastique tendu : pas la technique la plus écolo, mais particulièrement pratique et efficace.
Pendant le festival, on a vu une batucada, des dj-sets, et les animations à destination des plus jeunes illustrées juste ci-dessous (et des bières artisanales au nom du festival !).
© @caps.festival
Image vignette : Œuvres de la série Planosfear - Sunset © Maud Person
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