À l’heure où la culture est indispensable dans une société en prise aux tensions sociales et aux montées des extrémismes, et où elle s’avère pourtant d’une grande fragilité puisque peu soutenue politiquement, la formation professionnelle est plus que jamais nécessaire. Elle devrait être la garantie de fournir pour les métiers de demain un socle non seulement de savoirs techniques, certes incontournables, mais aussi une conception forte et engagée, une pensée de l’action culturelle à mettre en œuvre. 

Les collections, les musées, comme l’ensemble des institutions n’ont d’intérêt que mises au service des hommes et des femmes, pour les rendre plus épanouis et plus humains, pour accroître le lien qui les réunit. Sans cela la culture est aussi infertile qu’inutile. Elle doit nous permettre d’espérer pour demain une société où l’enrichissement immatériel permet de remplacer la société de consommation. 

Parce que les enjeux sont nombreux, que les crises sont multiples, économique, sociale, culturelle, politique, - et sans doute la plus grave, la crise environnementale -, les mutations vers de nouveaux modèles sont indispensables. Tout semble désormais à reconstruire. Pour cela, de nouvelles générations doivent inventer l’avenir, et c’est aux formations professionnelles de les y préparer. Non pas en donnant des réponses toutes faites, mais en accompagnant chacun à se poser les questions nécessaires à la construction d’une pensée qui lui soit propre pour impulser l’action. 

Nous ne croyons plus aux savoirs desséchés, compilés dans des apprentissages visant à apprendre par cœur des réponses nécessaires à l’obtention de bons résultats aux examens. Nous pensons qu'un monde qui dresse des moutons savants est un monde en perdition. Connaitre les métiers du musée et leurs compétences propres, pour être polyvalent, ne saurait suffire. Un bon professionnel est d’abord celui qui sait s’interroger, développer son sens critique pour conduire des investigations pratiques. Nous croyons à l’intelligence mise au service de perspectives. 

Si nous avons à coeur de recruter des étudiants venant d’horizons variés, que ce soit en terme d’origine géographique ou disciplinaire, aux passions ancrées et aux curiosités insatiables, - parce que c’est une qualité indispensable à de bons passeurs de culture -, nous aimons aussi les voir engagés et volontaires pour participer à faire changer les choses. 

Pour cela, nous développons des projets tuteurés et visons à apprendre ensemble en réalisant. Cette pédagogie par projet nous parait indispensable pour revitaliser des institutions trop souvent refermées sur elles-mêmes, au risque de mutiler l’imagination. 

Aussi mettons-nous au centre du projet de formation l’écriture, pour exprimer le sens de ce qui porte ou devrait porter toute ambition. À l’heure d’une offre aussi pléthorique qu’anarchique de formations sans saveurs, nous ambitionnons de donner la possibilité d’autres chemins aussi exigeants qu’épanouissants. Nous estimons les étudiants comme de jeunes professionnels à qui il faut faire confiance pour leur donner la possibilité d’accomplir de grandes choses. C’est ainsi qu’advient la véritable confrontation à soi-même. Par l’alliance du plaisir et de l’exigence, de la curiosité et des savoirs pratiques, il est plus certain de cheminer vers l’insertion espérée, et ce faisant de vivre l’émancipation. 

En servant le projet professionnel de chacun, les formateurs visent d’abord à servir un projet humain, à se mettre à l’écoute et à développer de concert, à co-construire, à générer les conditions nécessaires à la réalisation de soi. Il s’agit de faire advenir ce que nous portons en nous-mêmes, individuellement et collectivement.

C’est ainsi que nous comprenons la muséologie, au service de la vie et de ses impératifs. Pour la collectivité, pour chacun. Un rapport à la réalité pour comprendre ce qui nous concerne. Ainsi le patrimoine, les collections et les institutions ont-elles un sens. 

 

Serge ChaumierIsabelle Roussel-Gillet

Serge Chaumier & Isabelle Roussel-Gillet
Co-Responsables de la formation