Le 9 avril 1917, plus de 20 000 soldats se préparent pour la Bataille d’Arras, la plus grande attaque surprise de la première guerre mondiale. 7 jours avant la bataille, les soldats britanniques se sont terrés dans les carrières de la ville, aménagées par des tunneliers néo-zélandais pendant 6 mois. Ces carrières du Moyen-Âge se trouvaient sur le front pendant la première guerre mondiale. A 5h30 du matin, les soldats sortent des souterrains pour surprendre les positions allemandes.
Inaugurée le 1er mars 2008, la Carrière Wellington - Mémorial de la Bataille d’Arras, a pour objectif de mettre en avant la stratégie militaire, l’engagement des alliés et la Bataille d’Arras. Cette carrière, comme les autres de la ville, a servi au Moyen-Âge à extraire la craie pour construire Arras. Elle deviendra par la suite un quartier général allié pendant la Première Guerre mondiale et un refuge pour les Arrageois pendant la Seconde.
Après 13 ans d'ouverture, le mobilier a vieilli et le public a changé : de moins en moins de visiteurs anglophones et davantage de public plus local. De plus, depuis 2018, le nombre de visiteurs est de 80 000, pour une capacité de 60 000 visiteurs par an.
Une plongée historique
Le scénario emmène les visiteurs de l’arrivée des Néo-Zélandais à Arras jusqu’au départ des soldats pour la bataille d’Artois le 9 avril 1917 à 5h30.
C’est à côté de l’accueil, dans la salle d’exposition temporaire, que la visite guidée de 1h30 commence. Chaque visiteur est équipé d’un casque de sécurité sur le modèle du casque brodie britannique. Il est assez lourd, ce qui peut devenir gênant en fin de visite, mais le dispositif est original. Audioguide en poche, les visiteurs écoutent le guide décrivant le déroulement de la bataille d’Arras et surtout la place importante des tunneliers néo-zélandais. La visite se poursuit par un ascenseur vitré descendant à 20 mètres sous terre.
Muni d’une tablette, le guide contrôle chaque effet, animation et audiovisuel, ce qui permet, en théorie, d’aller à la vitesse du groupe. La visite commence avec les explications du guide sur des cartes et des costumes afin de bien comprendre le contexte géographique et militaire. Grâce aux explications du guide et de l’audioguide, le visiteur apprend que 500 tunneliers néo-zélandais se relayaient jour et nuit pour relier les carrières sur 19 kilomètres pendant 6 mois. De grandes images et vidéos de témoignages projetées contre la craie accompagnent la visite jusqu’au jour J de la bataille. Devant un escalier menant à la sortie du souterrain, une vidéo se déclenche montrant les ombres des soldats attendant l'assaut. 5h30, une explosion retentit, les ombres s’élancent vers la sortie, sans promesse de retour. En remontant à la surface, les visiteurs se rendent dans une salle de projection pour visionner un film qui reprend les informations de la visite. Tous les mémoriaux de Hauts-de-France leur sont alors montrés, ce qui complète la visite.
Sur les pas des soldats : scénographie et muséographie
La scénographie est très sobre, des modules blancs et vitrés, des projections de cartes, des vidéos, des vitrines tables exposant des objets et des tenues de soldat. Une discrète frise chronologique entoure la salle.
L’ascenseur qui descend par un ancien puits d'extraction est vitré, des lumières éclairent les parois rocheuses. En sortant, les visiteurs marchent sur des passerelles en bois sous plus de 4 mètres de plafond. Beaucoup de jeux de lumière accompagnent et plongent le visiteur dans une visite à la lueur de la bougie. A cela s'ajoutent des bruitages en haut-parleurs et dans les écouteurs pendant la marche ainsi que des musiques que chantaient les Anglais avant la bataille.
Projections murales ©M.T
Le principe d’avoir un guide qui explique et des audiovisuels qui complètent par des témoignages permet de structurer le discours. Malheureusement, cette visite apporte tellement d’informations qu’il est difficile de toutes les assimiler.
A la fin de la visite, le visiteur a la possibilité de retourner dans la salle permanente. Une zone m’a particulièrement interpellée : selfie point. Après avoir découvert que près de 150 000 soldats anglais sont morts, disparus ou blessés, vous pouvez vous prendre en selfie avec un casque militaire devant ces fameuses marches. Cet emplacement est-il le meilleur choix ? Le selfie a-t-il sa place dans un mémorial ? Pour accompagner ce dispositif, un cartel explique la présence d’un studio photographique, l’un des plus prisés d’Arras pendant la Grande Guerre où de nombreux soldats se sont rendus.
Selfie point ©M.T
Les travaux ont duré 3 mois pendant lesquels la Fabrique Créative avec Henri Joaquin (scénographe) et Ubiscène avec Michel Kouklia (Assistance à maître d’ouvrage) sont intervenus sur toute la partie du site ouverte au public. Le coût des travaux de scénographie s’élève à 1,2 million d’euros.
La rénovation, avant/après
Pour cette rénovation, le musée a voulu remettre le visiteur au centre. La réflexion sur le changement du public en est une preuve, il faut adapter le discours aux francophones sans délaisser les anglo-saxons. La première grande nouveauté est l’accueil, complètement repensé, composé d’une boutique et d’une salle d’exposition permanente et gratuite pour comprendre l’histoire, c’est d’ailleurs là que commence la visite guidée.
Petite remarque sur la boutique, le visiteur est obligé de la traverser pour accéder à la salle d’exposition, des modules d’exposition sont présents parmi les goodies, ce qui incite le visiteur à s’y attarder.
Mélanie TERRIERE
Pour aller plus loin :
- Site internet de la Carrière Wellington : https://www.carrierewellington.com/
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