Je ne vais pas mentir, je n'avais jamais lu aucun ouvrage de London avant d'entendre parler de l'exposition. Enthousiaste à l'idée d'aller découvrir l'exceptionnel voyage de l'aventurier dans le Pacifique sud, je me suis empressée d'aller à la bibliothèque de l'Alcazar pour emprunter un de ses livres. Je suis repartie avec Le peuple d'en bas, récit ethnographique sur … les habitants de l'East end de Londres. Pour l'immersion dans les mers du sud, c'est raté, mais cela me permet de me familiariser avec l'auteur et son écriture. Cette descente dans les quartiers miséreux de la capitale anglaise est d'ailleurs abordée comme une étude ethnographique dans une contrée lointaine. Je l'ai dévoré et au moment où j'écris, je m'apprête à embarquer de nouveau aux côtés de Jack London, cette fois dans le grand nord, grâce au célèbre Croc-Blanc.

Mais revenons à l'exposition. L'aventure commence par un trajet sur la ligne 2 jusqu'à l'arrêt Joliette, puis quelques minutes de marche jusqu'au quartier du Panier où se trouve la Vieille Charité.

Quelques mots sur le lieu d'exposition. La construction de la Vieille Charité a débuté en 1670 dans le but d'accueillir (enfermer, soyons honnêtes) les pauvres. Durant les siècles suivant, le bâtiment sert d'hospice puis est utilisé par l'armée. Au milieu du XXe siècle, la ville de Marseille décide de la rénover, les travaux se terminent en 1986.

La Veille Charité est aujourd'hui un lieu de culture, on y trouve le Musée d'Archéologie Méditerranéenne, le Musée des Arts Africains, Océaniens, Amérindiens (M.A.A.O.A), un cinéma et des expositions temporaires. De son usage premier, le bâtiment a conservé des petites cellules étroites (du moins au rez-de-chaussée).

À bord du Snark, leur voilier, Jack London et son équipage visiteront Hawaï, les Îles Marquises, les Îles de la société (dont Tahiti), les Îles Samoa, les Îles Fidji, les Nouvelles Hébrides et enfin les Îles Salomon, entre avril 1907 et décembre 1908.

 © C. L.

Lorsque l'on pénètre dans l'espace d'exposition, le premier objet exposé est une photo grand format de Jack London. Une première rencontre avec l'aventurier. Juste en face, une grande carte retrace le trajet des London dans les îles du Pacifique, depuis San Francisco jusqu'à la Mélanésie.

 © C. L.

Le parcours est relativement classique mais cohérent et facile à appréhender. Il reprend le trajet effectué par London et son équipage à bord du Snark, son emblématique voilier. Chaque séquence représente une escale et une carte est présente à chaque nouvel espace pour situer géographiquement où l'on se trouve, ainsi que les dates de séjour de nos aventuriers.

L'exposition nous entraîne à la rencontre des peuples autochtones, à travers la présentation d'objets,  de photos et de textes écrits par Jack London. À cela s'ajoute des anecdotes sur les conditions de voyage à bord du Snark, notamment les difficultés rencontrées par l'équipage qui manque d'expérience.

 

© C. L

  

D'un point de vue scénographique, la couleur dominante est un vert-bleu rappelant le Pacifique  assez réussi. À cela s'ajoute l'utilisation d'un bois foncé qui sert de support aux textes, aux photographies et aux divers objets exposés. Cette teinte met particulièrement en valeur les photographies noir et blanc. L'ensemble est équilibré, la scénographie est assez épurée et au vu du nombre d'objets exposés assez important c'est un bon choix. Dans cet ancien hospice, l'espace d'exposition est divisé en petites cellules qui paraissent vite surchargées. L'exposition se termine dans la chapelle, au centre de la cour intérieure.

© C. L.

Un seul dispositif interactif est proposé dans l'exposition. Il s'agit d'un phonographe, qui s'inspire de celui emmené par notre couple d'aventuriers lors de leur périple, et d'une tablette tactile. À l'aide de cette dernière, les visiteurs peuvent choisir parmi une sélection de chansons, les mêmes que les London avaient choisi pour les accompagner pendant leur voyage. Ce dispositif est intéressant car il permet de découvrir la musique du début du XXe siècle mais également de partager un moment de vie avec les London.

© C. L.

Je regrette qu'une exposition traitant d'un périple aussi exceptionnel ne propose pas une visite plus immersive, alors que le thème s'y prête totalement. Les deux vidéos présentées ne paraissent pas complètement exploitées. Non seulement il n'y a pas de sièges pour les regarder confortablement mais l'une d'elles est sur petit écran (peut-être à cause de sa qualité médiocre). La deuxième, montrant un paysage paradisiaque, donne envie de s'attarder, de se perdre quelques minutes dans les îles du Pacifique, de se laisser gagner par l'ambiance, mais difficile de le faire quand on gêne le passage …

L'exposition dans la forme comme dans le fond manque un peu d'audace, alors qu'elle traite d'un intrépide aventurier. Les récits de Jack London sont de ceux qui font rêver, frissonner, donnent le goût du voyage, une envie d'explorer le monde, de se frotter à l'inconnu, de connaître le danger … Je n'ai pas ressenti cette passion dans l'exposition, qui apparaît alors bien timorée à côté des romans de London. D'autre part, le traitement des collections ethnographiques est très classique. En effet, il me semble essentiel de se questionner sur la mise en exposition de peuples non occidentaux. La représentation de ces cultures et des objets qui s'y rapportent traduit la vision que nous portons sur elles, à aucun la moment la parole n'est donnée aux autochtones que Jack London rencontre dans son expédition.

Cependant, on peut apprécier la transversalité de l'exposition : portrait d'homme célèbre, récit de voyage et ethnographie. Et même si la scénographie est un peu classique, elle m'a beaucoup plu et je l'ai trouvé pertinente au regard de la thématique.

Clémence L.

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Pour en savoir plus :

Exposition temporaire au centre de la Vieille Charité à Marseille du 8 septembre 2017 au 7 janvier 2018

https://vieille-charite-marseille.com/expositions/jack-london-dans-les-mers-du-sud