Depuis le 25 septembre, la MAIF Social Club présente une nouvelle exposition à vivre sur la  thématique de l’apprentissage et de la transmission : Trop classe ! 

MAIF Social Club, késako ?  

Commençons par présenter ce lieu atypique qui a ouvert rue de Turenne dans le 3ème arrondissement de Paris en novembre 2016 et qui s’inscrit dans la politique de mécénat culturel mise en place par la Maif depuis de nombreuses années.  

 

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Plan de la Maif Social club © AG

 

L’espace s’ouvre sur le “forum” (voir photo ci-dessus) composé d’une zone d’accueil, d’un café et d’une petite boutique qui propose à la vente des gourdes et autre artillerie zéro déchet dans l’air du temps. Juste derrière se trouve un espace d’exposition, tandis qu’à gauche une aire modulable dotée d’une bibliothèque en accès libre est composée de tables et chaises à destination des usagers qui souhaitent travailler, seuls ou en groupe. Cet espace accueille également les ateliers prévus dans la programmation. Enfin, à l’étage, une salle est disponible à la location pour les entreprises lorsqu’elle n’est pas utilisée pour des conférences. 

Depuis son ouverture, le design a évolué et la bibliothèque s’est considérablement enrichie avec tout un coin dédié à la littérature jeunesse adapté aux enfants (consultation sur place  uniquement mais en accès libre). Le fonds a été constitué de manière thématique : écologie,  habitat, urbanisme, sociologie, jardinage, innovation… en accord avec la vocation et l’identité du lieu.  

L’endroit est calme, propice au travail, mais aussi aux échanges, à la discussion, à la dé tente, bref à la con-vi-via-li-té, concept à la mode dans l’éco-système culturel mais relativement difficile à trouver, notamment dans les musées traditionnels.  

Dans l’ensemble, la Maif social club réunit pas mal de concepts très tendances en ce moment : expérimentation, innovation, enjeux sociaux, convivialité, taille humaine, transgénérationnel etc.  

La Maif social club propose deux expositions thématiques et transdisciplinaires par an, appelées « permanentes » sur le site internet, quoique le terme semi-permanent semblerait plus adapté. La Maif social club s’inscrit dans une tendance générale de ralentissement des expositions, à l’inverse de la boulimie que les institutions pouvaient avoir il y a de ça  quelques années. Ces expositions sont gratuites et une programmation dense et cohérente  leur sont associée.  

  

“Trop classe !” 

L’exposition présentée en cette rentrée 2020 bouleversée par la crise du covid-19, a pour thématique la transmission. L’un des objectifs affichés de l’exposition est “d’appréhender l’école autrement” et de proposer une réflexion autour de la circulation des savoirs et de la question de l’apprentissage. Cette thématique n’a rien d’étonnant quand on sait que l’acronyme MAIF signifie Mutuelle Assurance des Instituteurs de France.  

Le texte d’introduction rappelle qu’à l’échelle mondiale 263 millions de jeunes ne peuvent pas aller à l’école puis nous questionne sur ce qu’est l’apprentissage en France aujourd’hui où “la théorie de la reproduction sociale déconstruit l’idéal méritocratique”. 

De prime abord, elle semble assez “enfantine”, des pièces de bois trainent au sol, des poufs placés en escaliers sont surmontés de tablettes pour jouer et au fond une grande fresque en tableau ardoise est recouverte de dessins d’enfants faits à la craie.  

“Exposition à pratiquer”, elle propose une succession d’expériences corporelles qui sont au tant de “places” réparties dans l’espace : place pour faire, place pour jouer, place pour naviguer, place pour parler, place pour matières grises, place pour rêver, place pour s’insurger et enfin fenêtre sur cour.  

Ces différentes places forment un univers “commun” mis à disposition des usagers, petits ou grands. 

 

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Vue de l’exposition Trop classe ! © AG

 

La dizaine d’œuvres présentées proviennent de jeunes créateur·rice·s, et ont été créées entre 2013 et 2020. Parmi elles, certaines ont été produites pour l’exposition à l’instar de la fresque de l’artiste Bonnefrite sur laquelle les visiteurs sont invités à dessiner et s’exprimer librement. Le soutien à la création contemporaine fait partie des missions de la Maif Social club. Certains artistes exposés participent à la programmation en animant des ateliers.  

Pensée comme une aire de jeu, chaque élément est adapté aux enfants. Une échelle sécurisée leur permet de dessiner sur la fresque de Bonnefrite. Les bibliothèques en liège sont pensées pour éviter les collisions. Les tablettes numériques à disposition sont emballées dans une coque protectrice fort élégante pour prévenir les chutes.  

Une place particulière est faite au numérique dans cette exposition avec les jeux proposés en libre accès sur les tablettes, les questions soulevés par l’œuvre de Filipe Vilas-Boas et  enfin le Mobilab et sa Fabmanageuse. Il s’agit de montrer que le numérique et les outils informatiques peuvent être mis au service de l’éducation et du développement de la curiosité  chez les enfants grâce à des applications numériques ludiques proposées par la Souris Grise. Même si évidemment l’usage des écrans doit être encadré comme le montre le reportage d’Arte Génération écran, génération malade ?

 

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Tablette de l’exposition Trop Classe ! © AG  

 

J’ai beaucoup aimé cette exposition et je ne peux que conseiller de suivre une visite guidée. La place que j’ai préférée est celle intitulée “Fenêtre sur cour” qui présente quatre vidéos abordant l’enfance réalisés par Valérie Mréjen et Mohammed El Khatib. Dans La Peau de l’Ours, les artistes donnent la parole aux enfants en leur posant des questions liées au langage et aux expressions. Dans Quatrième, des adolescents en internat sont interrogés un par un sur leurs rêves, leurs appréhensions, leurs modèles etc. La vidéo La dispute présente des enfants entre 8 et 10 ans qui parlent des disputes de leur parents, de l’arrivée de la séparation puis du divorce. La parole lucide des enfants m’a rappelé le podcast Entre de Louie Média qui aborde les mêmes thématiques de transmission et de passage d’un âge à un autre. Ces films sont très émouvants de par le cadrage (plan fixe sur les visages), la liberté de ton des enfants et adolescents interrogés, et les thématiques, parfois difficiles, abordées sans filtre. Ces films méritent que le visiteur s’y arrête quelque temps et se plonge dans ces récits tantôt joyeux, tantôt graves où les mots des enfants sont mis en valeur comme le seraient des mots d’adultes. 

 

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Vue de la place « Fenêtre sur cours » de l’exposition Trop classe ! © AG  

 

L’exposition est modeste, mais dans un sens positif, c’est à dire qu’elle est simple, à taille humaine. Un·e visiteur·euse lambda a le temps en une heure de visite de s’arrêter sur chaque œuvre, avec la possibilité d’approfondir celles qu’il ou elle désire, en se faisant accompagner ou non par les médiateur·ice·s présent·e·s.  

Le lieu reçoit gratuitement des groupes de scolaire sur demande, de la maternelle aux études supérieures.  

Un livret de visite pour les 6-12 ans est disponible et propose des jeux en lien avec les œuvres de l’exposition. Il peut éventuellement servir aux enseignant·e·s.  

La Maif propose également des visites accompagnées à destination des adultes. Gratuites sur inscription, elles durent environ une heure et permettent d’appréhender différemment les œuvres présentées, que les adultes sont invités à découvrir par la pratique et l’expérimentation.  

 

AG  

 

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