Jusqu’au 7 janvier 2024, le Muséum national d’Histoire naturelle de Paris accueille une exposition qui ravira les amateurs de chats de toutes tailles : Félins
Un mur de félinsaccueillant les visiteurs dans la première salle de l’exposition ©M.B
De la déesse Bastet au paquet de croquettes : une exposition transversale
L’ambition de Félins ? Aller à la rencontre des félins, ces animaux qui nous fascinent, et dont l’imaginaire collectif s’est emparé depuis longtemps, avec plus ou moins de véracité. Bien que prenant place dans un muséum d’histoire naturelle, l’exposition tend à la transversalité entre différents domaines.
Les deux premières séquences « Fascinants félins » et « De parfaits prédateurs ? » sont dédiés à un propos scientifique sur les félins. De nombreuses thématiques y sont abordées : les 5 sens, le pelage, l’anatomie, la chasse, l’alimentation, le sommeil ou l’éduction des petits. Pourtant, l’exposition n’est jamais indigeste. Les textes, très pédagogiques, sont courts, clairs et vont droit au but.
«Tendre l’oreille», une partie sur l’ouïe des félins dans la séquence «De parfaits prédateurs?» ©A.S
Succédant à ces séquences scientifiques, l’exposition propose d’emmener le sujet vers d’autres domaines liés aux sciences humaines. La troisième partie, « Des félins et des hommes », présente un panorama de la perception des félins dans différentes cultures sur les 5 continents. Les valeurs et les pouvoirs qu’on le prête diffèrent, mais les félins sont partout, dans les symboles de royauté, les cultes et les mythologies, honorés lors de fêtes ou déifiés… Le muséum bénéficie ici de nombreux prêts de musées parisiens (peintures, sculptures, objets d’ethnologie) pour illustrer l’omniprésence des félins de tout poil dans les cultures autour du monde.
La vitrine dédiée à l’antiquité égyptienne dans la séquence «Des félins & des hommes» ©M.B
La visite se termine par la séquence « Apprivoisés ou domestiqués » qui retrace l’histoire de la domestication du chat, la seule espèce féline à avoir été domestiquée durablement par l’homme. L’exposition revient sur les relations ambivalentes entre le chat et les hommes à travers l’histoire, tantôt symbole de chance en Asie et créature diabolique dans l’Europe médiévale. Un mur de photographies et de témoignages met en scène de façon émouvante l’importance de ces petites boules de poils dans la vie de personnalités publiques, de Edgar Allan Poe à Patti Smith. Des contenus sur le comportement du chat domestique et son impact sur la biodiversité viennent clore cette rencontre avec les félins.
Accrochage sur la diabolisation du chat en Europe et contenus sur la biodiversité ©A.S
On peut regretter que cette dernière partie de l’exposition paraisse un peu expéditive au regard des séquences sur la science et les liens entre les félins et les humains. La pièce dédiée est bien plus petite que l’espace vaste et aéré des séquences précédentes. L’accrochage assez dense d’oeuvres et de photographies sur le chat domestique donne l’impression d’avoir privilégié le nombre d’objets à voir sur la transmission d’une information. Malgré tout, cela ne change rien à la qualité et la clarté des contenus présents dans cette partie, identique à ceux du reste de l’exposition.
Ne pas donner sa langue au chat : une exposition ludique et accessible
Accrochage de photographies sur des personnalités publiques et leur chat ©A.S
Félins est ludique, pédagogique et facile d’accès. Malgré un sujet vaste et transversal, l’exposition réussit à être toujours accessible et agréable à visiter. Le ton est léger (on salue notamment les titres de chaque texte, plein d’humour), les textes, assez succincts, sont d’une grande clarté, en cherchant l’efficacité pour transmettre l’idée clé.
Exemple de textes dans la séquence «De parfaits prédateurs?» ©A.S
Des schémas, maquette à toucher, et, bien entendu, les nombreuses manipes présentes dans chaque séquence de l’exposition participent pleinement de cette recherche de pédagogie.
Tous ces dispositifs approfondissent le contenu donné par le texte, mais permettent aussi de se confronter « physiquement » à des fonctionnements différents des nôtres : des maquettes montrent les différences entre les crânes et les systèmes digestifs félins et humains, ou la manipe « Faire ses gammes » qui permet de tester le champ auditif de notre ouïe par rapport à d’autres animaux. L’exposition se veut accessible au plus grand nombre avec des textes en braille, des couleurs contrastées ou des bornes disposant d’une audiodescription ou de LSF.
Dispositifs présents dans l’exposition: Faire ses gammes, des maquettes d’intestins et des schémas comparatifs de la dentition ©A.S
Une scénographie spectaculaire
Après une descente dans un escalier sombre, l’exposition s’ouvre de façon poétique sur un tête-un-tête avec un lion, que l’on surprend en train de s’abreuver dans un lac. La première salle, « Fascinants félins », continue d’impressionner le visiteur avec un gradin où nous accueillent des dizaines de félins, du petit chat rougeâtre aux majestueux lions et tigres.
Le groupe de félins à l’entrée de l’exposition ©A.S
L’exposition joue beaucoup de mises en scène impactantes. Dans la partie suivante, « De parfaits prédateurs », des naturalisations mettent en scène les félins en chasse, dans une scénographie spectaculaire, soulignée par des jeux d’ombres et de lumière. Cette grande salle est aussi enrichie d’audiovisuels projetés sur les murs, montrant des scènes de chasses ou des moments de jeux entre de jeunes félins. Plus loin, des squelettes d’animaux décomposent les mouvements (saut, chute) pour illustrer l’anatomie des félins en action. L’utilisation de squelettes dynamiques existe dans d’autres muséums, comme à Toulouse, par exemple, où l’on trouve des squelettes d’animaux, mais aussi d’humains, avec notamment un cheval et son cavalier.
Les vidéos, tout comme les mises en scène de squelettes et d’animaux naturalisés en mettent « plein la vue » et magnifient les stars de cette exposition. Les naturalisations, emblèmes des muséums, ne sont jamais présentées gratuitement. Elles sont au service de la scénographie ou de la muséographie, pour illustrer, surprendre et émerveiller.
Scène d’un guépard en pleine chasse et squelettes dynamiques d’une chute ©M.B et A.S
Impressionnante par sa scénographie, riche et didactique, Félins vaut le détour, si vous n’avez pas d’autres chats à fouetter !
Myrrha Bouly
Pour aller plus loin
- Exposition présentée au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris du 22 mars 2023 au 7 janvier 2024.
- Page de l’exposition sur le site : https://www.mnhn.fr/fr/expo-felins
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