Chacun.e d’entre nous est touché.e, directement ou indirectement par l’inceste.

Et pour cause, 1 Français.e sur 10 révèle avoir été victime d’inceste ! Sa banalisation est alors sans équivoque, celui-ci est inscrit dans la norme sociétale. Le tabou de l’inceste n’est pas de le commettre, il est d’en parler.

L’exposition « La fabrique du silence » se donne pour objectifs de sensibiliser, lutter contre ce tabou, donner des clefs d’actions aux visiteurs pour que chacun puisse agir à son échelle afin de protéger les enfants. Elle propose de déplacer la question de l’inceste de la cellule familiale au champ public, en montrant qu’une réponse sociétale est urgente à mettre en place.

Cette exposition est destinée aux adolescents, adultes et professionnels exerçants au contact d’enfants.

Le visiteur entre dans l’exposition par le son. Par une écoute individuelle au casque, il se retrouve face à la révélation par l’oralité, on se confie à lui de manière intime.

Il est invité à choisir le parcours sonore qui le guidera tout au long de sa visite. Dans l’un, Sam, victime d’inceste dans l’enfance, lui raconte son histoire et le combat qu’elle a mené pour survivre. Dans l’autre, Sylvaine, maman de deux enfants, lui livre le douloureux parcours qu’elle a dû affronter pour protéger ses deux enfants des sévices que son ex-mari leur infligeait.

Ces témoignages sont décryptés par Marie Bréhu, psychologue clinicienne, Maître Carine Durrieu Diebolt, avocate et Claire, fondatrice du Collectif Enfantiste. Les enregistrements ont été recueillis spécialement pour ce projet. Les différentes intervenantes appellent le visiteur à comprendre ce qu’il s’est produit, à décrypter les mécanismes à l’œuvre quand il s’agit d’inceste, à déceler les signes, les conséquences pour les victimes et les lacunes du système judiciaire et législatif envers la protection de l’enfance. Le parcours sonore convie également le visiteur à manipuler divers éléments de la scénographie, des dispositifs de médiations et à découvrir du contenu par l’action.

 

Pour en savoir plus : écoutez les premières minutes du parcours sonore :

L’exposition adopte un traitement sensible et symbolique, en évitant tout voyeurisme. La scénographie se veut accompagnante. Elle puise son inspiration dans les représentations liées à la maison de poupée. Le regard attiré par la façade d’une maison de poupée, le visiteur est amené à entrer dans l’intimité du foyer. Il découvre les différentes pièces qui se révèlent les unes à la suite des autres, et avec elles leurs « secrets ».

  • La réalité de l’inceste

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La visite débute par la chambre, principal lieu où les agressions sexuelles sont imposées.

L’inceste et ses conséquences sont encore mal connus par la population française. Véhiculés par les médias, les procès médiatisés ou encore l’omniprésence des relations incesteuses érotisées dans la culture populaire, de fausses idées participent à la protection des agresseurs et à la remise en cause de la parole des victimes. Un vrai-faux interroge le visiteur sur ce qu’il sait de l’inceste et permet de déconstruire les idées reçues les plus tenaces.

Le visiteur poursuit sa découverte de la chambre, dans laquelle il trouve, plus ou moins dissimulés, des chiffres clefs. Il est invité à manipuler le petit mobilier pour découvrir la réalité de l’inceste et l’ampleur de ce phénomène sociétal.

Dans cet espace de mise en condition, le visiteur découvre que l’inceste n’est pas rare et que ce n’est jamais de l’amour.

  • La volonté de dominer

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La visite se poursuit dans la deuxième pièce de l’exposition, la salle de bain. Où sous couvert de soins et d’hygiène, les enfants sont violés. Y sont décryptés les mécanismes qui rendent possible l’inceste : les rapports de domination à l’œuvre, les méthodes employées par les agresseurs pour asseoir leur pouvoir et le mythe de la famille protectrice.

Le visiteur se munie d’une lampe de poche à détection UV, mise à sa disposition. Comme dans une enquête, il cherche les preuves et les indices laissés par les agresseurs. L’écriture invisible apparait : il découvre l’emprise psychologique, les manipulations verbales employées par les agresseurs ainsi que le réel sens de ces mots.

La plupart du temps, lorsque des faits de violence sont révélés, l’agresseur est décrit comme « quelqu’un de bien », incapable de faire du mal à qui que ce soit. Pourtant, la réalité au sein du foyer familial est bien différente. Le visiteur est invité à dévoiler la face cachée de l’inceste grâce à l’utilisation de deux illustrations réalisées par Samboyy et à comprendre que les apparences ne doivent pas remettre en cause la parole de l’enfant.

Enfin, un jeu d’encastrement personnifié met en évidence les rapports de domination et les multiples configurations familiales construisant les situation d’inceste. Le visiteur empile les cubes les uns sur les autres : les agresseurs sont placés au-dessus de leurs victimes. La notion d’écrasement est omniprésente. La phénomène de transgénérationnalité est également présenté.

  • Le tabou d’en parler

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Ce troisième espace présente le silence qui entoure l’inceste. Cette séquence se décline dans la cuisine, lieu de sociabilité où les familles se retrouvent et où l’on se tait, même si chacun sait. Le visiteur découvre que le tabou de l’inceste n’est pas de le faire, il est d’en parler. Et que le silence (de la mémoire, dans la famille, dans et de la société) protège les agresseurs.

Pour de nombreuses victimes, le besoin de reconnaissance par la justice est vital. Prendre la décision de porter plainte n’est pas anodin. Les démarches à effectuer sont lourdes et la temporalité s’étend sur plusieurs années. Le visiteur découvre ce qu’est un parcours judiciaire « type » en tirant les marches de l’escalier.

 

  • L’art libérateur

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De nombreux survivants de l’inceste ont utilisé l’art comme mode d’expression, de réappropriation du corps, de l’esprit, de la parole. L’écriture, la création plastique, la performance de soi sont pour certaines personnes un pendant de la thérapie. L’artiste plasticien Camille Sart expose « Le saule en pleurs ». Le visiteur est invité à venir observer et lire les éléments composant son œuvre. Dans cette vaste carte mentale, il retrace les références et les réflexions qui guident son travail, imprégné par mon engagement militant en matière de lutte contre les violences et son histoire personnelle.

L’exposition se conclue par des livres et des fiches actions à la disposition du visiteur. Ces dernières explicitent les bons gestes à adopter face à la révélation et comment activer la protection. Des clefs lui sont données pour qu’il puisse agir à son échelle.

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Pour découvrir « La Fabrique du silence » en images, regardez la vidéo réalisée par  Emma Laverdure et Jeanne Nicolas :

 

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Générique :

 

L’exposition a été réalisée en partenariat avec Samboyy, Sylvaine Garcia, Maître Carine Diebolt, l’association SOS inceste et violences sexuelles 44, le Collectif Enfantiste, l’artiste plasticien Camille Sart, Louison Lume du compte Instagram @aventrouvert et L’art de Muser.

« La fabrique du silence » est une exposition vouée à être diffusée au sein de Médiathèques, bibliothèques universitaires, maisons des associations, maisons de santé, structure institutionnelles ou associatives, et bien d’autres lieux du secteur de la santé ou du secteur culturel.

Contact :

Camille Leblanc

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