Chaque année, le collectif Nancéien "Le Mémô" est créateur de moments culturels forts dans la région comme Les Escapades et le Festival Michtô. Programmés en automne, ce sont des rayons de soleil avant la grisaille de l'hiver... Focus sur deux événements marquants de l'année !
Le collectif
«La culture est un bien commun, un outil puissant et fédérateur qui contribue à donner à chacun les clés de l’émancipation.» Le Mémô
Le MEMÔ, c'est un collectif, un espace de rencontres entre artistes, techniciens, publics de tous horizons, habitants du quartier Sauvoy et professionnels du milieu culturel. Il s'est construit en 2015 à Nancy, et organise tous les ans un festival d'arts et spectacle de rue : Michtô. La volonté d’ouvrir le champ des possibles, c'est aussi un point de ralliement immanquable pour toutes les personnes qui prennent part à la construction du projet !
Les escapades
C'est l'effervescence au Haut Du Lièvre ! Plusieurs semaines par an, le collectif co-construit un projet artistique avec les quartiers dits populaires de Nancy et une compagnie d'art et spectacle de rue. Ils/elles s’installent dans un lieu, une rue, devant les écoles. Au fil des jours, les habitants du quartier, passants, mères de famille, enfants, instituteurs, joggeurs, grand-pères deviennent curieux, et avec le bouche à oreille rejoignent la création collective.
Il y a deux ans, c'est la compagnie de théâtre de rue et marionnettiste Bread & Puppet qui, avec leurs valises remplies de papier mâché et de révolte s'est installée dans les rues. Comme marque de fabrique, un vieux bus totalement transformé porte la parole des habitants mis à l'écart de la ville : "Les possibilitaires chient sur les impossibilités !","Ce capitalisme doit s'arrêter maintenant !", "Les mains ôtées aux citoyens doivent leur être rendues ET dans un état amélioré!..." Et puis comme ça, avec un bus un peu bavard, les escapades commencent ! Allons-y !
Décoration du bus - On le peint en noir et on gratte la peinture fraîche pour dessiner. Crédits: Alexis Pernet
Exemple de phrase engagée qui recouvre le bus. Crédits: Alexis Pernet
C'est alors le top départ de la création de la parade révoltée qui serpentera les rues. Matériel à disposition : du carton, des agrafes, de la peinture, du papier et de la colle. Tout a été récolté dans la rue, ou par dons ! Fabrication de marionnettes de vache, de sanglier, d'oiseaux, d'animaux divers et variés et de toute les tailles : pour les grands, pour les petits, à deux, à trois, à quatre, ou tout seul... Slogan choc, la parade est accompagnée d'une fanfare qui, à coups de trombone et de tambour, réveille le quartier et invite les habitants à descendre de leur immeuble pour se joindre à la déambulation. À la fin, sur une petite placette entourée d'arbres, une "constatoria" (conte chanté) sur le thème du COURAGE commence. "Courage d'être nu !", "Courage de se sortir de la boue !", "Courage de planter ce qui manque !", "Courage de détruire quand nécessaire !", "Courage de penser", "Courage de repenser !", "Courage d'abandonner !", "Courage de ne pas abandonner !", "Courage de parler !", "Courage de décider !"... Tout le monde crie qu'il faut se donner du courage ! Des regards, des larmes qui montent, des mains qui se tiennent, des corps qui s'enlacent... Quelle aventure !
Panneau en carton qui etait au devant de la parade. Nom de la manifestation. Crédits: Alexis Pernet
Le festival Michto
Ce fameux projet Michtô est né en 2006 de l’engagement de copains d'école, étudiants de théâtre à Nancy qui ont grandi ensemble. Passionnés de théâtre de rue, ils ont été bercés par la légende du festival Mondial de théâtre souvent évoquée par leurs aînés comme symbole d’une époque révolue, d’une époque où tout était à écrire et où tout était possible. Ils ont été formés et accompagnés par des acteurs de cet événement encore aujourd’hui décrit comme une utopie théâtrale, l'âge d'or du théâtre de rue. Le collectif "Le Mémô", porteur du festival Michtô a laissé la place à la spontanéité pour, comme l’avait fait son aîné, réinventer un moyen d’expression parallèle à celui des structures culturelles conventionnelles.
Chaque année, en octobre : un appel à participants est construit ensemble ! Une armée de bénévoles et de professionnels s'allient et, sur plusieurs semaines, vivent une aventure à la fois commune et singulière. En choisissant la voie du collectif et de la co-construction, le festival se démarque d’autres expériences plus conventionnelles. Ici, les codes sont régulièrement repensés puisqu'ils émanent directement des acteurs impliqués. Team communication, accueil du public, restauration, accueil des artistes, régie, lumière des spectacles, scéno... Un melting-pot de compétences mis au profit d'une création artistique et culturelle commune!
Depuis plus de 10 ans, Michtô agite la ville et est une parenthèse de 2 semaines colorée et artistique dans la grisaille de l’automne.
Ce festival a pour but de permettre l'accès à la culture de qualité pour tous. Un des points forts et engagé pour les spectacles, la tarification : différents tarifs sont proposés : le tarif de base pour tous les spectacles à l'intérieur du chapiteau (5€) et le tarif dit solidaire (8€). Le second tarif à 8€ n'apporte rien de plus pour le spectateur, mais permet à d'autres de pouvoir payer moins cher. Sur la base du volontariat, c'est un modèle qui rencontre un franc succès à chaque édition ! Il n'y a pas de document à fournir pour payer le tarif à 5€. La stigmatisation par le revenu, on n’en veut pas !
Alexis
Pour en savoir plus :
Site du mémo http://www.le-memo.com/
Le festival et la programmation : http://www.festivalmichto.com/
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