(Museum) Night fever, night fever
De 19h à 1h du matin, les musées profitent de cet évènement unique pour proposer aux visiteurs des animations inédites. Performances artistiques, spectacles de danse, concerts, les musées regorgent d’idées pour rassasier l’appétit des visiteurs d’un soir. Eh oui ! La Museum Night Fever, c’est l’occasion de faire venir au musée à la fois le public habituel et les petits nouveaux, curieux de vivre une nuit insolite au cœur des musées. L’évènement attire majoritairement des jeunes : 75% des visiteurs ont moins de 35 ans. Les musées font le pari de renouveler leur public en présentant un programme susceptible de raviver leur intérêt.
La nuit des musées bruxellois rassemble une grande variété de musées, cette année : Le Musée BELvue, le Musée de l’Armée, le MIMA, le Musée Juif de Belgique, la Fondation Boghossian, la Maison de l’Histoire Européenne, le Musée Wiertz … Si certains sont des habitués de l’évènement, c’est une première pour d’autres, à l’instar du Musée des Égouts ou de la KBR. Tout au long de la nuit, de jeunes artistes sont invités à investir les lieux et à faire monter la fièvre qui sommeille en vous !
We know how to do it
Les nocturnes des musées, c’est une tendance à la mode depuis les années 2000. En 1997, Berlin organise la première nuit des musées : la Lange Nacht der Museen. Le concept s’exporte ensuite dans toute l’Europe dès 2001, sous l’appellation de Printemps des musées. Non seulement les horaires sont plus larges que d’habitude, mais la MNF c’est aussi présenter aux visiteurs de nouvelles animations. C’est justement en cela qu’elle se distingue de simples nocturnes (la Ville de Bruxelles en organise d’ailleurs d’avril à juin) et s’apparente plutôt aux Nuits Blanches des musées de Paris. Cette année, le Musée BELvue a organisé des performances de slam, de pole dance et de poésie, tandis que le Musée de la BD offre des ateliers de dessin dans les salles du musée. Plus qu’une simple visite de nuit, l’idée est de mettre en valeur les collections permanentes grâce aux installations d’artistes et de découvrir le musée sous un nouveau jour (bien qu’il fasse nuit).
Gimme that (museum) night fever
Question tarif, la Museum Night Fever est accessible pour la somme de 13€ en prévente et 17€ sur place. Ce forfait permet d’accéder à l’évènement, de visiter un ou plusieurs musées participants et pourquoi pas, de danser ! Il est vrai que d’autres musées pratiquent la gratuité durant leurs nocturnes. Le forfait donnant l’accès illimité aux 29 musées, ce choix se justifie en partie bien que les horaires pourraient être étendus, afin de profiter au maximum des musées et des activités proposées. L’ASBL Brussels Museums, à l’origine du projet, déclare vouloir rendre la culture plus accessible en proposant un prix d’entrée démocratique. Cette position est néanmoins questionnable. La MNF étant essentiellement fréquentée par de jeunes travailleurs, il n’est pas certain à ce prix qu’elle touche toutes les catégories socio-économiques, tels que les étudiants, les demandeurs d’emploi ...
Des navettes sont mises gratuitement à disposition des visiteurs pour qu’ils puissent se rendre d’un musée à l’autre. La moyenne du nombre de musées visités en une soirée est d’environ 3 à 4 musées, de quoi rentabiliser son entrée. Mais ce n’est pas tout ! Si vous n’avez pas eu le temps de vous rendre dans votre musée préféré, votre billet vous octroie l’entrée gratuite dans l’un des musées participants dans le mois qui suit l’évènement. Cet argument peut convaincre certains visiteurs, dont la présence est motivée par cette proposition alléchante. Toutefois il serait utile de savoir si les visiteurs sont nombreux à profiter réellement de cette offre.
There is dancin’ out there
Pour cette édition 2021, le Musée Wiertz s’associe à l’École de Cirque de Bruxelles qui se produit toutes les heures lors d’un spectacle de danse, de 19h à minuit. À l’origine, le bâtiment qui accueille le musée servait d’atelier à l’artiste. Wiertz y a peint de nombreuses toiles, dont des tableaux de grands formats. Dans leur prestation, les danseurs imitent les mouvements des personnages représentés par Wiertz, créant ainsi un dialogue avec les œuvres. Les toiles de l’artiste semblent prendre vie et sortent du tableau pour poursuivre leurs actions. Les ombres des danseurs se reflètent sur les toiles et offrent aux visiteurs une représentation poétique. Ce spectacle de danse contemporaine présente une interprétation différente des œuvres et permet aux visiteurs de les regarder autrement.
Les étudiants de l’École du Cirque de Bruxelles, Musée Wiertz. ©Marie Thérasse
Lors d’un tel évènement, les conditions ne sont pas toujours réunies pour observer attentivement les œuvres comme lors d’une visite en journée. L’obscurité rend l’exercice plus difficile et les spots utilisés pour éclairer les danseurs créent beaucoup de reflets sur les peintures. Le visiteur qui se rend au musée pour apprécier la qualité des œuvres pourrait être déçu, car ce n’est pas l’objectif premier de la soirée. Il faut donc voir la Museum Night Fever comme l’opportunité d’apporter un regard neuf sur les collections en assistant à des activités inédites.
Livin' on the music so fine
Changement de décor ! C’est une tout autre ambiance qui vous attend à la Fondation Boghossian. Construite en 1930 par l’architecte Michel Polak et restaurée entièrement en 2010 à l’initiative de la Fondation Boghossian, la Villa Empain abrite aujourd’hui un centre d’art qui met en valeur les relations entre l’Orient et l’Occident. Au rythme d’un concert de jazz, la villa Art déco s’expose au public, de nuit. Le lieu grouille de visiteurs qui déambulent dans les différentes pièces afin de profiter de l’exposition temporaire du moment : Icons. Elle raconte l’histoire des icônes, d’hier et d’aujourd’hui et remet en question leur statut. Les icônes chrétiennes côtoient les œuvres d’artistes contemporains : Wim Delvoye, Andy Warhol, Yan Pei-Ming ou encore Annette Messager. Certaines salles sont désertes, d’autres bondées, à tel point qu’il devient difficile de regarder les objets exposés. Les notes de jazz du Yellow Tones Quartet résonnent dans cet espace d’exception, à l’origine domestique. La villa retrouve sa vivacité durant quelques heures et le public se déhanche au milieu des œuvres. La contemplation des œuvres est mise de côté pour privilégier les animations. Pas complètement accessoire, elle passe néanmoins au second plan, car ce n’est pas l’objectif principal de la soirée.
Fondation Boghossian, vue arrière de la Villa Empain. ©Marie Thérasse
Makin’ it mine
Marie Thérasse
Pour aller plus loin :
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Site internet de la Museum Night Fever : https://www.museumnightfever.be/fr/
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Musée Wiertz : https://fine-arts-museum.be/en/museums/musee-wiertz-museum#
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Site internet de la Villa Empain : https://www.villaempain.com/