L’exposition Épidémies, prendre soin du vivant, ouverte du 12 avril 2024 au 16 février 2025 au Musée des Confluences à Lyon, est l'occasion de rendre visible un monde invisible. Mais cette exposition est-elle accessible pour tous ?

Entrée de l’exposition © Gaëlle Magdelenne

 

Les épidémies, une histoire millénaire

L’exposition Épidémies, prendre soin du vivant n’a pas pour vocation d’être simplement scientifique, son but est de donner une dimension sociale et historique aux épidémies, outre la dimension biologique. L’humanité et le monde vivant dans son ensemble ont depuis longtemps été confrontés à ces phénomènes.

L’exposition, organisée de manière chronologique, reprend les grandes épidémies auxquelles l’être humain a dû être confronté, et cela dès le Néolithique. Dès l’entrée, les visiteurs peuvent visualiser des espèces animales domestiquées par l’Homme au fil du temps. La domestication ou l’exploration du monde, en découvrant de nouveaux territoires, sont des conditions qui favorisent l’apparition et le développement de nouvelles épidémies.

 

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Espace “Le temps des grandes pestilences” © Gaëlle Magdelenne

 

Chaque société s’adapte et perçoit ces phénomènes naturels de manière différente. De l’Antiquité jusqu’à l’époque moderne, diverses raisons religieuses comme scientifiques sont données pour expliquer les maladies. Des mesures pour limiter la propagation sont mises en place au fur et à mesure : mise en quarantaine des malades et éloignement des cadavres, tout cela encadré par les autorités.

En plus des textes explicatifs, les visiteurs peuvent visualiser des œuvres d’art, des objets historiques, des reconstitutions mais également des vidéos et audios explicatifs pour mieux appréhender certains sujets. Chaque grande partie est représentée par une carte, reprenant les phases d'apparitions et d’expansion des épidémies ayant marqué l’humanité. Cet outil interactif montre la rapidité avec laquelle les épidémies se propagent.

 

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Carte interactive © Gaëlle Magdelenne

 

Un laboratoire de connaissance

C’est à partir du XIX° siècle que les recherches scientifiques deviennent de plus en plus importantes. Le principe de “l’hygiénisme”, reposant sur une santé publique, devient central. Les outils scientifiques, devenant plus performants, permettent de rendre visible, ce monde jusque-là invisible. Grâce à cela, les solutions médicales pour soigner tout être vivant sont de plus en plus efficaces. Les animaux pouvant être des vecteurs de maladies, l’être humain doit donc prendre en compte la nature qui l’entoure pour essayer de comprendre les épidémies et ainsi les limiter.
La fin de l’exposition confronte le public aux conséquences des actions humaines sur la nature par le biais de photographies. La perte de la biodiversité et l’intensification de l’élevage domestique entraînent une forte circulation des pathogènes entre espèces. Aujourd’hui, le but est d’analyser les pratiques reliant l’être humain et le monde vivant (santé animale et environnementale) pour mieux anticiper les futures épidémies.

Le changement de mise en espace de l’exposition marque ce tournant. Passant d’une scénographie épurée rappelant le “tracé d’un simple chemin de terre au Néolithique” à une mise en scène de laboratoire (développé par le collectif Le Muséotrope), la scénographie permet au public de comprendre rapidement l’approche que l’être humain a face aux épidémies. Vidéos explicatives, objets mis en scène, manipulations des outils scientifiques comme des microscopes (1) pour visualiser des insectes ou des bactéries… Un modèle de virus (2), celui du VIH, peut même être manipulé.

 

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Espace “Étudier, voir, cultiver les microbes”(1) et modèle de virus à manipuler (2) © Gaëlle Magdelenne

 

Dès l’entrée, l’aspect scientifique du sujet est omniprésent par la présence de béchers, de fioles ou de tubes à essai en début de chaque partie. Cela peut dénoter avec l’interprétation sociale et historique voulue pour cette exposition. Les dispositifs audiovisuels et la plupart des manipulations sont en fin de parcours.

En dépit de sa complexité, l’exposition nous concerne, rappelant que les épidémies n’ont pas disparu. L’être humain est confronté à de nouvelles réalités : la perte de la biodiversité, le réchauffement climatique, etc. Celles-ci doivent nous faire prendre conscience de l’équilibre précaire du monde vivant et de la nécessité de le maintenir.

 

Gaëlle Magdelenne

 

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